Burundi (nord-est)- pénurie de carburant : le secteur de la santé fortement affecté
La pénurie répétitive du carburant de type diesel touche particulièrement le secteur de la santé dans les provinces du nord-est du Burundi.Tous les districts sanitaires et les hôpitaux des provinces Kayanza, Ngozi, Muyinga et Kirundo connaissent aujourd’hui ce problème qui touche d’ailleurs tous les secteurs de la vie.Les supervisions ne se font plus correctement et à temps. Les ambulances restent clouées dans des parkings faute de carburant.Entre autres conséquences : des hôpitaux enregistrent plusieurs cas de décès qu’ils disent qu’ils auraient pu éviter et un manque d’hygiène dans les morgues. (SOS Médias Burundi)
Le personnel soignant n’en peut plus.
« Nous sommes dans la désolation totale. Nous sommes désespérés suite à la pénurie du carburant, les urgences sont très limitées. Sauf des cas de maternité. Les autres urgences sont ignorées, or en majorité, celles-ci concernent les cas de paludisme graves », a confié un médecin généraliste de l’hôpital Muyinga à SOS Médias Burundi.
« Plusieurs cas de décès surtout infantiles sont enregistrés alors qu’ils sont arrivés à notre service des urgences. Ils nous parviennent alors que nous sommes dans des situations critiques suite au retard dû au manque de carburant pour le transport », a continué le médecin.
En province Kirundo, on ne s’occupe plus de cas d’urgence, comme l’ont précisé des ambulanciers.
« Ça fait presque une semaine sans aucune urgence même des cas de complications des femmes lors de l’accouchement. Les communes proches des cours d’eau connaissent beaucoup de cas de paludisme suite aux moustiques. Nous sommes déjà alertés que les centres de santé sont submergés par les malades surtout de cas graves de paludisme », a signalé une infirmière.

« Ici à l’hôpital de Kirundo nous avons peur qu’il puisse y avoir une explosion de maladies liées à la saleté car les coupures incessantes du courant aggravent la situation, surtout dans la morgue où se trouve une chambre froide pour les dépouilles. Nous sommes déjà habitués à de telles situations de manque du mazout, notre groupe électrogène s’éteint et les cadavres dégagent une odeur nauséabonde qui arrive jusqu’au service de pédiatrie’’, a déploré une infirmière.
L’administration dans l’indifférence
Lorsque le carburant est présent dans les différentes stations-service, l’administration fixe une quantité insignifiante pour les hôpitaux et les districts sanitaires.
« C’est très dommage. L’administration et la police favorisent les activités de leurs services ainsi que les camions des commerçants qui corrompent les gérants des stations-service et les policiers. La population est très fatiguée de la situation », s’est plaint un fonctionnaire basé dans la région.
« À l’époque du président Nkurunziza (décédé en juin 2020), nous ne voyions pas ces cas de malheur. Nous mourrons de faim. La pénurie de carburant touche tout le monde. Quand il y a un accident grave, nous prenons une moto avec beaucoup de risques et payons un prix exorbitant pour transporter les blessés », s’est désolé un habitant.

Certains habitants ont exprimé leur ras-le-bol contre le régime CNDD-FDD.
« Nous manquons une opportunité et des leaders prêts à se sacrifier, sinon nous nous retrouverions tous dans la rue. Même nous les policiers sommes prêts », a déclaré un agent de la police sous couvert d’anonymat.
La crise-carburant dans la petite nation de l’Afrique de l’est vient de durer plus de trois ans, s’accompagnant de la montée vertigineuse de prix des denrées alimentaires et produits de première nécessité. Elle affecte tous les secteurs de la vie du pays, la ville commerciale Bujumbura où est concentrée l’administration centrale étant la plus touchée.
Les autorités burundaises qui avaient choisi de berner la population pendant longtemps évoquant notamment un problème de camions suffisants « pour aller ramener les produits pétroliers en quantités suffisantes au port de Dar-es-Salaam ( Tanzanie) » ont préféré « ne plus s’exprimer sur la situation ».
Selon Faustin Ndikumana, président de l’ONG locale PARCEM ( Parole et Action pour le réveil des consciences et le changement des mentalités), les autorités burundaises doivent « accepter cette crise économique, convoquer une table ronde sur la problématique ».
Les analystes locaux et étrangers restent convaincus que le manque de devises est la cause principale de cette crise sans issue.
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Photo : des conducteurs de taxis-motos transportent sur la tête les réservoirs de leurs engins à la recherche du carburant
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