Burundi : le pays a une nouvelle équipe de la commission électorale

Burundi : le pays a une nouvelle équipe de la commission électorale

Sept nouveaux membres de la commission électorale nationale indépendante (CENI) ont été approuvés par le sénat ce mercredi. L’actuel porte-parole du gouvernement Prosper Ntahorwamiye va présider la CENI. Certains partis politiques dont l’APDR disent qu’ils n’ont pas été consultés mais espèrent qu’ils le seront lors de la mise en place des démembrements de la commission. (SOS Médias Burundi)

C’est le président du sénat burundais Emmanuel Sinzohagera qui a lu les CV des sept membres qui composent la nouvelle équipe de la commission en charge des élections au Burundi. Mais il s’est abstenu de mentionner leur appartenance ethnique, leur province d’origine et tendance politique.

L’actuel porte-parole du gouvernement Prosper Ntahorwamiye a hérité la présidence de la commission. Son adjointe est Victoire Nahimana. C’est une ancienne sénatrice. M.Ntahorwamiye fût porte-parole de la commission. Une autre femme du nom d’Odette Bizimuremyi sera en charge des finances et de l’administration au sein de la CENI.

L’ancien procureur général de la République Sylvestre Nyandwi (août 2016- juillet 2023), a été confié le volet juridique. Quant à François Bizimana, ancien opposant et conseiller au sénat actuellement, il va s’occuper de la communication notamment. Un autre salarié du sénat va travailler comme gestionnaire du stock de matériels. Il s’agit de Gaby Bugaga. Jusqu’ici , il était responsable du bureau en charge de la communication et des relations publiques au sénat. C’est un journaliste de formation. Léonidas Ndayiragije enfin, se chargera des technologies de l’information et de la communication.

Réactions

Le très célèbre activiste burundais en exil Pacifique Nininahazwe a estimé que « l’un des pires procureurs généraux de la République que le Burundi ait jamais produits est désormais membre de la CENI ».

« Sylvestre Nyandwi, l’homme qui a couvert des crimes contre l’humanité commis par le régime contre l’opposition, devient l’arbitre des prochaines élections », a accusé M. Nininahazwe.

Pour le secrétaire général du parti CNL, Simon Bizimungu, l’adoption de la nouvelle équipe viole la constitution burundaise.

« Conformément à l’article 91 de la constitution burundaise, les noms des membres de la CENI devraient être adoptés par les deux chambres séparément, par la moitié des membres de l’Assemblée nationale et du sénat présents. Or , ce n’est que le sénat qui a voté seulement », explique l’opposant.

Il se demande comment une commission mise en place dans de telles conditions pourrait remplir son rôle.

Des salariés de la CENI montrent des urnes vides à des électeurs avant que le vote ne commence, mai 2020

D’autres partis politiques dont l’APDR disent qu’ils n’ont pas été consultés. Toutefois, ils estiment que ce qui compte c’est la neutralité et l’indépendance qui devront caractériser la nouvelle équipe.

Gabriel Banzawitonde, président de ce parti a appelé toutefois les membres de la CENI à « s’approcher des responsables de partis politiques pour voir comment mettre en place des démembrements de la commission dans les communes et provinces, plus représentatifs ».

Quant à Gérard Hakizimana, président de l’organisation locale Folucon-F qui milite contre le népotisme et le favoritisme « ce qui compte c’est que cette commission est composée de Burundais. Nous leur demandons de travailler en toute indépendante de façon à organiser des élections inclusives pour avoir des leaders choisis par les Burundais afin que notre pays continue sur la lancée démocratique sur laquelle il est déjà engagé ».

En 2015 et 2020, les autorités de la petite nation de l’Afrique de l’est ont organisé des élections sans l’aide étrangère et loin des yeux des observateurs internationaux. Cela, suite à la crise déclenchée par un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza.

Des leaders de partis politiques dont Olivier Nkurunziza du parti Uprona proche du parti au pouvoir le CNDD-FDD, ont récemment souhaité que les législatives de 2025 et la présidentielle de 2027 soient aussi supervisées par des observateurs internationaux, en plus des mandataires locaux.

Les opposants et une partie de la société civile burundaise, ont toujours accusé le parti présidentiel de toujours se battre pour avoir une commission qui lui est dévouée. Ce que l’ancienne rébellion Hutu a toujours balayé d’un revers de la main, reprochant à l’opposition de « se souvenir de ses militants lors des élections seulement alors que nous, nous restons aux côtés de la population avant, pendant et après les élections ».

Dans une interview exclusive accordée à SOS Médias Burundi, l’éternel opposant et leader de l’opposition burundaise Agathon Rwasa a dit que « j’invite nos amis du CNDD-FDD à reconnaître que le Burundi ne sera jamais synonyme du CNDD-FDD et cela, il ne le sera jamais ».

Il demande aux autorités burundaises de « laisser les Burundais se choisir des leaders qu’ils veulent en permettant une compétition loyale ».

« Le secrétaire général de ce parti (le CNDD-FDD) l’a dit, il ne veut pas de compétition », s’est désolé Rwasa parlant de la suspension des activités de son parti, le CNL.

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Photo d’illustration : des électeurs prêts à voter au Burundi

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