Nyarugusu (Tanzanie) : une Burundaise détenue avec ses deux enfants
Jessica Nshizahabona, une Burundaise habitant la zone 8 dans le camp des réfugiés de Nyarugusu en Tanzanie et ses deux enfants sont détenus dans les cachots de la police du district de Kasulu (nord-ouest de la Tanzanie) depuis plusieurs jours. La police reproche à cette famille d’avoir hébergé deux demandeurs d’asile sans l’autorisation préalable de l’administration du camp. Leurs compatriotes plaident pour leur libération. (SOS Médias Burundi)
Selon des réfugiés, Jessica Nshizahabona a accueilli dans son ménage ses deux nièces qui avaient été rapatriées au début de cette année mais qui sont vite revenues en exil.
« Quand ces deux jeunes femmes sont revenues dans le camp, elles disaient qu’une fois arrivées au Burundi sur la colline natale, elles ont été maltraitées par leur belle-mère . Elles ont pris la décision de se retourner en Tanzanie », disent nos sources à Nyarugusu.
Les deux filles sont originaires de la commune de Nyanza-Lac en province de Makamba (sud du Burundi).
Les voisins de la femme en détention disent qu’elle a été interpellée quand elle a décidé d’accompagner ses deux nièces au bureau du président du camp pour redemander asile.
« Interrogée, elle a accepté qu’elle les a hébergées pendant deux mois », raconte une source proche du responsable du camp qui précise qu’elle a été arrêtée sur le champ. Elle a été appréhendée le 22 mai dernier.
Dimanche dernier, ses deux propres enfants lui ont rendu visite au cachot, une façon de faire pression pour qu’elle soit relâchée, en vain. Ils ont, à leur tour été interpellés.
« On pensait que la police allait avoir honte mais cela n’a pas été le cas. Plutôt, elle a décidé son transfert au cachot du district de Kasulu avec ses deux propres enfants », s’indignent des réfugiés.
« Alors que ceux qui sont revenus en exil sont pour le moment pris en charge par le HCR avant de les inscrire sur la liste des rapatriés, nous craignons aussi que la famille de Jessica ne puisse être rapatriée de force », ajoutent ses voisins qui dénoncent un « traitement inhumain réservé aux réfugiés burundais alors que les Congolais y vivent paisiblement ».
Depuis 2020, plusieurs centaines de Burundais, anciens réfugiés en Tanzanie avant d’être rapatriés ont repris le chemin d’exil. Seulement, ils se heurtent à plusieurs difficultés dont le refus d’être officiellement reçus afin de bénéficier du statut de réfugié ou encore le fait d’être soupçonnés d’être des espions du gouvernement burundais. Les intéressés indiquent fuir la persécution qu’ils subissent une fois arrivés au Burundi. Le HCR quand à lui annonce qu’il lui est difficile d’accueillir ces Burundais que les présidents des camps (représentants du gouvernement tanzanien) ne veulent plus enregistrer.
La Tanzanie héberge plus de 300 mille réfugiés dont plus de 127 mille Burundais, selon les statistiques du HCR.
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Photo : une pancarte indiquant le camp des réfugiés de Nyarugusu
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