Camp de Mahama : une vie en harmonie
À Mahama (Est-Rwanda), les relations entre réfugiés et population d’accueil sont au beau fixe, juge l’administration rwandaise. Les deux communautés s’entraident et leur entente mutuelle a donné lieu à des projets communs.
Reportage
Dans un champ à quelques encablures du camp une quarantaine de personnes, en majorité des femmes cultivent sur un même terrain de plus de 5 hectares des légumineuses et tubercules. Le groupe a formé une coopérative mixte appelée “Abanyamwete” regroupant Rwandais et Burundais.
Nous sommes devenus des frères et soeurs. Ici il n’y a pas de distinction de nationalité. Si je vois un enfant burundais en difficulté, je l’accueille, je lui donne de quoi manger et je l’aide pour trouver un endroit où dormir.
Francine Nyirahakizimana, rwandaise, responsable de la coopérative.
“Cela est le résultat d’une bonne cohabitation entre nous. Nous nous connaissons et nous nous entraidons mutuellement comme dans ce champ qui va nourrir bien des gens”, ajoute une collègue de Madame Nyirahakizimana.
Coopérative d’entraide
Coté réfugiés, Angelique Nyabenda, originaire de la province de Kirundo peine à croire ce qui se passe : « On est comme chez nous. Je n’hésite pas à demander de l’eau ou même de la farine. Je suis toujours reçue chaleureusement », aime-t-elle décrire.
“Au début de 2015, il y avait une sorte de mur entre nous et les Rwandais. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse, ils nous apportent de l’eau quand on a soif durant les travaux au champ. On peut même se faire aider financièrement. Cela se passe le plus simplement du monde avec nos amies rwandaises”, confient d’autres burundaises qui ont rejoint la coopérative.
La Maison Shalom, une organisation d’origine burundaise leur a mis à disposition le champ qu’ils labourent. Et pour renforcer les liens entre les deux communautés, elle a construit des infrastructures communes comme le complexe baptisé “Hozagara Hub” à proximité de l’entrée principal du camp. Ce dernier regroupe un restaurant, un hôtel, des salles de conférence et une boulangerie.
« Tous ces gens, ceux qui se forment à l’art culinaire, ceux qui vendent des vivres et des marchandises sont en fait des Burundais et Rwandais. Nous prônons l’entraide, la mutualité », souligne madame Marguerite Barankitse, fondatrice de la Maison Shalom.
Satisfaction des autorités
La population de Mahama (60 000 Burundais) représente presque le triple de la population locale. Une démographie qui ne pose pas de problème majeur, soutient un responsable.
Si ces Burundais n’entretenaient pas de bonnes relations avec ceux qui les accueillent, ce serait source de difficultés. Mais tout le monde fait des efforts.
Claudius Karamuheto, Secrétaire exécutif du secteur de Mahama
Et de se réjouir : « Dans les champs ils sont toujours ensemble, au marché ils tiennent tous des business, à l’église ils prient ensemble et il y a de belles histoires qui se terminent en mariages ».
Lors de son aménagement, le camp de Mahama a bénéficié de travaux d’adduction d’eau potable. « C’était nécessaire et la population locale en a profité également », se félicite M. Karamuheto.
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Photo:le camp des réfugiés de Mahama a été installé en 2015 au début de la crise politique burundaise qui a précédé le 3ème mandat de Pierre Nkurunziza.
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