Burundi : la pénurie du carburant affecte le travail des médias
Les journalistes sont en difficultés de se déplacer actuellement à la recherche de l’information. C’est lié au manque de carburant qui ne trouve toujours pas de solution. La qualité de l’information délivrée en dépend. (SOS Médias Burundi)
La crise-carburant qui vient de durer bientôt 45 mois n’épargne pas les médias au Burundi. Un responsable d’un média indépendant parle d’une situation « qui nous dépasse ».
« Avant on se débrouillait, on pouvait prendre un taxi ou louer une voiture pour les courses de la journée. Mais aujourd’hui, on n’y parvient plus car c’est très cher », déplore un directeur d’une radio privée émettant depuis la capitale économique Bujumbura, où sont concentrées les agences des Nations-Unies et l’administration centrale.
Il indique que les informations diffusées ces derniers jours n’ont plus de saveur suite aux conditions de travail très délicates.
« Chaque journaliste doit se démerder pour se rendre sur terrain. Avant on prenait le bus mais il arrive qu’on passe plus d’une heure à attendre sur un parking vide, en vain. Des fois, nous sommes en retard et on nous empêche même d’entrer », regrette un journaliste local.
D’autres confrères, obligés de marcher à pied, s’arrangent pour collecter le peu d’informations possibles une fois arrivés sur terrain et essaient de les envoyer aux collègues restés au bureau pour le traitement, surtout via la messagerie WhatsApp.
Les responsables des médias disent être dépassés par les événements car aucune solution n’est envisageable. Ils disent assister impuissamment à ces mauvaises conditions de travail. Ils font tout de même de leur mieux pour avoir le peu à partager au public.
Parfois, les détenteurs de l’information se voient dans l’obligation de déplacer les journalistes ou se rendent eux-mêmes au siège de certains médias pour délivrer l’information.
Si la situation reste telle qu’elle est aujourd’hui, la plupart des médias privés burundais risquent de ne plus respecter le rendez-vous avec leur public.
Médias publics
Les médias publics dont la RTNB (Radio télévision nationale du Burundi) subissent le même sort.
« Avec la carence du carburant, il ne faut pas s’attendre à voir au bureau un seul salarié à 7h 30. Pire encore, chaque employé qui veut s’absenter va brandir le motif de manque de déplacement. Les chefs de services n’y peuvent rien », a confié à SOS Médias Burundi un journaliste senior de la RTNB. Cette dernière a quelques réservoirs pleins, mais avec les terrains à l’intérieur du pays en provinces et les présentateurs de journaux qui doivent se présenter à temps, difficile de trouver un moyen de déplacement pour tout le personnel. Normalement, les salariés de la fonction publique dans l’ensemble, y compris ceux de la RTNB doivent être à leur lieu de travail à 7h 30.
Les Publications de Presse Burundaise (PPB), un média public aussi sont affectées par la crise-carburant également. En plus du manque de moyens de déplacement pour les employés, le tirage ne se fait plus comme il se doit car la carence de carburant s’accompagne des coupures répétitives et prolongées du courant, alors que même le fonctionnement des groupes électrogènes n’est pas possible, ces derniers consommant de l’essence.
La situation est aggravée par la crise généralisée que traverse la petite nation de l’Afrique de l’est, dans un contexte marqué par le manque de financements et ressources ainsi que le déclin de la publicité.
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Photo: des journalistes des médias indépendants dans un entretien avec Pierre Claver Mbonimpa, le célèbre défenseur des droits humains burundais en exil aujourd’hui © SOS Médias Burundi
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