Burundi-Rwanda: Ndayishimiye n’aime pas le Rwanda et il ne le cache pas

Burundi-Rwanda: Ndayishimiye n’aime pas le Rwanda et il ne le cache pas

Ce jeudi, le chef de l’État était en commune de Busoni dans la province de Kirundo ( nord du Burundi). C’était dans le cadre d’une tournée de présentation de gouverneurs aux habitants et d’expliquer les programmes de son gouvernement. Il en a profité pour appeler les habitants de Kirundo à recevoir leurs compatriotes qui ont fui. M. Ndayishimiye a qualifié le Rwanda de « pays hypocrite et rusé qui met l’épine dans le pied de Burundais ». Il a affirmé ne pas être prêt à nouer des relations avec le voisin du nord dont le président lui avait tendu la main en juillet dernier. (SOS Médias Burundi)

S’exprimant en Kirundi et sans notes, le président burundais a indiqué qu’il est au courant de la détresse dans laquelle vivent les Burundais qui sont en exil.

Il a dit que le gouvernement ne peut en aucun se réjouir qu’il y ait des Burundais qui « errent ».

Évoquant le cas des réfugiés burundais du camp de Mahama au Rwanda qui lui ont dernièrement envoyé une pétition lui demandant de se concerter avec le HCR et le gouvernement rwandais pour qu’ils puissent rentrer dignement, il a rassuré que le gouvernement va tout faire pour les rapatrier.

« Les pays dans lesquels ils ( les réfugiés burundais) se trouvent les ont pris comme une caution, car ça se voit qu’ils les ont pris comme une hypothèque parce qu’aucun pays ne peut refuser à quelqu’un de rentrer dans son pays quand il le veut. Ils les ont pris en otage, nous demandons à ce pays de les laisser retourner dans leur pays natal », a indiqué le chef de l’État avec un peu de nervosité dans sa voix avant d’appeler les habitants à recevoir chaleureusement les rapatriés.

Et d’arranger la foule.
« Je saisis cette opportunité pour lancer un appel à ces Burundais car je sais qu’ils suivent l’actualité du Burundi. S’il arrive qu’on leur refuse de rentrer, qu’ils se lèvent, nous , nous sommes prêts à les recevoir. Nous verrons qui osera les empêcher de franchir la frontière. Le Burundi est en paix et en sécurité. Il n’y a pas de famine, nous ne voulons pas que des enfants de ce pays meurent de faim, soient sans toit et dans la tourmente alors que leurs compatriotes ici se portent à merveille », a continué le président Ndayishimiye sous quelques applaudissements de la foule.

Il a mis en garde des pays qui hébergent des réfugiés burundais qui, selon lui, doivent comprendre que « ce sont des enfants du Burundi qui ont droit à la dignité et à l’honneur ».

Hypocrisie du Rwanda

Sans prononcer le mot « Rwanda », celui qui est toujours secrétaire général du CNDD-FDD n’y est pas allé par quatre chemins.

« Nous ne voulons pas renouer des relations avec un pays qui use d’hypocrisie. Un pays rusé.
Il est hors question qu’il y ait un pays disant vouloir nouer l’amitié avec le Burundi alors qu’il nous a mis une épine dans le pied pour que nous marchions dessus » a-t-il insisté.

Et de poursuive « Nous voulons avoir de bonnes relations avec d’autres pays. Toutefois, nous refusons de coopérer avec des hypocrites qui nous mentent alors qu’ils ont mis une épine dans le pied pour qu’elle nous pique ».

Comme pour enfoncer le clou, M. Ndayishimiye est revenu sur la question des réfugiés se trouvant chez le voisin du nord.
« Nous savons la raison pour laquelle ils ont pris ces réfugiés comme une hypothèque. C’est servir de bouclier à ceux qui ont commis l’irréparable dans notre pays….Un bon voisin devrait les renvoyer pour que nous les punissions. S’ils veulent une amitié avec le Burundi, qu’ils les envoient d’abord », a-t-il martelé.

Selon le chef de l’État, le seul moyen d’apaiser les esprits des victimes des actes commis par ces « criminels » est de les voir sanctionnés.

Le 10 juillet dernier, le président rwandais Paul Kagame avait annoncé que son pays est prêt à travailler main dans la main avec Évariste Ndayishimiye, son homologue burundais nouvellement élu.

« Nous devons tourner la page de l’histoire. Celle-ci n’a pas été bonne pour nos deux pays. C’est ça le rôle des leaders politiques en fait, ce qui est bénéfique au peuple de nos deux pays qui doit circuler librement sans entraves », avait-il diplomatiquement répondu à des utilisateurs de réseaux sociaux.

Les relations entre les deux nations sœurs de la région des Grands Lacs d’Afrique se sont détériorées en 2015 suite à un autre mandat controversé de feu Pierre Nkurunziza.
Le Burundi accuse son voisin du nord d’avoir donné refuge à des putschistes qui ont échoué un renversement des institutions cette année et de permettre l’armement et l’entraînement militaire de ses ennemis sur son sol.
De son côté, Kigali reproche à Gitega d’héberger ses opposants farouches dont des membres des groupes poursuivis pour « génocide » dans ce pays qui a perdu près d’un million de Tutsis pendant le génocide de 1994.

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Photo: Évariste Ndayishimiye, le 20 mai 2020 à Giheta en province de Gitega lors de la présidentielle

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