Burundi : le président Neva confirme des sanctions contre huit de ses proches collaborateurs

Burundi : le président Neva confirme des sanctions contre huit de ses proches collaborateurs

Il s’agit de six civils dont le responsable en chef chargé des questions de presse et de communication, un colonel de l’armée et un commissaire de police. Suspendus pour une durée de quinze jours depuis le 16 août dernier pour avoir été absents au bureau sans motif le vendredi 13 août, leur sanction a pris fin ce jeudi. Mais leur patron n’en reste pas là. Il promet de leur verser la moitié de leur salaire du mois passé et parle d’une « mise en garde » qui peut s’accompagner d’autres mesures dans l’avenir. (SOS Médias Burundi)

Le président Neva qui multiplie des « plaintes » de mauvaises pratiques dans les différents secteurs du pays qu’il dirige depuis juin 2020 après cinq ans à la tête du parti présidentiel le CNDD FDD, ne cache pas son mécontentement. Il affirme qu’il n’a pas de conseillers et dit qu’il ne doit compter que sur « Dieu », ses conseillers n’étant pas disponibles.
« […], Moi, je leur ai dit « comme vous ne travaillez pas et me laissez travailler seul, un jour nous allons partager le salaire ». Peux-tu espérer d’être payé alors que c’est moi qui ai fait ton travail ! Nous allons partager. Ils pensaient que c’était une blague. Je l’ai répété deux fois et je ne cessais de les conseiller. Alors comme ils aiment demander des congés, un jour j’ai décidé de leur donner un congé forcé pour qu’ils aillent dormir afin qu’ils reviennent avec de la force pour travailler », a confié à un parterre de natifs de la province de Bujumbura et tous les responsables des différents secteurs d’activités dans cette province de l’ouest du Burundi. C’était ce mercredi à Rushubi, chef-lieu de la commune d’Isare.

Un président qui confisque les clés

Le chef de l’Etat rassure que c’est lui-même qui gardait les clés des bureaux de ses proches collaborateurs sanctionnés durant les quinze jours de suspension.
« Moi, j’ai fermé huit bureaux et j’ai en ma possession huit clés. Est-ce que les activités du président ont été suspendues pour autant? Cela démontre que c’est moi qui faisais tout même avant. Ils étaient payés sans travailler. Ils viennent de passer quinze jours dans un repos forcé. Je leur ai dit « Je n’ai plus besoin de vous voir, allez vous reposer et vous retournerez quand vous pourrez travailler », a-t-il continué sous un ton ironique.

Mise en garde

M. Ndayishimiye ne compte pas limoger ces « fainéants » qui l’entourent. Mais ils les met en garde et préfère pour le moment « prendre la moitié de leur salaire pour la donner aux pauvres »
« Si je les limoge et que je les remplace par d’autres, les nouveaux se comporteront aussi comme les premiers. Je dois d’abord traiter ceux-ci et essayer de les guérir jusqu’à ce que je les abandonne totalement. S’ils reviennent, je vais diviser leur salaire par deux et avec cette somme j’irai voir des citoyens qui sont dans le besoin pour les assister car cet argent leur appartient. Oui, je vais diminuer leur salaire et chacun d’entre eux touchera la moitié et il doit y avoir un Burundais qui manque de l’argent pour payer les frais d’hospitalisation. Je lui emmènerai ça et lui dirai : reçois cet argent que j’ai retiré des mains des fainéants », a conclu le président burundais sous des applaudissements et rires de son audience.

Ces derniers jours, Evariste Ndayishimiye a brillé par des dénonciations de mauvaises pratiques et de la mauvaise gouvernance « observées » dans différents secteurs de la vie du pays.

Le 24 août dernier, il a accusé l’appareil judiciaire de tout les maux , allant de la corruption à la violation des droits humains en passant par le blocage des entrepreneurs étrangers tout en lui reprochant également de risquer de devenir une source de soulèvement de la population.

Sur les réseaux sociaux, certains ne se dérobent pas d’ironiser que « Neva se comporte ces derniers temps comme opposant à son propre gouvernement ».

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Photo : le président Neva à Isare, le premier septeobre 2021:crédit photo/service communication de la présidence du Burundi

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