Médias: le nouveau patron du CNC promet le même vin dans les mêmes outres

Médias: le nouveau patron du CNC promet le même vin dans les mêmes outres

Willy Nyamitwe est désormais président du conseil national de communication (CNC). Il a été élu lors d’une plénière extraordinaire de l’organe de régulation des médias burundais ce jeudi dans la capitale économique Bujumbura. L’ancien conseiller principal chargé des questions de presse et de la communication à la présidence promet de rester fidèle aux agissements de ses prédécesseurs. Les réactions sont mitigées quant aux attentes des journalistes. (SOS Médias Burundi)

Willy Nyamitwe à été élu à 100% par tous les 13 membres du Conseil national de la communication. Dans sa première interview, M. Nyamitwe a dit qu’il connaissait tous les défis auxquels sont confrontés les médias au Burundi pour avoir travaillé pendant longtemps dans le domaine des médias, et surtout pour avoir occupé le poste de chef de bureau de l’information et de la communication à la présidence.

Il n’a toutefois promis aucune amélioration. « Je n’apporte rien de nouveau parce que je ne réinventerais pas la roue. Je viens apporter ma contribution au travail qui était déjà abattu par les membres du CNC », a-t-il déclaré aux médias locaux.Quant à la question relative à la fermeture de deux médias internationaux à savoir la BBC et la Voix de l’Amérique (VOA) suspendus au Burundi depuis plus de trois ans, il a dit qu’il ne lui appartient pas de lever les sanctions.

« C’est un travail collégial. Je viendrai seulement apporter ma contribution », a-t-il insisté tout en promettant suivre le slogan du chef de l’État. « Jamais sans les médias ».

Les réactions sur les attentes des journalistes et professionnels de médias sont mitigées. La plupart de journalistes en exil considèrent son élection comme « un désastre » et parlent d’un « grand pas en arrière ».

Au pays et à l’étranger, des confrères qui se sont confiés à SOS Médias Burundi tout comme dans des groupes de discussions de journalistes, éprouvent le même sentiment. Mais il y en a d’autres qui espèrent qu’il peut « bien faire s’il le veut ».

Un journaliste français qui suit la situation du Burundi depuis des années lui évoque « un roi de la propagande et des fake news aux commandes du CNC ». Le conseil national de la communication est un organe de régulation des médias. Des journalistes et responsables de médias lui reprochent souvent de se comporter comme une « police » l’accusant de n’intervenir que pour « prendre des mesures sévères allant dans le sens de limiter la liberté d’expression ».

M. Nyamitwe, un habitué de la presse burundaise remplace Nestor Bankumukunzi. Cet ancien journaliste de la RTNB (Radio télévision nationale du Burundi) et ministre en charge des médias sous le mandat duquel plusieurs mesures qui bafouent la liberté de la presse ont été prises a récemment été nommé ambassadeur du Burundi au Maroc.

Le nouveau patron du CNC est connu non seulement au Burundi et dans la région mais également dans le monde entier pour avoir été à un certain moment « l’unique porte parole s’exprimant sur tous les dossiers et pouvant se rendre à l’extérieur du pays pour plaider la cause du gouvernement et du CNDD-FDD » ces dernières années. Il a servi feu président Pierre Nkurunziza pendant plusieurs années et est prêt à tout mettre en œuvre officiellement et officieusement pour protéger ses intérêts et ceux du parti présidentiel.

L’homme qui a survécu à une attaque armée fin novembre 2016 ne manque pas d’ennemis dans les rangs du CNDD-FDD comme à l’opposition qui ne cessent de lui répéter qu’il « chante la paix et la sécurité au Burundi » alors que « son épouse et ses enfants se sont exilés aux États-Unis ».

Désigné ambassadeur plénipotentiaire par son ancien patron, Nyamitwe avait été approuvé comme ambassadeur par la chambre haute du parlement burundais récemment. Des informations non encore vérifiées par notre rédaction disent qu’il devait aller représenter le Burundi en Éthiopie.

Avant d’être destitué, il faisait partie d’un groupe de huit conseiller à la présidence qui ont été sanctionnés par le président Neva leur reprochant d’avoir été absents au bureau sans motif. C’était en août. Son poste a été combiné à celui de porte parole du président et ne forment qu’un, depuis son départ.

Toutefois sur les réseaux sociaux, Willy Nyamitwe relaie jusqu’à présent les activités du président plus que ceux qui sont payés pour le faire.

____________________________

Photo : Willy Nyamitwe participe à une réunion des responsables administratif et policier organisée par le ministre en charge des affaires intérieures dans sa ville natale Bujumbura

Previous Baraka : au moins cinq personnes tuées
Next Ituri (RDC) : les FARDC ont réussi à libérer 16 otages des mains des ADF