Bujumbura : l’hôpital militaire débordé par l’afflux de blessés des combats avec le M23
L’hôpital militaire de Kamenge, situé au nord de Bujumbura, capitale économique du Burundi, est confronté à une surcharge liée à l’arrivée massive de militaires burundais blessés en République démocratique du Congo (RDC) lors des affrontements opposant l’armée congolaise et ses alliés aux rebelles du M23. (SOS Médias Burundi)
Selon des constats sur place, une partie des locaux habituellement réservés aux mères et enfants a été réquisitionnée pour accueillir ces blessés.
Patients redirigés ou reportés
De nombreux patients ayant des rendez-vous dans le service de chirurgie ont vu leurs consultations reportées ou annulées. “Cela faisait deux semaines que j’attendais mon rendez-vous. Aujourd’hui, on m’a dit qu’il est annulé et que je dois chercher un médecin ailleurs. C’est choquant”, s’est indigné un sexagénaire rencontré à l’hôpital.
Une occupation inhabituelle des locaux
Si de l’extérieur l’activité semble habituelle avec des enfants hospitalisés et des patients venant pour des radiographies, l’intérieur des bâtiments présente une tout autre réalité. Dans l’unité mère-enfant, normalement destinée aux femmes enceintes et aux enfants de moins de 15 ans, plusieurs hommes alités sont visibles. Ces militaires présentent des blessures graves, notamment à la tête, aux bras et aux jambes.
“Hier, deux d’entre nous ont été transférés au service de réanimation ”, a confié un militaire blessé, sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Un autre blessé a expliqué : “Nous avons été touchés lors des combats contre le M23 en RDC.”
La peur est palpable parmi ces militaires hospitalisés. “C’est comme s’ils se surveillent entre eux”, a remarqué un reporter de SOS Médias Burundi. Par ailleurs, un colonel de l’armée burundaise fait régulièrement le tour des chambres pour contrôler la situation et s’assurer qu’aucun intrus ne communique avec les soldats.
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Une gestion marquée par la discrétion
La manière dont les blessés de la Force de défense nationale du Burundi (FDNB) sont pris en charge montre une volonté apparente des autorités militaires de “dissimuler leur présence”.
“Depuis la création de l’hôpital, l’unité mère-enfant accueille exclusivement des mères et des enfants de moins de 15 ans”, a précisé une source médicale. Pourtant, des chambres de cette unité (104, 107, 108, 301, 305, entre autres) abritent désormais des militaires blessés. Certains sont également admis dans le service de réanimation. Une autre salle, située à proximité des urgences pour adultes, héberge un grand nombre de blessés.

Cependant, l’accès à ces locaux est strictement surveillé. “Un agent de la police militaire est posté en permanence et contrôle les mouvements des personnes”, a-t-on constaté.
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Personnel soignant rappelé
Face à cet afflux, le personnel soignant est sous pression. Même les employés en congé ont été rappelés pour renforcer les équipes.
“Nous n’avons pas de repos, et personne n’a le droit de poser de questions. On exécute les ordres”, a déclaré une infirmière.
L’incertitude sur les chiffres
SOS Médias Burundi n’a pas pu obtenir le nombre exact de militaires burundais blessés dans les combats avec le M23. Toutefois, des sources internes à l’hôpital indiquent que leur transfert a considérablement augmenté ces deux dernières semaines.
“Ce lundi et mardi, nous avons été choqués : chaque jour, entre 40 et 50 blessés sont arrivés à la fois”, a confié un garde-malade.
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Photo : des éléments de l’armée burundaise sur l’aéroport de Goma, le 6 mars 2023 © SOS Médias Burundi
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