L’initiative pour les droits humains au Burundi demande au chef de l’État de mettre fin aux meurtres politiques
L’organisation a envoyé une lettre ouverte au président Évariste Ndayishimiye hier. Elle décrit six cas de meurtre d’opposants dont celui d’une femme intervenus pendant la campagne électorale en mai dernier. ( SOS Médias Burundi)
Selon Carina Tertsakian, une des chercheurs qui a participé dans les enquêtes, les six individus ont perdu leur vie à cause de leurs convictions politiques.
« La plupart des victimes étaient membres du parti d’opposition CNL et la plupart des auteurs de ces crimes étaient des membres de la ligue des jeunes du parti au pouvoir, les Imbonerakure et dans certains cas, des autorités locales étaient également impliquées », affirme-t-elle.
La chercheuse révèle la raison qui a poussé les chercheurs affiliés à l’initiative à écrire à M. Ndayishimiye. » Le président a plusieurs fois affirmé son engagement en faveur des droits humains et promis de mettre fin à l’impunité. Nous lui demandons dans cette lettre de réaliser ses promesses et d’assurer que justice soit faite pour ces six victimes entre autres. Ce serait un test de son engagement et aussi une façon de restaurer la confiance parmi les familles des victimes et au sein de la population burundaise « , poursuit-elle.
Espoir et doutes
Pour les chercheurs, il y a lieu d’espérer que le président va les écouter surtout qu’il s’est dit proche de la population et qu’il devrait donc être « sensible à sa souffrance ». » Dans ses discours, Évariste Ndayishimiye a parfois reconnu qu’il y a des cas d’intolérance politique. Contrairement à certains, il n’était pas dans le déni total mais en même temps il semble minimiser la gravité de ces actes… Un autre facteur inquiétant c’est la nomination de personnes clés dans le nouveau gouvernement qui ont participé à de graves crimes dans le passé « , détaille Tertsakian.
Apaisement des tensions
Selon cette chercheuse qui a longtemps travaillé sur les questions du Burundi et de la région des Grands Lacs d’Afrique, les gouvernements ne devraient pas se précipiter à renouer les relations avec le Burundi » simplement parce qu’il y a un nouveau président, un nouveau visage à la tête du pays ». Cela ne garantit rien en soi, d’après elle. Le nouveau président va devoir démontrer son engagement par des actes concrets:Assurer que la justice travaille de manière indépendante et professionnelle, il peut également faire libérer les quatre journalistes d’Iwacu et les défenseurs des droits humains qui sont toujours en prison, et initier des réformes à long terme pour mettre fin à l’impunité.
Sans cela, Carina Tertsakian estime que « ce sera difficile de renouer des relations solides avec les partenaires internationaux «
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Photo: Evariste Ndayishimiye, président du Burundi lors de son investiture
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