Tanzanie : les réfugiés burundais espèrent un répit

Tanzanie : les réfugiés burundais espèrent un répit

L’annonce officielle de la mort du président de la Tanzanie a été faite sur la télévision d’État mercredi soir. Selon le gouvernement tanzanien, il est décédé des suites d’une complication cardiaque. La Tanzanie abrite plus de 146.000 réfugiés burundais qui espèrent que le régime d’après Magufuli leur reconnaîtra leurs droits. (SOS Médias Burundi)

La nouvelle du décès de celui qui était surnommé « le Bulldozer » est aussi parvenue aux camps de réfugiés burundais installés en Tanzanie. Même s’ils regrettent sa mort, ils dressent un bilan largement négatif du régime Magufuli sur leurs conditions de vie. “Nous sommes tout le temps malmenés, tués ou arrêtés arbitrairement ou encore renvoyés au Burundi. Nos droits sont bafoués, nous sommes contraints de rentrer sans la moindre volonté”, décrivent des réfugiés installés dans les camps de Nduta, Mtendeli et Nyarugusu avant de préciser “Nous ne pouvons plus exercer ne fût-ce que du petit commerce, des marchés ont été fermés, la libre circulation des biens et personnes n’est plus une réalité dans nos camps (…). Le régime Magufuli a vraiment été très dur pour nous”, ont commenté des Burundais contactés à Nduta, Mtendeli et Nyarugusu.

En 2017, le président Magufuli a appelé ouvertement au retour “volontaire ou non” des réfugiés burundais. Il a même instruit à ses services de ne plus “accorder l’asile aux nouveaux arrivants”.

Depuis, plus de cent mille Burundais ont regagné leur pays, certains dénonçant un forcing. Pour l’heure, les Burundais disent espérer un changement. “Sans doute qu’il va y avoir un léger mieux. Que la nouvelle administration tanzanienne se souvienne que même si nous avons fui notre pays nous restons des êtres humains et qu’elle cesse de nous traiter comme des malfaiteurs. Nous espérons aussi que la collaboration entre le Burundi et la Tanzanie pour bafouer les droits des réfugiés va être suspendue » ajoutent des réfugiés.

Deuil à Nduta

Dans certains camps comme Nduta, les Burundais envisagent se joindre aux Tanzaniens pour faire un deuil. “Nous voulons montrer à la Tanzanie la sympathie pour que les nouvelles autorités puissent partager aussi notre souffrance et nous réserver un traitement humain. Nous aimons notre pays le Burundi mais nous ne pouvons pas rentrer tant qu’il n’y a pas la paix”, expliquent-ils.

La Tanzanie a décrété un deuil de 14 jours pour honorer celui qui l’a dirigée les cinq dernières années. Les pays de l’EAC dont le Burundi eux, observent un deuil de sept jours, les uns depuis ce jeudi, d’autres depuis ce vendredi. Le président Évariste Ndayishimiye qui considérait Magufuli comme son « père » a loué un panafricaniste et homme laborieux qui s’est investi pour le développement de son pays et de la sous région.

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Photo : John Pombe Magufuli et Pierre Nkurunziza, alors présidents tanzanien et burundais à Ngara (nord-ouest de la Tanzanie), le 20 juillet 2017

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