La Journée mondiale des réfugiés célébrée modestement dans les camps à cause du Covid-19
Pas de cérémonies officielles. De Mtendeli et Nduta (Tanzanie) à Nakivale (Ouganda) en passant par Mahama (Rwanda), Lusenda et Mulongwe(RDC), la pandemie du covid-19 a perturbé la célébration de la journée mondiale dédiée aux réfugiés. Mais ils ont émis des souhaits et recommandations au HCR et au gouvernement burundais. (SOS Médias Burundi)
Le 20 juin de chaque année, le monde célèbre la journée dédiée aux réfugiés et demandeurs d’asile.
Le thème retenu pour cette année est: “Chacun d’entre nous peut agir et apporter un changement positif à la société, pour un monde juste et inclusif, car chaque geste compte”.
Avec les mesures de précaution contre le Covid-19, le HCR a recommandé qu’il n’y ait pas de cérémonies officielles.
Cependant, cette journée arrive au moment où les réfugiés burundais vivent dans une situation précaire surtout en Tanzanie.
A Mtendeli, le commerce est banni au marché central du camp. “Nous avons reçu des ordres du nouveau chef du camp de vider les lieux au marché. Tous les stands et boutiques doivent être fermés jusqu’à nouvel ordre sauf quelques gens qui vendent des vivres. Même le transport sur moto et les transferts d’argent sont interdits”, font savoir les réfugiés contactés.
Contacté à propos par les responsables des réfugiés, le chef du camp explique qu’il s’agit des mesures de prévention contre le Covid-19, ce qui ne rassure pas les concernés.
A Nduta, c’est plutôt le manque d’eau potable et la famine qui préoccupent les réfugiés. “Comme nous ne pouvons pas sortir du camp à cause du Covid-19, la ration que nous recevons ne peut plus suffire pour joindre les deux bouts du mois car c’est vraiment une petite quantité. Si on sortait comme avant pour faire des travaux journaliers ou du commerce, cela nous soulagerait beaucoup », disent-ils.
Au Rwanda, c’est le manque de vêtements au camp de Mahama qui compte plus de 60.000 réfugiés burundais qui inquiète.
“Cela fait plus de trois ans que le HCR ne distribue plus d’habits aux réfugiés burundais du camp de Mahama. Nous lançons un appel pressant surtout pour nos enfants qui risquent d’aller tout nus car nous sommes incapables d’acheter ne fut-ce qu’un T-shirt. Les élèves eux, préfèrent mettre des uniformes scolaires même en vacances”, disent les parents à Mahama.
Le HCR explique qu’il continue à toquer à la porte des bailleurs de fonds pour trouver une aide en vêtements.
A Nakivale en Ouganda, c’est la grogne totale par rapport à une assistance du HCR destinée à alléger les conséquences liées au Covid-19.
“Le HCR avait accepté de nous donner une somme de 28.000 shillings Ougandais chacun. Mais voilà que moins de la moitié ont eu cette somme. On ne nous a même pas expliqué des critères d’éligibilité pour avoir cette assistance. C’est un geste qui divise car ceux qui l’ont reçu sont mal vus par leurs compatriotes, c’est même un object de conflit qui peut provoquer une insécurité” se désolent des Burundais.
Espoir et désespoir
Fatigués par cette vie dans les camps, certains espèrent que sous le règne du nouveau président burundais, les choses vont s’améliorer pour leur permettre de regagner leur pays.
“Cinq ans dans un camp, c’est une éternité. C’est trop long, pénible et honteux pour un être humain. Une prison à ciel ouvert, en fait”, réactions des réfugiés burundais pour décrire la vie qu’ils mènent dans les camps, surtout en Tanzanie.
“Si le gouvernement du nouveau président Évariste Ndayishimiye pose quelques préalables, nous sommes prêts à rentrer”, disent plusieurs d’entre eux à Mahama, Mtendeli et Nakivale.
“Nous demandons au nouveau régime en place de faire en sorte que le climat s’apaise, de mettre fin aux tueries et aux violations des droits humains, dans ce cas, nous allons rentrer”, indiquent des réfugiés contactés.
Mais pour d’autres, il s’agit de la continuité du régime qui les a contraints à l’exil. » Nous avons peur que le nouveau président va travailler avec nos pays d’accueil pour nous forcer de rentrer », craignent certains d’entre eux.
En RDC, dans les camps de réfugiés de Lusenda et Mulongwe tout comme dans les centres de transit à Kavimvira et Sange, les réfugiés et demandeurs d’asile burundais disent faire face à un seul grand problème majeur : la non distribution de vivres depuis deux mois. » Moi par exemple, j’ai dû vendre tous les effets ménagers afin de pouvoir trouver quoi mettre sous la dent », raconte Salima, une réfugiée diabétique.
Le retard dans la distribution des vivres aurait été causé par un nouveau procédé du PAM( Programme Alimentaire Mondial ) consistant à donner de l’argent aux réfugiés pour qu’ils achètent eux-mêmes des vivres au lieu de les leur distribuer.
En attendant, ces réfugiés burundais demandent au HCR d’améliorer leurs conditions de vie dans les camps.
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