Mahama (Rwanda) : Plus de 300 réfugiés burundais veulent rentrer
Ils ont adressé une pétition au président de la république du Burundi pour lui demander d’entrer en contact avec le Rwanda et le HCR afin de préparer leur retour volontaire. Ils affirment que le mobile de leur fuite n’est plus d’actualité et qu’ils se sentent en sécurité une fois au Burundi. Le HCR se dit disposé à faciliter des retours volontaires. (SOS Médias Burundi)
Sur la liste qui accompagne la pétition, on retrouve 331 réfugiés burundais. “Nous vous demandons Excellence Mr le président de la république du Burundi de nous rapatrier dans la dignité et la légalité en tant que vos enfants”, ont-ils indiqué dans cette pétition qui date du 26 juillet 2020.
“Nous souhaitons qu’il y ait un pourparler entre le Burundi, le HCR et le Rwanda afin que nous bénéficiions de nos droits et dignité de regagner notre chère patrie”, ajoutent-ils.
La liste est détaillée avec l’identité complète de chaque signataire. Ils affirment qu’ils sont composés de “cultivateurs, fonctionnaires, employés du secteurs privé, commerçants et opérateurs économiques” prêts à developper leur pays.
A la tête de ce groupe, il y a cinq promoteurs. Pour eux, les menaces qu’ils ont fui ne sont plus une réalité.
“Nous avons fui le 3ème mandat, il n’est plus d’actualité. La crise politique n’est plus là. Les manifestations ou le mouvement insurrectionnel ont été maîtrisés. Donc rien ne peut justifier que nous restions en exil avec toutes ces conditions de vie intenables”, souligne Emmanuel Bizimana, un membre de ce groupe restreint. Pour lui » rentrer est un droit qui ne devrait pas se négocier.
Les signataires s’en prennent à certains leaders d’opposition, médias et activistes qu’ils considèrent comme un obstacle au rapatriement.
“Nous profitons de cette occasion pour démentir les propos de certains politiciens, activistes et médias qui se sont transformés en porte parole des réfugiés burundais en disant souvent que nous ne voulons pas rentrer, faisant croire que la raison du refuge reste là. Personne parmi eux n’a pu arriver au camp pour constater la vie de misère que nous menons”, expliquent-ils.
Le HCR près à faciliter des retours volontaires
Le HCR-Rwanda affirme avoir été informé de cette pétition mais souligne qu’elle ne lui était pas destinée. Toutefois, cette Agence Onusienne indique qu’elle est prête à assister des réfugiés qui demandent volontairement de rentrer d’exil.
“La question est en train d’être traitée à Bujumbura, nous attendons les conclusions. Il y a eu une réunion entre les autorités du Burundi et le HCR-Burundi. En ce qui nous concerne, nous sommes disposés à assister tout réfugié qui demande volontairement de rentrer. Nous attendons encore qu’ils le manifestent. Nous allons leur fournir des moyens de transport ou tout autre moyen pour les autres besoins nécessaires. S’ils ne se sentent plus menacés, nous allons les aider à accomplir leur souhait. C’est notre rôle”, laisse entendre Elise Villechalane, la chargée de la communication au niveau du HCR-Rwanda.
Flou autour du dossier à Mahama
Au camp de réfugiés burundais de Mahama, plusieurs inquiétudes ont été soulevées.
“J’ai reçu plusieurs réclamations des gens qui se sont vus sur ces listes alors qu’ils ne l’ont pas demandé. C’est une liste qui a été faite en cachette, et voilà qu’on peut retrouver sur la liste un membre d’une famille alors que les autres ne s’y reconnaissent pas. Tout est flou et cette affaire peut avoir une autre visée que nous ignorons”, a réagi Jean Bosco Kwibishatse, président du comité des réfugiés au camp de Mahama.
Pour la Coalition Burundaise des Défenseurs des droits Humains /Vivant des les Camps de Réfugiés, CBDH/VICAR, il y a un non-dit derrière la pétition.
“Rentrer chez soi est un droit personnel, mais nous nous inquiétons du fait que ces gens veulent accuser et impliquer des politiciens, activistes et médias en exil. S’ils veulent regagner le pays, qu’ils le fassent sans faire de bruit. Sinon, l’on comprendra qu’il y a d’autres visées derrière ce soi-disant retour volontaire. Et quand ils sont venus, personne n’a contacté l’autre mais pourquoi quand ils rentrent ils doivent passer de village en village pour sensibiliser les autres?”, s’interroge Léopold Sharangabo, vice-président de la CBDH/VICAR.
Les concernés affirment qu’il n’existe aucun mobile caché derrière leur volonté de retourner dans leur pays.
“C’est une décision individuelle. Elle n’est influencée ou téléguidée par qui que ce soit ».
L’autorité en charge du rapatriement déjà prête
Ce lundi, le ministère en charge de l’intérieur et de la sécurité publique qui s’occupe du rapatriement a indiqué qu’il attend des instructions pour agir.
» Le ministère attend que l’orientation lui soit donnée pour qu’il passe immédiatement à la mise en marche du train pour le rapatriement digne et légal de ces Burundais », a dit aux journalistes dans un point de presse Pierre Nkurikiye, porte parole de ce ministère tout en insistant qu’il existe » des forces qui empêchent les réfugiés burundais de rentrer ».
Le camp de réfugiés de Mahama héberge plus de 60.000 réfugiés burundais. Ils ont fui la crise déclenchée par un autre mandat contreversé de feu Pierre Nkurunziza en 2015.
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