Bujumbura : la marche comme alternative au manque de véhicules de transport en commun
C’est devenu le vécu quotidien des citadins depuis bientôt deux semaines de pénurie intense de carburant. Les parkings des bus sont presque désertiques.Très tôt le matin, les rues de la capitale économique se remplissent de gens qui se rendent à leurs activités quotidiennes.Des familles entières : parents et élèves ont désormais pris cette habitude de se préparer pour la marche de tous les jours le matin comme le soir.La situation se dégrade et la population perd toute lueur d’espoir malgré la promesse du chef de l’État l’an dernier qu’il allait prendre en main la gestion du carburant pour pallier aux pénuries récurrentes. (SOS Médias Burundi)
Ceux qui attendent les bus dans les quartiers quittent leur domicile avant le lever du jour pour faire la queue aux arrêts-bus, selon des témoins.
« Cela fait plus d’une semaine que moi et mes enfants ne dormons presque plus. On doit se réveiller très tôt le matin pour ne pas rater le bus. Nous habitons très loin du centre-ville et les enfants ne peuvent pas marcher jusqu’à l’école étant encore très petits. Là aussi on doit se battre pour avoir trois places dans un bus de transport », nous a confié un parent du quartier Carama au nord de la ville commerciale Bujumbura.
Il précise que les gens n’ont plus peur du noir parce que « nous marchons en groupes en se remontant un peu le moral ».
Des habitants du sud de la ville joints par SOS Médias Burundi affirment que « bientôt, on ne va plus se rappeler qu’un jour on a eu à se déplacer dans des véhicules. C’est tellement ancré dans nos têtes qu’il n’y a pas d’autre issue. Je sais que je quitte la maison à pied pour faire la même chose le soir », affirment-ils.
Des retards et absences au service tolérés
D’après nos sources, les retards au service et en classe ne sont plus considérés comme des fautes répréhensibles. Chacun a toujours un motif à avancer : pas de carburant ou pas de bus. Telle est la réponse qui revient souvent, sans oublier qu’il y en a qui s’absentent le lendemain car ils sont éreintés suite aux gros efforts fournis la veille.

Des habitants de Bujumbura sur un parking sans bus, désespérés
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Les parkings des bus au centre-ville sont presque vides. À 8h du matin, les citadins font des files d’attente dans l’espoir de voir un bus apparaître.
« Ce qui fait le plus mal, c’est que les chauffeurs actuellement font payer plus cher que le ticket de transport fixé par le gouvernement. Ou bien, ils transportent plus de passagers prévus, voire le double. C’est à prendre ou à laisser », regrette une jeune dame rencontrée à un parking de bus qui vont au sud de la capitale économique.
Sur le marché noir, le litre d’essence peut s’acheter jusqu’à vingt mille francs burundais, alors qu’il ne devait pas coûter plus de quatre mille francs.
« Celui qui se trouve dans le besoin s’en procure sans trop réfléchir. Où allons-nous ? Qu’allons-nous devenir? », s’interrogent-ils, sans réponse.
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Photo : des passagers attendent un bus en vain, certains commencent à marcher
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