Burundi : 6 organisations burundaises accusent le Rwanda de soutenir des rebelles et le traduisent devant la justice de l’EAC

Burundi : 6 organisations burundaises accusent le Rwanda de soutenir des rebelles et le traduisent devant la justice de l’EAC

Pour six organisations burundaises basées au Burundi, le Rwanda doit payer pour son probable soutien aux rebelles Red-Tabara qui ont revendiqué une attaque ayant fait au moins 20 morts en décembre 2023 à Gatumba non loin de la frontière avec le Congo. Elles se sont plaintes auprès de la cour de Justice du bloc économique de l’Afrique de l’est. Kigali parle d’un acte « sans effet ». (SOS Médias Burundi).

Ces organisation sont Folucon F, ACOPA-Burundi, Ligue Izere Ntiwihebure, ONLCT Où Est Ton Frère, Pisc-Burundi et « Abana Bacu, ABA ». La plainte a été déposée et reçue en avril dernier.

Pour elles, Kigali doit répondre de ses responsabilités devant la cour de justice de la Communauté Est-Africaine à laquelle le Burundi et son « frère-ennemi » sont affiliés.

« D’après nos enquêtes, le Rwanda a apporté son soutien aux rebelles qui ont massacré des femmes, des enfants et des vieillards à Gatumba en décembre 2023. Ce sont des crimes contre l’humanité. Alors ce pays a violé le traité de l’EAC qui stipule qu’aucun pays ne doit déstabiliser l’autre ni soutenir des fauteurs de troubles », explique Gérard Hakizimana, représentant légal de Folucon F au nom des plaignants.

Ces derniers s’attendent à des miracles de la part de la cour de l’EAC.

« Nous avons présenté des preuves tangibles, avons demandé des indemnités de plus de 3 milliards de USD pour le compte des familles des victimes et exigé que des injonctions soient données au Rwanda pour ne plus agresser le Burundi », poursuit M.Hakizimana.

Kigali a été signifié par la cour de l’EAC en avril dernier selon une copie à notre disposition. Pour ce pays, la plainte déposée par les organisations de la société civile burundaise est sans effet.

« D’abord, avant de saisir la cour régionale, elles devraient épuiser toutes les voies de recours dans les tribunaux internes, ce qui n’a pas été fait à notre connaissance. Ensuite, le président burundais et son chef d’état-major ont apposé des signatures sur un document qui confirme que le groupe rebelle est installé au Congo. Alors, que vient faire le Rwanda dans tout cela ? », se désole le porte-parole adjoint du gouvernement rwandais Alain Mukularinda.

L’officiel rwandais minimise l’affaire qu’il qualifie de « sans fondement » et de « procès déjà perdu d’avance ».

Même si les articles 27 et 30 du traité de l’EAC permettent aux organisations et individus de saisir sa cour, Maître Dieudonné Bashirahishize qui plaide devant elle, quand il a eu connaissance de l’affaire, dit avoir été ébahi.

Pour lui, c’est inimaginable.

« Ces organisations connues comme des caisses de résonance du gouvernement tyrannique burundais, qui sont restées muettes quand les autres criaient aux violations des droits humains et aux assassinats ciblés, en chantant que rien ne se passait alors que nous, nous saisissions des juridictions internationales, si elles se réveillent pour plaider en faveur des opprimés, c’est pour moi un pas en avant ! », ironise-t-il.

Des manifestants anti-Rwanda et Belgique dont des membres des organisations de la société civile proche du pouvoir à Bujumbura

Et de s’en inquiéter : « Si réellement, il est de leur initiative et que ce n’est pas le gouvernement qui se cache derrière la plainte pour faire le chantage au niveau sous-régional ! Mais, là je m’en doute !».

Pour lui, de telles affaires nécessitent des enquêtes indépendantes et internationalement reconnues comme d’ailleurs l’exige le groupe rebelle Red-Tabara qui ne reconnaît pas les chiffres de victimes civiles avancés par le gouvernement burundais.

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Cependant, le Rwanda ne serait pas le premier à indexer sur l’attaque de Gatumba selon Maître Bashirahishize.

« Le premier responsable est le Burundi dont les services de sécurité ont failli à protéger les citoyens. Le second est le pays d’où les rebelles sont venus et se sont repliés vers, et c’est la RDC, frontalière directement avec le Burundi et Gatumba qui a subi l’attaque. Et d’ailleurs ces rebelles le reconnaissent eux-mêmes », explique ce professionnel de droit, ancien vice-président du Forum des Avocats de la communauté de l’Afrique de l’est, « East Africa Law Society ».

Kigali rassure qu’il va répondre à la barre pour fouler aux pieds la plainte de ces organisations burundaises qui semblent se substituer en émissaires de Gitega, pour qui, le groupe rebelle Red-Tabara est un pur produit du Rwanda.

« Ce groupe est logé, ravitaillé et financé par le Rwanda », a accusé le Chef de l’Etat Évariste Ndayishimiye fin 2023.

De sa part Kigali s’en lave toujours les mains et rejette en bloc toutes ces allégations.

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Photo : les cercueils des victimes de l’attaque de Gatumba allongés devant la paroisse catholique de Gatumba avant une messe en leur mémoire qui a été suivie par leur enterrement, le 26 décembre 2023

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