Goma : près de 25.000 résidents chassés de leur domicile

Goma : près de 25.000 résidents chassés de leur domicile

Environ 25.000 résidents de différentes localités du groupement de Bambo sur le territoire de Rutshuru ont été chassés de leur domicile depuis la semaine dernière. C’est dans la province du Nord-Kivu à l’est du Congo. Des responsables administratifs et des habitants accusent le M23 de les avoir délogés afin d’y installer d’autres personnes, inconnues de la région. Un porte-parole du M23 dit que ce sont les milices locales entretenues par les autorités congolaises qui ont éloigné ces habitants. (SOS Médias Burundi)

Les autorités à la base parlent d’une situation dramatique. Elle a commencé depuis la semaine dernière, d’après ces autorités.

« Ces familles ont été chassées par les rebelles du M23 qui opèrent dans la zone. Elles ont été obligées d’abandonner leurs maisons. Les rebelles y ont installé d’autres personnes qui ne sont pas connues par la population locale », a accusé Isaac Kibira, fonctionnaire délégué du gouverneur adjoint de province dans le groupement de Bambo.

Dans un entretien avec SOS Médias Burundi, M. Kibira a indiqué lundi que les premiers habitants à avoir été expulsés occupaient les villages qui touchent sur la route principale.

« Les gens ont été sommés de fermer leurs maisons et de déguerpir sans poser de questions », a-t-il dit.

Des habitants reprochent aux rebelles du M23 de les avoir malmenés.

« Moi, j’ai été giflé pour avoir demandé seulement où je devrais me diriger. J’ai essayé de résister mais deux hommes ont sauté sur moi comme des bêtes enragées. C’est comme ça que j’ai fini par abandonner ma maison », témoigne un père de famille qui a trouvé refuge dans une école publique.

Un camp de déplacés de guerre dans le Nord-Kivu, juin 2024 © SOS Médias Burundi

D’après des sources locales, plusieurs milliers de résidents ont été acceullis dans les écoles et églises locales. Mais il y en a également qui se sont dirigés dans les forêts, buissons et montagnes.

Des civils tués

Au moins 9 civils ont été tués, selon la société civile. Thierry Abisi, acteur de la société civile locale a affirmé que ces personnes ont été tuées par les rebelles du M23, samedi dernier, au moment où ils forçaient les résidents à quitter leur domicile.

Les villages qui se sont vidés de leurs occupants, sont contrôlés par le M23, selon les responsables administratifs locaux. Thierry Abisi appelle les autorités congolaises à « tout mettre en œuvre en vue de libérer les zones occupées par les rebelles ».

Un chef de ménage qui est hébergé dans une école publique a dit à SOS Médias Burundi que « nous craignons pour notre sécurité même ici dans ce lieu qui nous a reçus ».

Le M23 rejette les allégations

Le porte-parole politique du M23, Lawrence Kanyuka a nié toutes ces allégations.

« Nous ne pouvons jamais être impliqués dans de tels actes. Nos soldats sont disciplinés et maîtrisent leur mission de protéger la population. Nous sommes les sauveurs du peuple congolais », a-t-il déclaré dans un entretien téléphonique avec SOS Médias Burundi.

M. Kanyuka a accusé les milices locales entretenues par les autorités congolaises d’être à l’origine de ces déplacements massifs de la population insistant que « chez nous, nous protégeons les civils, le peuple est roi ».

Des miliciens locaux attaquent le M23 à Bashali dans le Nord-Kivu © SOS Médias Burundi

Héritier Gashegu Habimana, un porte-parole d’une coalition des milices locales a reproché au M23 de « vouloir installer des Rwandais sur notre propre sol ». « Mais ils oublient que c’est chez nous. Nous allons les combattre jusqu’à la dernière goutte de sang de nos jeunes résistants », a-t-il insisté.

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants. Depuis mi juin 2022, il a récupéré plusieurs zones de la province du Nord-Kivu dont la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda où il a installé son quartier général.

Les autorités congolaises restent persuadées qu’il bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.

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Photo : des habitants fuyant Shasha vers Sake dans le Nord-Kivu, le 6 février 2024 © SOS Médias Burundi

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