Presse : deux employés d’un média privé détenus brièvement

Presse : deux employés d’un média privé détenus brièvement

Il s’agit de Jérôme Hakizimana et Innocent Bibonimana, respectivement reporter et cadreur à la radio- télévision Isanganiro. Ils ont été détenus pendant plus d’une heure dans un centre de dépistage Covid-19 dans la ville commerciale Bujumbura ce mardi. (SOS Médias Burundi)

C’est la responsable du centre de santé de Kanyosha (sud de Bujumbura) qui a décidé la brève détention de nos confrères d’Isanganiro.

Ils ont été arrêtés vers 11h20 et obligés de supprimer les éléments de reportage déjà recueillis avant leur arrestation. Toutefois, ils ne se sont pas pliés à cet ordre.

Nos confrères travaillaient sur un sujet en rapport avec l’augmentation de centres de dépistage Covid-19 décidée par l’autorité sanitaire suite à une forte contagion de la pandémie observée récemment : six centres dans la capitale économique Bujumbura et sa province.

Selon la responsable du centre, les médias ne sont pas autorisés d’aller faire des reportages sur son centre sans « une autorisation préalable » du ministère en charge de la santé, ce que le cabinet réfute.

« La loi sur la presse burundaise est claire, un journaliste peut aller partout où il veut pour recueillir des informations. C’est clair qu’ils ont quelque chose à cacher », se désole un responsable du média.

D’après nos informations, le cabinet de la ministre en charge de la santé a dû intervenir pour que nos confrères soient libérés.

À plusieurs reprises, dans les villes ou à la campagne, des journalistes sont souvent brièvement arrêtés par des responsables administratifs, des policiers ou des membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD et obligés de supprimer le contenu de leur reportage.

C’est la même situation pour les grands rassemblements comme la croisade de cinq jours qui se tient à Bujumbura depuis ce lundi. Un reporter d’une radio chrétienne a été obligé ce lundi de supprimer des témoignages de participants sur le Covid-19.

Fin septembre, c’est Richard Niyonkuru reporter chez la radio privée Bonesha FM qui a été violenté, interpellé par des militaires qui l’ont remis à la police qui l’a détenu brièvement sans motif. Il s’était rendu sur un lieu d’une explosion de grenade qui avait coûté la vie à une épouse d’un colonel de l’armée burundaise. « Même si aucun journaliste n’est en prison pour le moment, cela ne signifie pas que les choses marchent bien pour les journalistes burundais car ils continuent de faire face à de défis majeurs », estime Muthoki Mumo, représentante de CPJ (Committee to protect journalists) dans la corne de l’Afrique et en Afrique de l’est.

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Photo : Jérôme Hakizimana et Innocent Bibonimana dans un bureau du centre de dépistage Covid-19 à Kanyosha / Radio-télévision Isanganiro

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