Photo de la semaine : explosion d’abandons scolaires à cause de la faim à Bubanza
Des habitants de la colline de Buhoro en commune et province de Bubanza (ouest du Burundi) se plaignent de la hausse des prix des produits vivriers. Aller à l’école ventre vide est insupportable pour plusieurs écoliers. Ils ont décidé de claquer la porte des classes.
Un responsable collinaire a signalé qu’ils sont une vingtaine à avoir abandonné l’école dans sa localité seulement. Plusieurs familles disent que « nous ne sommes plus en mesure de trouver la ration suffisante pour nos enfants ». (SOS Médias Burundi)
Avec la fin du mois de septembre, les prix des produits vivriers ont augmenté de façon inquiétante à Bubanza tout comme dans d’autres provinces de la petite nation de l’Afrique de l’est.
Le riz, le maïs, la farine de manioc, les haricots etc…ont augmenté de 1000 francs burundais par kilogramme, voire même plus. Ce sont ces aliments que l’on retrouve sur l’assiette de Burundais en général.
Les produits de base dont le prix n’a pas été revu à la hausse sont généralement des tubercules comme le manioc, la patate douce et la colocase.
« Des familles mangent à peine une fois par jour, la nuit », avoue une mère.
Un conducteur de taxi-vélo avoue qu’il a du mal à nourrir sa famille.
« Il arrive que je gagne trois mille francs burundais par jour. Alors que le kg de riz coûte le même montant. Les haricots coûtent 2300 francs le kg , la farine de manioc coûte 1700 et la farine de maïs 2300 francs par kg . Avec cette somme que je gagne par jour, je ne peux pas faire vivre ma famille », se désole-t-il.
Conséquences de cette rareté de produits vivriers
« J’ai vu des enfants avec une apparence de malades de malnutrition », estime une mère rencontrée au marché de Bubanza.
Conséquence : des enfants ont commencé à quitter les classes. C’est le cas certains écoliers du quartier de Matonge, au nord de la ville de Bubanza.
Selon un responsable collinaire, une vingtaine d’écoliers ont abandonné l’école.
« C’est à cause de la faim que les enfants ne vont plus à l’école, ils ne mangent pas bien », témoigne-t-il.
Souhaits
« Le gouvernement devrait laisser les produits vivriers en provenance de l’étranger entrer au Burundi, sans payer de taxes à la frontière », proposent des commerçants de produits essentiels rencontrés dans un marché du chef-lieu de cette province de l’ouest-Burundi.
« En réalité, la production intérieure n’a pas été bonne et ne suffit pas pour nourrir la population toujours croissante. Cela est aggravé par le manque de pluie et son arrivée tardive. Le gouvernement devrait libéraliser le commerce des produits vivriers et investir dans ce secteur », indique un agriculteur.
Des cantines scolaires alimentées par le PAM (Programme Alimentaire Mondial) sont dans quelques écoles de Bubanza. Dans ces établissements, pas d’abandons scolaires.
Des habitants regrettent cependant que cette agence onusienne qui distribue des vivres collectés à l’intérieur du pays, donc a contribué dans la diminution des vivres secs (haricots, riz).
« Cette année a été déclarée une année agricole par le chef de l’État. Elle est plutôt une année de crise dans l’approvisionnement des produits agricoles à Bubanza , pourtant grenier en riz, haricot, manioc, bananes », déplore un fonctionnaire.
Les spéculations sur les engrais FOMI (Fertilisants organo-minéraux) ont occasionné une production médiocre du riz, l’insuffisance de l’eau d’irrigation avec les échecs dans l’aménagement du barrage de Kajeke (province de Bubanza).
Plusieurs habitants qui ont plus de cinquante ans ont témoigné que « c’est la première fois dans l’histoire du Burundi que nous voyons les prix monter à ce rythme et faisons face à une telle situation de vie chère ».
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Notre photo : des écoliers sur un établissement scolaire dans la localité de Buhororo, novembre 2022
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