Mahama (Rwanda) : l’assistance aux réfugiés devient de plus en plus problématique
Le HCR a opéré des changements dans le système de distribution du gaz combustible aux réfugiés du camp de Mahama au Rwanda. Cette assistance a été réduite de moitié. Les réfugient crient à une tentative de rapatriement forcé. (SOS Médias Burundi)
Ce lundi, au camp de Mahama situé à l’est du Rwanda, c’était le jour de distribution du gaz combustible, mais plus de la moitié de ceux qui devaient être servis sont rentrés les mains vides.
Des changements qui pénalisent les réfugiés
D’abord chez les réfugiés de la première catégorie sociale dite des plus vulnérables, une bouteille de Gaz de 6 kg qui devrait durer deux semaines devra être utilisée pendant trois semaines, donc « une réduction de 20% d’après les calculs du HCR », expliquent des agents du HCR.
Pour les réfugiés de la seconde catégorie sociale dite des moins vulnérables, la bouteille qui devrait durer deux semaines, doit être utilisée pendant un mois. « Cela veut dire qu’en un mois on va être alimenté en gaz une fois alors qu’avant, on était approvisionné deux fois le mois », précise un réfugié.
Et pour les réfugiés de la troisième classe sociale dite des « non vulnérables » qui sont généralement des gens qui travaillent dans différents projets dans le camp, ils n’auront plus de gaz combustible.
A cela s’ajoutent des retards considérables qui s’observent souvent pour la distribution de gaz combustibles.
« Moi j’ai une famille de 8 membres, alors le gaz que j’ai eu le mois dernier est épuisé avant de finir le mois d’avril. Alors, je me suis présenté au guichet et on m’a dit que je dois encore attendre 13 jours. Donc, c’est une bouteille de gaz de 6 kg pour un mois. Ce qui est pratiquement impossible », témoigne Melchior* (nom d’emprunt), un réfugié burundais père de famille au micro de SOS Médias Burundi.
Même son de cloche pour son compatriote Felix* (nom d’emprunt).
« En d’autres termes, nous n’avons plus de combustible ici au camp. Ce qui est malheureusement et ironiquement explicable car ils ont même réduit la quantité de vivres par personne. Donc, ils le font sciemment car ils savent que nous n’avons rien à cuisiner ! », laisse-t-il entendre, qualifiant la situation de « suicide et intenable».
Ces réfugiés regrettent encore qu’à côté de la réduction de l’alimentation et du gaz, la quantité d’eau est aussi sévèrement règlementée sur les robinets publics.
« Normalement, une personne doit puiser 18 litres d’eau par jour et ils multiplient par la taille de la famille. Alors, ils ont annoncé qu’ils vont réduire cette quantité et revoir aussi l’horaire d’ouverture de robinets. Nous sommes dans la désolation », indiquent-ils.
Tous ces changements ont eu pour conséquence notamment une hausse des prix sur le marché où les prix de certains produits comme le charbon, le riz et les tubercules ont doublé, voire triplé, rendant la vie encore plus difficile.
Les réfugiés soupçonnent un agenda caché
«Ce n’est plus un secret, ils veulent nous forcer à rentrer peut être car la vie devient de plus en plus intenable. C’est une autre forme déguisée de nous rapatrier par la force. Nous le constatons amèrement, ils ne veulent plus de nous mais le font malignement », s’accordent-ils à dire.
Ils demandent que cette situation cesse et qu’ils soient bien pris en charge en attendant que la situation revienne à la normale chez eux, surtout les Burundais, pour qu’ils rentrent volontairement.
Le camp de Mahama héberge plus de 63 000 réfugiés dont plus de 40 000 Burundais, le reste étant des Congolais.
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Photo : le camp de réfugiés de Mahama. Crédits: HCR/Tony Karumba
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