Rwanda : Paul Kagame formalise sa candidature à la présidentielle de juillet 2024

Rwanda : Paul Kagame formalise sa candidature à la présidentielle de juillet 2024

Paul Kagame, actuel président rwandais a présenté ce vendredi sa candidature à la commission électorale pour son 4ème mandat. Son autoroute est presque vide. Ses opposants, exclus de la course électorale eux fustigent déjà le processus électoral. (SOS Médias Burundi)

Accompagné par le staff de son super puissant parti politique le FPR et de son épouse, Paul Kagame est arrivé vers 11h au bureau de la commission nationale électorale, NEC. Souriant et saluant tout le monde, l’homme fort de Kigali s’est montré plus que rassuré.

Il est le premier à présenter son dossier de candidature pour la présidentielle du 15 juillet prochain. Au pouvoir depuis 2000, il est crédité du spectaculaire développement du Rwanda, après le génocide commis contre les Tutsis en 1994.

Paul Kagame qui est régulièrement accusé de bafouer la liberté d’expression et de réprimer toute voix critique , ne s’est pas exprimé ce vendredi.

Mais il a déjà annoncé qu’il ne compte pas briguer un autre mandat après celui-ci. Il l’a indiqué début mai quand son parti l’a désigné pour représenter ses couleurs.

« Le fardeau que vous me faîtes porter, je l’accepte. Mais, je vous l’ai déjà dit, je le répète encore une fois, je souhaite que vous choisissiez un autre leader pour me soulager et me remplacer », a-t-il martelé devant un parterre de trois mille congressistes.

Avant d’ajouter : « Je ne suis pas le seul déstiné à diriger. Et je ne voudrais pas le choisir moi-même car vous en êtes capables. Seulement, je pourrais apporter ma contribution dans le processus de choix d’un bon candidat, qui pourra faire plus que ce que nous avons accompli et avancer notre pays ».

Soutien et exclusion…

Presque tous les autres candidats, essentiellement de son opposition sont soit exclus ou se sont résignés pour soutenir sa candidature.

Parmi ses soutiens, l’on peut citer six formations politiques dont le PSD qui dirige le sénat, le PL à la tête de l’Assemblée nationale, le PDI ou encore le PDC qui sont en principe de la mouvance présidentielle. Elles ont choisi de participer aux législatives seulement.

Explications, « nous n’avons pas de candidat qui peut compétir avec Paul Kagame », ont tour à tour indiqué les leaders de ces formations politiques.

Reste ceux de l’opposition radicale comme le parti « Green Party » de l’honorable Franck Habineza. Il a déclaré qu’il va se présenter à la présidentielle de juillet prochain.

Député de 47 ans, ce dernier n’a obtenu que moins de 1% des voix à la présidentielle de 2017. Mais pour lui, qu’il gagne la présidentielle ou pas, l’essentiel est que certains des éléments de son programme soient mis en application même par le parti au pouvoir.

« Dans mon projet de société de 2017, il y avait par exemple l’introduction de la nouvelle technologie sur les satellites et l’achat des drones pour sécuriser notre pays, cela a été fait. La réforme dans le secteur de l’agriculture, de l’éducation, de la conservation de la nature et la gestion des catastrophes naturelles, tout cela était dans notre manifeste », s’est-il vanté dans les médias rwandais.

Et de s’admirer : « Alors, plus de 70% des éléments du projet de société de notre parti sont pris en compte et mis en application. L’essentiel n’est pas que de gagner les élections, en d’autres termes on gagne sous une autre forme. Alors, nous sommes déterminés à affronter le parti au pouvoir et nous y parviendrons ».

D’autres figures critiques sont déboutées de leur effort. C’est notamment Victoire Ingabire et son avocat Maître Bernard Ntaganda.

La Haute Cour de Justice a invalidé le dossier de Victoire Ingabire car ayant passé plus de huit ans en prison.
Elle qualifie cette décision de mouvais départ pour les élections de 2024.

«Si on est dans un pays où il n’y a pas un État de droit, est-ce vous pensez qu’on peut avoir des élections qui soient libres et transparentes ? Parce que maintenant, cela prouve que ces élections vont être exclusives. Si l’opposition est toujours exclue par la justice, ce n’est pas signe de démocratie », a fustigé cette figure Hutue très critique , régulièrement accusée de négation du génocide des Tutsis au Rwanda.

Candidat mécontent…

L’autre challenger qui a récemment exprimé son désir est la jeune opposante Diane Rwigara.

«Un nouveau chapitre pour le Rwanda commence maintenant. Ensemble, nous ferons l’histoire ! Rejoignez-moi alors que je me présente à la présidentielle. Allons-y”, a-t-elle écrit sur son compte X ( Anciennement Twitter). D’après plusieurs analystes, elle devra faire beaucoup d’efforts, presqu’inimaginables pour affronter Paul Kagame, l’homme fort du pays dont la rébellion a mis fin au génocide des Tutsis en 1994.

Diane Rwigara avait voulu se présenter à la présidentielle d’août 2017, mais son dossier de candidature avait été rejeté par la commission électorale « en raison de falsifications de signatures pour son soutien ».

Arrêtée et jugée pour falsification de documents mais aussi, avec sa mère et sa soeur, pour « incitation à l’insurrection », elle a été acquittée en 2018 de ces accusations, « infondées » selon le tribunal.

D’après toujours des analystes, Diane Rwigara veut se présenter par mécontentement.

Récemment, la famille Rwigara a dû faire face à une nouvelle tragédie lorsque Anne, la soeur de Diane, a été retrouvée morte à son domicile en Californie, à la fin du mois de décembre 2023. Un décès brutal, lié à la défaillance de plusieurs organes, qui a laissé ses proches sous le choc.

En 2015, le patriarche, l’homme d’affaires Assinapol Rwigara, un ancien financier du FPR au pouvoir, avait trouvé la mort dans un accident de la route.

Dès lors, Diane Rwigara a pris ses distances avec le FPR après le décès de son père. Elle, comme sa famille, avait contesté cette version et émis des doutes sur les circonstances de ce drame et dénoncé l’acharnement des autorités à leur encontre.

Des accusations systématiquement rejetées par les autorités rwandaises.

L’actuel président rwandais Paul Kagame a toujours remporté la présidentielle chaque fois avec plus de 90% des voix en 2003, 2010 et 2017.

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Photo : Paul Kagame remet sa candidature à la présidente de la NEC Oda Gasinzigwa, le 17 mai 2024, crédit photo : Igihe

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