Covid-19: la pandémie continue de se propager à Bujumbura

Covid-19: la pandémie continue de se propager à Bujumbura

Sur différents centres de dépistage du Covid-19 dans la ville commerciale Bujumbura, le personnel alerte sur une explosion inquiétante de cas Covid-19. À ces chiffres inquiétants s’ajoute la rupture des médicaments homologués par les autorités burundaises pour traiter la maladie. Toutefois, l’autorité sanitaire parle d’une situation maitrisée. Le personnel soignant, des équipes affectés sur les centres de dépistage ainsi que les professionnels de la santé eux, dénoncent « une gestion hasardeuse et négligée » de l’épidémie. (SOS Médias Burundi)

Selon les chiffres donnés par des centres de dépistage dans les communes de Mukaza (centre de la ville de Bujumbura) et Muha (sud de la ville), plusieurs centaines de cas Covid-19 sont détectés chaque jours.

« Nous sommes débordés et surpris par les résultats des tests. On dénombre plusieurs cas positifs au Coronavirus que nous ne l’attendions. C’est terrible », se sont confiés à SOS Médias Burundi des infirmiers affectés sur les centres de dépistage de l’hôpital de Ruziba (sud de la ville de Bujumbura), de la Clinique Prince Louis Rwagasore et du centre situé à l’endroit communément appelé Bon accueil (centre de la ville).

Manque de matériel et de médicaments

D’après des sources médicales sur les trois centres, les patients ne reçoivent plus des médicaments destinés à traiter l’épidémie depuis quelques jours. Il s’agit d’une combinaison de trois médicaments homologués par les autorités burundaises pour traiter la maladie depuis son apparition dans la petite nation de l’Afrique de l’est en mars 2020.

Des citadins dont des enfants en attente d'être prélevés dans un centre de dépistage à Bujumbura
Des citadins dont des enfants en attente d’être prélevés dans un centre de dépistage à Bujumbura

« Les stocks se sont épuisés, on n’a plus de médicaments. Nous renvoyons les patients acheter les médicaments sur des pharmacies privées alors que nous étions censés traiter gratuitement la pandémie. Ce n’est pas notre faute, c’est au gouvernement de nous ravitailler en médicaments pour soigner la population […] », disent nos sources.

Gestion

Des professionnels de la santé dénoncent une absence de gestion de la pandémie ou du moins négligée là où il y en a.
C’est effectivement ce qu’ont pu remarquer nos reporters qui se sont déplacés au sud et au centre de la ville pour faire le constat.

Un jeune homme se fait dépister dans un centre de Bujumbura
Un jeune homme se fait dépister dans un centre de Bujumbura

« Sur de files indiennes, plusieurs centaines de personnes venues pour un dépistage se bousculaient ce jeudi et vendredi. Très peu d’entre elles portaient un masque et aucune mesure pour la distanciation sociale n’était respectée. Pas même un seul agent de santé pour assurer l’ordre. […] », a remarqué notre reporter à l’hôpital de Ruziba.

Et dans le centre de la ville, la situation était identique. Un autre reporter dépêché par notre rédaction indique que « les centres Bon accueil et de la Clinique Prince Louis Rwagasore ont été pris d’assaut par des habitants désirant se faire dépister. Dans les couloirs et à l’extérieur de la Clinique, c’était plein d’une foule de gens en attente d’être prélevés[…] », a-t-il vu.

Personnel non suffisant

D’après des sources médicales, il y a un défi majeur qui vient aggraver la situation : le manque d’infirmiers suffisants.

« Le personnel que nous constituons a été mis en place en faisant allusion à une situation qui sera passagère. Nous nous retrouvons insuffisants face à une forte demande. Nous sommes tellement fatigués et nous avons besoin d’un renfort », disent-elles avant d’ajouter que même les stocks de médicaments pour soigner les patients et des réactifs nécessaires pour effectuer des tests se sont épuisés.

Traitement

À la Clinique Prince Louis Rwagasore où est installé un centre de référence de lutte contre le Covid-19, des patients en situation d’urgence manquent d’oxygène. Ils sont transférés à des structures de santé privées, mais là aussi, des sources médicales indiquent qu’elles sont également débordées.

Des professionnels de la santé dénoncent une gestion hasardeuse de l’épidémie aux lourdes conséquences. « Même la stratégie de dépistage qui était censée ralentir la propagation du Covid-19 n’est pas bien coordonnée. Il faut au minimum une distanciation sociale et le port de masque sur les lignes. Et ce n’est pas le cas, il n’y a personne pour coordonner ça. Ceux qui quittent leur domicile étant sains se retrouvent contaminés au niveau des lignes où ils se bousculent avec les porteurs du virus. Les autorités du pays devraient, et nous le répétons, prendre des mesures qui s’imposent pour protéger la population contre la pandémie qui crée la peur au monde entier », insistent-ils.

Des citadins sur un centre de vaccination dans la ville de Bujumbura
Des citadins sur un centre de vaccination dans la ville de Bujumbura

Un médecin membre du comité scientifique de lutte contre le Covid-19 rejette la responsabilité au gouvernement.
Il indique qu’il y a un bras de fer sur le contrôle des fonds alloués à la gestion du Covid-19.

« Nous avons élaboré une stratégie de lutte contre le Covid-19. Seulement les ministères en charge de la santé et de la sécurité se disputent la gestion des fonds. Le ministre en charge des affaires intérieures et de la sécurité qui est président du comité national de lutte contre la propagation de la pandémie veut gérer les fonds au moment où celui de la santé exige que la gestion lui revienne, ce qui rend les choses plus compliquées », dévoile-t-il.

Depuis plus d’une semaine, les autorités burundaises reconnaissent une forte et inquiétante propagation et contagion du Coronavirus .Mais elles restent muettes sur les chiffres des personnes testées positives au Covid-19.

Grands rassemblements

Les autorités administratives surtout dans la ville commerciale Bujumbura qui reste l’épicentre de la pandémie ont demandé aux citadins d’éviter de grands rassemblements et d’observer les mesures barrières contre la propagation de la maladie.
Mais depuis ce lundi pour une durée de cinq jours, la famille présidentielle organise une croisade sur un terrain de l’école technique secondaire (ETS) dans le nord de Bujumbura.

Selon des organisateurs, les mobilisations faites dans la capitale économique et en provinces, en plus du zèle de certains pourront aboutir à environ 30 mille participants. « Au moins 30 mille personnes vont faire un effort de contracter le virus mortel », ironise un habitant du sud de Bujumbura.

____________________

Photo : un habitant à côté d’une infirmière en passe d’être prélevé dans un centre de Bujumbura

Previous Ituri (RDC) : sept miliciens ADF tués
Next Sud-Kivu ( RDC) : des militaires burundais rapportés à Uvira