Kirundo-Muyinga : la CVR recherche des fosses communes de 1972

Kirundo-Muyinga : la CVR recherche des fosses communes de 1972

C’est le président de la commission vérité et réconciliation (CVR) qui a lancé officiellement les activités d’exhumation des restes humains des massacres de 1972 qui ont emporté plus de Hutus que des Tutsis. L’ activité a été lancée ce mardi et mercredi sur les collines de Gisenyi et Musenga. C’est respectivement en communes de Busoni et Mwakiro, en provinces de Kirundo (nord) et de Muyinga (nord- est). Le président de la très controversée commission (accusée par certains observateurs d’être un instrument du pouvoir au service de l’ethnie hutu) rassure que son but ultime est la réconciliation entre Burundais. Des habitants y voient une sorte de vengeance. (SOS Médias Burundi)

Après la province de Muyinga ce mardi, c’était le tour de Kirundo ce mercredi. La commission a déjà identifié trois fosses communes provisoires dans ces deux provinces du nord. Deux dans la commune de Mwakiro, de la province de Muyinga et l’autre en commune de Busoni en province de Kirundo.

Des habitants qui disent être des témoins oculaires ou alors des rescapés des tueries de 1972 ont raconté le déroulement des tueries qu’ils qualifient de « sélectives ».

La fosse commune découverte à Busoni se trouve dans une parcelle d’une famille . « On y a déterré des ossements humains ainsi que des habits en décomposition avancée. Plusieurs personnes sur place ont été étonnées que la commission soit capable de différencier les ossements des victimes de 1972 de ceux de 1993 », disent des habitants qui se trouvaient sur place.

La crise de 1993, contrairement à celle de 1972 a emporté plus de Tutsis que de Hutus. Elle a été déclenchée par l’ assassinat de Melchior Ndadaye, premier président hutu démocratiquement élu, assassiné en octobre 1993 après moins de quatre mois au pouvoir.

Certains n’ont pas retenu leurs larmes. « J’ai vu des gens qui ne se sont pas retenus. J’ai vu de la colère dans le regard de certains. Et de la haine aussi », raconte une personne qui se dit inquiète. Pierre Claver Ndayicariye, président de la CVR est revenu sur la manière dont les gens étaient déportés dans des camions militaires.

Abel Gashatsi, deuxième vice-président de l’Assemblée Nationale

Le deuxième vice-président de l’Assemblée Nationale Abel Gashatsi a exhorté à la CVR de se pencher sur la vérité concernant les tueries des autres années. M. Ndayicariye a tranquillisé. « La CVR n’est guidée que par la recherche de la vérité et la réconciliation de Burundais », a-t-il insisté.

Depuis plus d’une année, la commission en charge de la réconciliation est accusée d’être partiale. « Que Ndayicariye vienne nous montrer où se trouvent les nôtres assassinés en 1993. Ils ont planté des avocatiers sur leurs tombes et pour tout camoufler , ils y ont érigé des maisons.Des Hutus originaires de Bugenyuzi , commune natale de Ndayicariye ont pris le devant pour massacrer des Tutsis, ils sont allés se coaliser avec ceux de Buhiga et Gihogazi après les avoir exterminés. C’est honteux de voir quelqu’un comme lui à la tête d’une si importante commission », regrette un jeune père de Karusi.

Dans plusieurs provinces, des associations de lutte contre le génocide affirment que la CVR a obligé à des habitants de donner de faux témoignages. « Dans la commune de Kiremba en province de Ngozi (nord), des habitants ont été obligés de mentir. Ils ont dit qu’une fosse commune contient des restes de Hutus alors qu’elle a été creusée en 1993 et remplie de corps de Tutsis assassinés cette année », dénonce AC Génocide Cirimoso.

Des activistes reprochent à la commission d’être « un instrument du CNDD-FDD avec le seul objectif de gagner la sympathie de l’électorat hutu ». En janvier, le président de la CVR a expliqué aux parlementaires que sa commission se penche sur les massacres de 1972 seulement dans le seul souci de ne pas perdre des preuves, la majorité de témoins et victimes ayant un âge très avancé et la plupart étant morte.

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Photo : des officiels, des employés et responsables de la CVR sur la colline de Musenga à Mwakiro, le 4 mai 2021

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