Burundi : le président Neva reconnaît l’injustice dans son pays
Le président Évariste Ndayishimiye rencontrait ce mardi les juges et magistrats de toutes les juridictions du Burundi. Il les a accusés de tous les maux : de la corruption à la violation des droits humains en passant par le blocage des entrepreneurs étrangers, il a aussi reproché à la justice burundaise de risquer de devenir une source de soulèvement de la population.(SOS Médias Burundi)
Sur un ton de déception, le président burundais affirme que « les gens sont dans l’amertume » suite à des actions des juges corrompus.
« Leurs pleurs me sont parvenus et je me suis dit, avant de pleurer devant eux, laisse-moi aller pleurer devant ces juges, s’ils sont impitoyables, je vais me résigner. Vous n’éprouvez vraiment pas de pitié quand vous me voyez pleurer devant vous. Vous n’éprouvez vraiment pas de pitié quand vous me voyez pleurer devant vous alors que vous m’appelez père de la nation? Imaginez-vous faire pleurer quelqu’un après l’avoir qualifié de père (….)! Partout où je vais… je reçois plus de mille plaintes par jour et si j’analyse je les trouve fondées », s’est désolé le chef de l’État qui, n’a pourtant versé aucune larme.
Et de continuer sur un ton plus déçu « Laisse-moi pleurer à leur place car vous, vous ne les voyez pas (les plaignants). Vous ne verrez jamais une assemblée générale de 12 millions de Burundais mais ils sont engloutis par moins de dix mille autres Burundais ».
Blocage d’investisseurs étrangers
Le président Neva affirme que les entrepreneurs étrangers ont boudé le Burundi suite à une justice corrompue. Il parle d’un pays sans justice, ce sans détour.
« Les investisseurs étrangers ne viennent plus au Burundi. Vous trouvez des stratégies pour voler leur argent. Ils n’ont nulle part où se plaindre. Vous vous coalisez pour détourner leur argent et vous l’affinez très bien. Mais en même temps vous dîtes que vous voulez le développement. Aucun investisseur ne vient ici. Mais lors de réunions vous ne cessez de chanter : dîtes aux étrangers de venir investir au Burundi. Comment peuvent-ils venir alors que vous détournez leur argent. Quel étranger peut emmener son investissement dans un pays sans justice, où on vole son argent sans qu’il puisse être rétabli dans ses droits », a dénoncé M. Ndayishimiye.
Autres accusations
Selon le Général Neva, des projets de développement entrepris par des Burundais sont également détournés sans que les initiateurs puissent avoir accès à une justice équitable.
« (…), Il y a des Burundais qui ont décidé de ne plus entreprendre des projets tout simplement parce qu’ils savent qu’ils seront détournés et qu’aucune justice ne sera rendue. Dites-moi comment ce pays pourra être développé? Comment allez-vous avoir des véhicules de fonction et des bâtisses servant de cours et tribunaux au moment où vous ne voulez pas que le pays se développe. Aucun développement n’est possible dans un pays sans justice. Il ne peut pas avoir de paix », n’a cessé d’accuser le président burundais.
Révolte et violation des droits humains
Le numéro Un burundais fait savoir qu’il y a des cas de justice populaire, de violation de droits humains qui trouvent origine dans l’injustice. Il promet de livrer les auteurs.
« (…), je vous invite à aller lire la déclaration universelle des droits de l’homme. Dans le préambule il est bien écrit ceci : considérant qu’il est essentiel que les droits de l’homme soient protégés par un régime de droit pour que l’homme ne soit pas contraint à la révolte contre la tyrannie et l’oppression, je vais répéter car je sais que vous ne lisez pas (…), demain on dira que le Burundi ne respecte pas les droits humains. Vous qui nous attirez la colère de la communauté internationale, nous allons conjuguer nos efforts afin de traquer tous les auteurs. Moi je me lave les mains. C’est honteux ce qui se passe dans ce pays », s’est plaint Évariste Ndayishimiye qui considère les juges et magistrats comme des hyènes qui dévorent le reste de la population burundaise.
Crainte
Celui qui a pris beaucoup de temps à discourir à plus de 99% en langue nationale et sans note estime que « quand il n’y a pas de justice publique, la justice privée s’installe ».
Il confirme que selon ses enquêtes, il y a plus de 200 mille dossiers pendants en justice suite aux mauvaises pratiques devenues coutume dans ce domaine.
« (….), pouvez-vous imaginer plus de 200 mille personnes qui peuvent s’entretuer à n’importe quel moment. Comptez le nombre de bataillons que ça fait. Disons que chaque parent aligne tous ses enfants pour combattre afin d’avoir justice. C’est combien de Burundais qui peuvent s’entretuer ? Tout ça à cause des juges et magistrats. Comme dans la fable de la Fontaine, c’est le plus fort qui a toujours raison », s’est longuement désolé le président burundais qui trouve que la renaissance de son pays est liée à une justice équitable.
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Photo : le président Évariste Ndayishimiye lors de la réunion avec les juges et magistrats, le 24 août 2021: crédit photo / présidence de la République du Burundi
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