Burundi : les opposants vont participer aux législatives comme électeurs mais pas comme compétiteurs ( CENI)
Le président de la Commission électorale nationale indépendante du Burundi, CENI, a annoncé vendredi que la seule coalition politique de l’opposition » Burundi Bwa Bose » et le principal parti politique de l’opposition CNL vont participer aux législatives de mai prochain comme » électeurs mais pas comme compétiteurs ». C’est après que toutes les candidatures de cette coalition et du CNL y relatives aient été rejetées par sa commission. L’opposant Charles Nditije en exil aujourd’hui décrit des élections qui seront » pires » que celles de 2020.
INFO SOS Médias Burundi
C’est dans un point de presse que Prosper Ntahorwamiye l’a déclaré dans la ville commerciale Bujumbura où se trouve le quartier général de sa commission.
» Un parti qui n’arrive pas à remplir les conditions, je m’excuse ce sont les règles du jeu, ne peut pas faire cette compétition. Ils vont participer aux élections comme électeurs mais pas comme compétiteurs », a-t-il insisté.
Reproches
Le 31 décembre dernier, la CENI avait annoncé que toutes les candidatures de la seule coalition politique de l’opposition » Burundi Bwa Bose » présente sur le terrain et du principal parti d’opposition CNL avaient été rejetées, évoquant notamment des manquements liés aux équilibres ethniques et de genre. La commission avait aussi dit que ladite coalition avait aligné des candidats qui ne militent pas pour les partis qui lui sont affiliés. https://www.sosmediasburundi.org/2025/01/03/burundi-toutes-les-candidatures-de-la-seule-coalition-politique-et-du-principal-parti-dopposition-aux-prochaines-legislatives-rejetees-par-la-ceni/
Prosper Ntahorwamiye, président de la CENI qui a déclaré que les opposants vont participer aux législatives comme électeurs mais pas comme compétiteurs ( SOS Médias Burundi)
Ce vendredi, M. Ntahorwamiye a été on ne peut plus clair.
» L’honorable Agathon Rwasa a perdu la direction, le leadership du parti CNL mais il n’a pas perdu la qualité de membre du parti et pour preuve, il siège encore à l’Assemblée nationale au nom de ce parti. Il en est de même des gens de ce parti qui se trouvent presque dans les mêmes conditions. Le parti CNL n’est pas membre de cette coalition, la loi sur les partis politiques n’autorise pas que quelqu’un soit membre de deux partis politiques à la fois », a clarifié le président de la CENI.
Disposition scélérate qui vise Rwasa
Charles Nditije n’y va pas par quatre chemins: le code électoral est discriminatoire, plus catastrophique quant à son contenu.
» Les coalitions des partis politiques sont presque interdites parce que l’on dit que les coalitions sont formées lorsque les élections sont convoquées. Donc vous n’avez pas le temps de faire campagne et de faire connaître votre coalition si vous attendez que les élections soient convoquées. Et cela est fait exprès. Les indépendants n’ont pas de place non plus. Il faut avoir au moins 40% des suffrages exprimés. Et puis un indépendant doit se présenter à titre personnel, il ne peut pas se coaliser avec d’autres. Pire encore, il doit avoir quitté son parti politique ou démissionné ou avoir été déchu deux ans avant les élections », explique l’opposant Charles Nditije, président du parti Uprona-aile de l’opposition.
Et d’ajouter : » vous comprenez, regardez où se dirige mon regard comme on dit, c’est vraiment une disposition scélérate qui vise essentiellement Agathon Rwasa dont on connaît la force politique parce que l’on sait qu’il avait gagné les élections en 2020, tout le monde le sait ».
Le nouveau code électoral constitue un véritable recul du fait que rien n’est prévu en cas de contentieux électoral, selon Nditije.
» S’il y a des problèmes pour le comptage, il n’y a aucune disposition qui vous permet de porter plainte et de faire un recours. Ça n’existe pas du tout », dit M. Nditije.
L’ancien chef rebelle Hutu et leader traditionnel-CNL, Agathon Rwasa, a été chassé de la direction de ce parti par un groupe de cadres de la principale formation politique de l’opposition début mars 2024, lui reprochant de » vouloir s’éterniser à la tête du parti en violation de la loi ».https://www.sosmediasburundi.org/2024/03/10/burundi-le-pouvoir-aide-le-cnl-a-se-fendre-ce-qui-ne-fait-pas-peur-a-son-leader-agathon-rwasa/
Mais le CNL reconnu par les autorités burundaises n’est pas épargné par la décision de la CENI, ce qui a irrité Thérence Manirambona, son porte-parole. Il a dit à la presse locale vendredi que ce parti a aussi saisi la cour constitutionnelle. Selon M. Manirambona, » la deuxième force politique d’un pays ne peut être absente dans la course électorale à moins que l’on veuille consacrer les partis politiques les plus représentatifs à ne pas participer aux élections, ce qui ne serait pas bon pour un pays qui se dit démocratique « . Il a qualifié la mesure de la CENI de » non fondée ».
La CENI, un instrument du parti présidentiel
La Commission électorale nationale indépendante et ses démembrements- les commissions provinciales et communales, ont été mises en place de façon unilatérale, rappelle Charles Nditije. » Tous les partis politiques y compris ceux qui sont proches du CNDD-FDD, ont crié au scandale en dénonçant cette imposition des membres de la CENI qui sont d’ailleurs membres ou proches du CNDD-FDD à 90% », évoque-t-il.
Il anticipe des élections » de tous les dangers ».
« Il n’y aura pas d’observateurs étrangers, même l’église catholique qui pouvait dénoncer n’a pas été incluse, et puis les journalistes sont interdits de publier, de dire quoi que ce soit- les irrégularités qui se commettent, ils ne peuvent pas le faire sinon ils risquent la prison ou la mort. Bref, ce sont des élections de tous les dangers où tout est quadrillé, tout est verrouillé. Donc ce sont des élections qui seront pires que celles de 2020 », prédit l’opposant Charles Nditije en exil depuis 2016.
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Des salariés de la CENI montrent des urnes vides à des électeurs avant que le vote ne commence, mai 2020( SOS Médias Burundi)
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