Burunga : des accusations graves contre le président de la CEPI par l’opposition
Les partis d’opposition au Burundi, avec l’Uprona en tête, dénoncent ce qu’ils qualifient de comportement indigne du président de la Commission électorale provinciale indépendante (CEPI) dans la nouvelle province de Burunga, au sud du pays. Philemon Nahabandi, président de cette institution, est accusé de manipulation des rapports collégiaux émanant des membres de la commission. Selon l’Uprona, ce dernier serait un habitué des pratiques frauduleuses, un comportement qui avait déjà conduit à son arrestation en 2015 pour fraude électorale. (SOS Médias Burundi)
Les tensions actuelles trouvent leur origine dans les listes de conseillers communaux pour les communes de Bururi et Musongati. Selon les informations recueillies, ces listes avaient été approuvées collégialement par les membres de la CEPI Burunga. Cependant, à leur grande surprise, des membres de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ont informé l’Uprona que ses listes dans ces deux communes avaient finalement été rejetées.
« Philemon Nahabandi a ajouté un rapport annexe pour justifier le rejet des listes de l’Uprona dans les communes de Musongati et Bururi, » a confié à SOS Médias Burundi, un membre de la CEPI, ayant requis l’anonymat.
Selon ce témoignage, le président aurait invoqué des irrégularités sur les deux listes en question. Pourtant, le collège des membres de la CEPI avait initialement proposé une solution : remplacer trois candidats figurant sur la liste des titulaires par leurs suppléants respectifs. Cette alternative aurait permis de valider les listes sans compromettre leur intégrité.
Un passé controversé
Pour l’opposition, ces agissements s’inscrivent dans une continuité de pratiques électorales douteuses. Philemon Nahabandi est accusé d’avoir truqué des cartes nationales d’identité en faveur d’élèves du lycée communal Nyange, dans la commune de Makamba, où il exerçait comme directeur en 2015. Ces faits lui avaient valu une arrestation à l’époque.
Malgré ce passé, il a été nommé président de la CEPI dans la province de Makamba, une décision qui avait déjà suscité l’indignation des partis d’opposition. Ces derniers ont toujours dénoncé ses liens présumés avec le CNDD-FDD, le parti au pouvoir. De plus, son appartenance à l’Église de Pentecôte est parfois perçue comme un élément politisé dans le contexte local.
Les appels à la vigilance de la CENI
Face à ces nouvelles accusations, l’opposition exhorte la Commission électorale nationale indépendante à surveiller de près les agissements de Nahabandi.
Pour elle, il est essentiel de garantir l’intégrité des processus électoraux et d’empêcher que des pratiques similaires se reproduisent.
L’Uprona et d’autres formations politiques réclament ainsi des actions fermes de la part des instances supérieures pour éviter toute manipulation qui pourrait porter atteinte à la crédibilité des élections à venir.
Cette affaire met en lumière les défis auxquels fait face le système électoral burundais, où des soupçons de partialité et de fraude continuent de fragiliser la confiance des citoyens et des acteurs politiques.
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Photo d’illustration : un homme dans un bureau de vote aménagé par la CENI au Burundi © SOS Médias Burundi
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