Buhumuza : les enfants en situation de rue désertent en masse le centre de rééducation

Buhumuza : les enfants en situation de rue désertent en masse le centre de rééducation

Plus de la moitié des 700 enfants et jeunes qui étaient logés au centre de rééducation d’anciens enfants en situation de rue de Munzenze de la nouvelle province Buhumuza (est du Burundi) ont déserté.Ils ont envahi les rues de centres urbains des provinces Ruyigi, Cankuzo et Muyinga (nord-est). Ils volent notamment dans des ménages et boutiques.Les défenseurs des droits des enfants s’inquiètent de la situation. (SOS Médias Burundi)

Différents centres urbains des provinces Ruyigi, Cankuzo et Muyinga sont envahis par un nombre grandissant d’enfants en situation de rue.

« Des cas de vol se sont multipliés dans les ménages et les boutiques durant la nuit. En plein jour c’est dans des lieux de stationnement de transport en commun et même dans les champs de cultures vivrières dans les milieux ruraux « , signale un habitant de Cankuzo.

Selon des autorités locales, avant que les premiers enfants en situation de rues ne soient recueillis à Munzenze, ce phénomène n’avait pas une telle ampleur inquiétante.

Le ministère de l’Intérieur, de la sécurité publique et du développement communautaire a voulu mettre fin au phénomène des enfants en situation de rue qui proliférait de façon incontrôlée dans la ville commerciale Bujumbura.

Jusqu’en mai 2023, la capitale économique du Burundi était devenue le théâtre de plusieurs forfaits commis par des jeunes gens violents et difficile à gérer. Les uns se comportant comme de véritables gangsters, commettant des vols, viols, rackets, etc.

C’est ainsi qu’au cours des moins d’août et septembre en 2023, plusieurs rafles ont été opérées par la police burundaise sur les routes les plus fréquentées du centre-ville de Bujumbura pour capturer des enfants et des jeunes gens et les amener au centre de Munzenze.

Parmi ces enfants rassemblés à Munzenze, la plupart sont originaires des provinces de la mairie de Bujumbura et Bujumbura (ouest) , Bubanza, Kayanza et Cibitoke (nord-ouest).

Certains d’entre eux ont pu s’entretenir avec notre rédaction et ont fait savoir qu’ils subissent des mauvais traitements qui les contraignent à fuir ce centre.

Des enfants s’occupent en jouant au centre de Buhumuza, avril 2024

Ils citent entre autres le manque de nourriture, le rationnement étant détourné par les encadreurs, le manque d’hygiène et assainissement car tout le site n’a qu’un robinet fonctionnel, des dortoirs sans lits, sans matelas, ni draps ni moustiquaire.

« Des filles qui ont déjà atteint l’âge de la puberté sont logées avec de jeunes hommes de plus de 16 ans répertoriés comme des enfants », s’indigne une source sur place.

Ce centre de rééducation et d’apprentissage de divers métiers a été créé pour aider cette jeunesse. Avec son éloignement de la capitale économique du Burundi, dit-on, une lueur d’espoir s’annonçait que cette jeunesse allait enfin partir de ce centre avec une base solide de construire son avenir avec responsabilité.

Moins d’une année après, la population s’indigne de cette situation, qui est en réalité la conséquence d’un manque de planification et de l’absence de suivi de la part du gouvernement burundais qui n’a pas été en mesure de tenir la promesse qu’il avait donnée à cette jeunesse qui croyait y bénéficier d’une formation de divers métiers afin de s’organiser et d’abandonner la vie qu’elle menait dans les rues.

Contactés à ce sujet, des administratifs dans les trois provinces préfèrent ne pas s’exprimer sur le sujet pour éviter les sanctions qu’ils pourraient subir de la part des hauts dirigeants du pays. Il convient également de noter que ce site est une ancienne brigade de la gendarmerie abandonnée après la guerre et transformée pour accueillir ces enfants de la rue.

Le seul robinet utilisé par les occupants du centre de Buhumuza, avril 2024

Plus de la moitié des 700 enfants et jeunes gens qui y étaient logés se sont déjà volatilisés dans la nature. Les organisations de défense des droits des enfants s’inquiètent de l’avenir de ces jeunes gens. La question que d’aucuns se posent est : Munzenze est-il un centre de rééducation d’anciens enfants en situation de rues, ou un centre de cantonnement pour enfants indésirables dans la rue ?

Le ministre burundais en charge des affaires intérieures Martin Niteretse s’est récemment contenté de dire que « la question des enfants de la rue qui y retournent est une affaire de tout le monde ».

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Photo : des anciens enfants de la rue dans une salle, en attente d’être servis à manger au centre de Buhumuza, avril 2024

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