Burundi : Décrié, le mandat du rapporteur spécial onusien est prolongé

Burundi : Décrié, le mandat du rapporteur spécial onusien est prolongé

C’est la session de ce jeudi qui a voté pour la prolongation d’une année du mandat du Burkinabè Fortuné Gaétan Zongo. Le Rapporteur Spécial sur le Burundi est décrié à l’intérieur par le gouvernement et la société civile locale, pourtant applaudi par les organisations internationales. (SOS Médias Burundi)

D’après une source sur place à Genève, le vote n’a pas été compliqué ni pris beaucoup de temps. « Résultat final : sur 47 pays, 20 ont voté en faveur du renouvellement du mandat du rapporteur spécial, 10 ont voté contre au moment où 17 se sont abstenus », apprend-on.

Parmi les partisans du mandat, il y a les USA, la Belgique, la France, l’Allemagne ou encore l’Ukraine. Parmi ceux qui ne soutiennent pas le mandat, on peut citer la Chine, le Cameroun, l’Algérie, le Cuba, l’Erythrée, le Gabon, la Somalie ou encore le Soudan. Et le groupe des neutres est constitué notamment par le Bénin, la Côte d’Ivoire, l’Inde, la Gambie, le Malawi, le Maroc, le Sénégal ou encore l’Afrique du Sud.

« L’Afrique a affiché une neutralité complice. Aucun pays africain n’a voté pour. Ils sont soit contre et en grande partie neutres. Alors, comment être neutre en situation de violation des droits humains ? », analyse un activiste burundais.

Satisfaction…

Les organisations des droits de l’homme en exil et celles de portée internationale se disent satisfaites.

«C’est un combat gagné, une victoire méritée. Nous sommes reconnaissants pour le conseil des droits de l’homme des Nations-Unies qui veut que le monitoring continue sur les assassinats ciblés, les tueries, les arrestations arbitraires, les tortures, les violences sexuelles et l’impunité dont bénéficient ceux qui commettent ces bavures», commente Maître Armel Niyongere, président de l’Acat-Burundi, une de ces organisations qui avaient saisi l’organe onusien en faveur du renouvellement du mandat du Rapporteur spécial sur le Burundi.

Déception…

Pour les organisations qui sont sur terrain au Burundi, le vote du conseil onusien des droits de l’homme est décevant.

« Nous sommes très déçus. Nous, plus de 40 organisations, avions plaidé pour la fermeture de cet office. Ce soit-disant rapporteur spécial fait tout pour tenir l’image du Burundi. Il donne des rapports biaisés, politiquement motivés, sans nous consulter. Il fait la honte et devrait arrêter de manipuler le secteur des droits humains pour des intérêts inavoués », a réagi Gérard Hakizimana, président de Folucon-F, une organisation locale militant contre le népotisme et le favoritisme, au nom de ses confrères avant de demander au gouvernement de « ne pas donner accès à ce partisan des complotistes du coup d’état manqué du printemps 2015».

Non-événement…

Gitega considère le vote comme un non-lieu.

« C’est plutôt le rejet de cette résolution politiquement orientée et les abstentions (27) qui ont gagné sur les 20 pays qui utilisent les droits de l’homme comme un outil de régulation de la géopolitique dans le Sud Global. Certains d’entre eux ont voté contre le droit au développement », a indiqué le ministre de la diplomatie burundaise ambassadeur Albert Shingiro sur le compte X (ancien Twitter), dans la page des commentaires en lien avec conclusions du vote du conseil des droits de l’homme de l’ONU.

Et d’ajouter : « le vote prouve que ses initiateurs ne sont pas encore définitivement sortis de la période de 2015 à 2020 pendant laquelle le Burundi a déjoué avec bravoure et héroïsme un plan machiavélique de renversement des institutions démocratiquement élues au Burundi ».

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L’ONU espère plutôt que le Burundi récemment élu comme membre de ce conseil pourra « coopérer avec les mécanismes onusiens pour la protection des droits humains ».

Fortuné Gaétan Zongo a d’ailleurs réitéré sa demande de visa pour qu’il soit « témoin oculaire sur terrain des avancées vantées par le Burundi en matière des droits humains ». Il veut aussi fouler le sol burundais pour « engager des discussions avec les partenaires locaux et des institutions nationales en ce qui est des réformes nécessaires pour la bonne protection des droits humains ».

Gitega risque de réserver une fin de non-recevoir à sa demande.

«Mon pays ne veut plus entendre parler de lui. Nous le décrions et il n’aura jamais de visa d’y entrer. Qu’il continue à pactiser avec ceux qui lui dictent mots pour ternir l’image de mon pays », a récemment indiqué l’ambassadrice du Burundi à Genève Elisa Nkerabirori, devant l’Assemblée générale du conseil des Nations-Unies des droits de l’homme après avoir rejeté le rapport annuel présenté par le rapporteur spécial sur le Buruni.

Son bureau a pris la relève de la commission onusienne d’enquête sur le Burundi en octobre 2021. Même cette dernière n’avait pas eu l’autorisation de se rendre au Burundi pendant les cinq ans de son existence.

L’ONU a accepté d’allouer des fonds supplémentaires au bureau de M.Zongo.

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Photo d’archives : À gauche, Fortuné Gaétan Zongo, le Rapporteur spécial onusien sur la situation des droits humains au Burundi dont le mandat a été renouvelé

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