Burundi-Élections: les résultats des scrutins du 20 mai accueillis différemment

Burundi-Élections: les résultats des scrutins du 20 mai accueillis différemment

La Commission Électorale Nationale Indépendante a proclamé les résultats des élections générales ce lundi. Les habitants de différentes villes du pays ont réagi différemment après l’annonce des résultats. (SOS Médias Burundi)

Témoignages

Gitega : « Dès le début des préparatifs des scrutins, des signes de fraude électorale étaient visibles. Dans les bureaux de vote, seuls les membres du parti CNDD-FDD ont été alignés, lors de la compilation des voix au niveau des Commissions Électorales Communales Indépendantes. Les mandataires du parti CNL ont été chassés pour ne pas remarquer des irrégularités. Ils avaient peur d’être jugés dans les procès de flagrance et ont dû plier bagages. Nos mandataires qui ont pu accéder aux procès verbaux n’ont pas pu les acheminer à la permanence nationale du parti CNL à Bujumbura. Celui de la commune de Butihinda de la province de Muyinga est détenu à Ngozi, je pense que les résultats proclamés par la CENI ne correspondent pas à la réalité. Le président de la CENI docteur Pierre Claver Kazihise a fait une attribution suivant les injonctions qui lui ont été données par le parti au pouvoir », a dit Toyi, un motard et membre du CNL qui habite la colline de Butamuheba de la commune et province de Gitega.

« Lors de la proclamation en direct sur les médias, Pierre Claver Kazihise hésitait beaucoup, signe qu’il s’agit d’un document rédigé ailleurs et qu’il ne faisait que lire textuellement. Ensuite, il est incompréhensible que la province de Karusi ne puisse pas avoir un siège à la députation alors qu’en 2015 où Agathon Rwasa avait empêché à ses militants de participer aux élections y avait eu 2 sièges à l’Assemblée Nationale. Je trouve que Rwasa devrait négocier avec le parti au pouvoir afin de ne pas replonger le pays dans une crise. Quant à Évariste Ndayishimiye, il devrait procéder à un changement, assoir un État de droit , mettre fin aux assassinats, les tortures et les disparitions forcées », a réagi un des membres du parti CDP qui a requis l’anonymat .

D’autre part, des militants du CNDD-FDD trouvent qu’il était difficile à remporter les élections. « La compétions était difficile à remporter, nous avions à faire à un concurrent de taille le CNL. Nous avons dû travailler beaucoup jour et nuit, porte à porte pour remporter ces élections », a dit Joseph Warioba Ndayishimiye, un des Imbonerakure de la ville de Gitega.

Certains habitants de la capitale politique affirment avoir observé plusieurs irrégularités au niveau des bureaux de vote. Il s’agit notamment des Imbonerakure qui votaient à plusieurs reprises, ce qui fait que le nombre de votant ait dépassé le nombre des inscrits, selon eux.
Ils conseillent au nouveau président d’associer dans son gouvernement les membres d’autres formations politiques.

À ceux qui ne sont pas d’accord avec les résultats proclamés par la CENI, des habitants de Gitega à l’instar de Pasteur Léonce Nzoyihiki de l’église Assembly of God conseillent qu’il faut porter plainte à la cour constitutionnelle.

Ils demandent également au nouveau dirigeant de redynamiser les relations diplomatiques avec l’Occident afin d’accéder aux financements et ainsi améliorer les conditions de vie des populations.

Kayanza

À Kayanza, des témoignages recueillis par notre reporter font état de déception. « Ici c’est comme si rien ne s’est passé. Mais les gens sont apparemment pris de panique. Pas mal d’habitants du chef-lieu de Kayanza soutenaient le candidat du parti CNL, c’est la déception qui se lit dans leur visage », raconte un habitant du chef-lieu de la province.

Ngozi

Dans cette province natale du président sortant et du leader d’opposition, les militants du CNDD-FDD n’ont pas fêté la victoire de leur parti comme à l’accoutumée.
« Les membres du parti CNDD-FDD ont accueilli froidement leur victoire. Apparemment, ils auraient l’ordre de ne pas célébrer la victoire. C’est comme s’ils s’attendaient à d’autres éventualités. D’habitude, à chaque événement, ils sillonnaient dans les principales routes soit pour célébrer soit pour contester », selon un habitant du chef-lieu de la province de Ngozi.

Kirundo

La situation ne différait pas de celle d’autres provinces hier soir.
« Tout est calme. Les membres du CNL semblent être déçus. Ceux du CNDD-FDD n’ont pas célébré non plus.
Hier, une vingtaine des membres du parti au pouvoir ont tenté de célébrer mais ils ont vite été empêchés de continuer. Même ceux qui étaient habitués à balancer les chansons et slogans du CNDD-FDD n’ont pas sorti leur haut parleur aujourd’hui. Les patrouilles policières ont été intensifiées », raconte un habitant du chef-lieu de la province de Kirundo.

Bujumbura mairie

Dans la capitale économique, nos reporters ont fait le tour de la ville pour s’enquérir de la situation. « Les gens ont eu peur. Quelques minutes avant la proclamation des résultats, certains ont fermé leurs magasins et bureaux pour rejoindre leur ménage. Les patrouilles des forces de l’ordre ont aussi inquiété plus d’un. Que ce soit les membres du parti présidentiel, que ce soit ceux de l’opposition, personne ne semblait être content des résultats publiés », selon un habitant de la capitale économique Bujumbura.

Rumonge

À Rumonge, les réactions diffèrent aussi selon l’appartenance politique.
« Moi, je suis très content. C’est mon candidat qui a gagné. J’ai espoir qu’il va réaliser tous les projets de développement qu’il nous a promis », a indiqué un militant du CNDD-FDD, sourire aux lèvres.

« Il est clair que le gagnant était connu d’avance. La CENI n’a fait que présenter des chiffres qui lui ont été soumis par le parti au pouvoir. La preuve en est qu’elle n’a jamais mentionné toutes ces irrégularités soulevées le jour du scrutin et pendant toute la période électorale », s’est désolé un membre du CNL.

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