Affaire-Mushano: Maître Janvier Bigirimana dénonce une détention illégale

Affaire-Mushano: Maître Janvier Bigirimana dénonce une détention illégale

Térence Mushano, vice-président de l’association AC Génocide Cirimoso vient de passer 7 jours dans le cachot de la police judiciaire à Jabe dans la ville de Bujumbura. L’activiste est poursuivi pour « atteinte à la sécurité publique ». Selon Maître Janvier Bigirimana, sa détention est à la fois « arbitraire, illégale et même ridicule ». ( SOS Médias Burundi)

Dans une interview accordée à SOS Médias Burundi, le président de l’organisation « Tournons la page-Burundi » dénonce une arrestation et détention opérée sans qu’il y ait un moindre motif prévu par la loi.
Pour le juriste, il s’agit d’un coup dur à la liberté d’expression et à la presse parce que, rappelle-t-il Mushano a été arrêté au moment où il s’apprêtait à donner une interview à la presse, ce qui est une violation grave des dispositions de la Constitution mais aussi du pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Ce pacte a été ratifié par le Burundi et fait partie intégrante de la Constitution burundaise, ajoute-t-il.

Des dispositions constitutionnelles violées

Selon Maître Bigirimana, les articles 23 et 31 de la Constitution du Burundi disposent respectivement que « nul ne peut être traité arbitrairement par l’État ou ses organes ». La liberté d’expression et d’opinion sont aussi garanties par la loi mère.

« Quant à l’article 9, alinéa premier du pacte international relatif aux droits civils et politiques, il est prévu que « tout individu a droit à la liberté et à la sécurité de sa personne » et que « nul ne peut faire objet d’une arrestation ou d’une détention arbitraire ».

D’après Maître Bigirimana, ce dossier démontre que les autorités burundaises ne respectent pas les textes garantissant les libertés et droits des citoyens. «Même si la personne avait exprimé des choses que le pouvoir n’aime pas, ceci n’est pas un motif légal pour emprisonner des gens», insiste-t-il.

Selon le défenseur des droits humains, la question qui allait être évoquée dans l’interview avec Térence Mushano était en rapport avec la commémoration des massacres de 1995 des étudiants Hutus à l’Université du Burundi. «Cette question est très sensible», rappele-t-il.

Pour ce juriste, les autorités burundaises ont un grand intérêt à traiter avec délicatesse ce genre de question liée aux mémoires parce que l’État doit être au-dessus de la mêlée et doit commémorer autant les assassinats commis contre les Hutus que contre les Tutsi car tous les citoyens burundais doivent être traités comme étant égaux en droits et en dignité. « Toute discrimination et exclusion ne font que raviver les vieux démons de la division ethnique», explique Bigirimana.
Il demande aux autorités burundaises de libérer Mushano estimant qu’il n’y a « aucun motif légal pour l’emprisonner ».

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