Burundi : les autorités peinent à fournir du carburant mais ne veulent plus de véhicule sur les stations-services

Burundi : les autorités peinent à fournir du carburant mais ne veulent plus de véhicule sur les stations-services

La police burundaise a annoncé jeudi qu’il est désormais interdit de garer son véhicule sur une station-service sans carburant. Elle évoque la facilitation de la circulation sur la voie routière et le souci d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Mais une certaine opinion pense que les autorités burundaises qui n’arrivent pas à trouver une solution à la crise-carburant qui vient de durer plus de trois ans, veulent éviter que des images de longues files de véhicules sur des stations-services vides, ne circulent plus. (SOS Médias Burundi)

L’Inspection générale de la police nationale du Burundi (PNB) a interdit aux propriétaires des engins roulants de les garer le long de la route près des stations-services sans carburant.

Le porte-parole de la police burundaise Désiré Nduwimana a été on ne peut plus clair dans sa déclaration de jeudi : aucun véhicule ne sera toléré devant un point de distribution du carburant qui n’en dispose pas.

« Il est strictement interdit de faire des rangées de véhicules le long de la route ou devant les stations-services en attente du carburant. Il est plutôt souhaité que quelqu’un qui veut s’approvisionner en carburant s’informe et sache sur quelle station-service il va trouver le carburant dont il a besoin », a annoncé Désiré Nduwimana ce jeudi.

La police rappelle également que les pannes sèches ne sont plus tolérées.

Des conducteurs de ces engins doivent se rassurer avant tout qu’ils ont suffisamment de carburant pour éviter de les arrêter au milieu de la route.

Les récalcitrants s’exposent à des sanctions. Des amendes allant jusqu’à 50 mille francs burundais sont prévues dans ce cadre, selon des conducteurs qui ont déjà été punis.

Pour Désiré Nduwimana, ces mesures sont prises dans le but de « faciliter la circulation sur les voies routières » et dans le souci permanent d' »assurer la protection des biens et des personnes ».

Le constat est que ces derniers jours, des gens à la recherche du carburant n’ont plus peur de laisser leurs véhicules devant les stations-services pendant plus de 7 jours dans l’espoir d’être servis les premiers. D’autres vivent le calvaire en passant des nuits entières dans les voitures pour s’assurer de leur sécurité. Il y a deux semaines que les agents affectés à des stations-services avaient commencé à dire aux propriétaires de véhicules qu’il n’est plus autorisé de les garer devant des points de distribution du carburant qui n’en ont pas.

« Vous n’avez pas le droit d’emmener un véhicule sans carburant sur les stations, les véhicules sans carburant doivent être garés à la maison. C’est une mesure qui vient d’en haut », ont répété à des conducteurs, des policiers postés sur des stations-services dans la ville commerciale Bujumbura.

Certains ont vu leur plaque se faire enlever, y assistant impuissamment et étant obligés de s’acquitter des amendes.

Vraies raisons

Même si la PNB évoque la facilitation de la circulation sur les voies routières et la protection des biens et personnes, des observateurs locaux et étrangers y voient une autre explication.

« La crise-carburant qui vient de durer plus de trois ans est loin d’être dénouée. Les autorités burundaises sont gênées de voir les images de longues files de véhicules sur des stations-services vides circuler dans le monde entier. Il n’y a aucun autre pays au monde où l’on peut constater cette situation. Au fait, elles veulent protéger de ce qui reste de la bonne image du Burundi », analysent-ils.

Des conducteurs de taxis-motos transportent sur la tête les réservoirs de leurs engins à la recherche du carburant

SOS Médias Burundi a eu des témoignages des journalistes locaux qui ont été contraints ces derniers jours, de supprimer les images prises sur les parkings sans bus dans la capitale économique notamment.

« C’est vous qui ternissez l’image de notre pays en propageant ces images », ont proféré des menaces à l’encontre de nos collègues, des policiers.

La situation est si compliquée que même le porte-parole de la police n’a pas convié les médias à sa communication pour « éviter des questions ». Désiré Nduwimana a fait un enregistrement audio qu’il a distribué notamment à travers un groupe WhatsApp regroupant des journalistes de la presse locale et des porte-paroles des institutions étatiques.

Les autorités de la petite nation de l’Afrique de l’est qui avaient choisi de maintenir les Burundais dans l’espoir en publiant des communiqués sur des quantités innombrables en carburant stockées sur le port de Dar-es-Salaam en Tanzanie lors des trois dernières années, ont préféré se taire ces derniers jours, n’ayant plus de proposition de solution.

Même le président burundais Évariste Ndayishimiye qui avait espéré un remède magique en confiant la gestion des produits pétroliers à la Regideso, la seule entreprise étatique qui peine à satisfaire les Burundais en eau et électricité dont elle est en charge et qui avait déclaré que  » je vais prendre en main moi-même la gestion du carburant « , semble être dépassé par les évènements.

Des analystes burundais en économie dont Faustin Ndikumana, président de l’ONG locale PARCEM (Parole et action pour le réveil des consciences et le changement des mentalités), plaident pour une table ronde de tous les intervenants dans le secteur-carburant pour « trouver une solution à cette crise qui se pérennise ».

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Photo : des véhicules sur une station-service sans carburant à Cibitoke

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