Nakivale (Ouganda) : un réfugié burundais détenu pour trafic humain

Nakivale (Ouganda) : un réfugié burundais détenu pour trafic humain

Sylvestre Ndizeye, la cinquantaine, est détenu dans un cachot de la police. Il a été arrêté après une disparition inquiétante d’un petit garçon de la communauté congolaise. Il est chargé par la mère du petit garçon d’être impliqué dans la disparition de son enfant et est soupçonné de « trafic humain ». Ses compatriotes crient à l’injustice. (SOS Médias Burundi)

Sylvestre Ndizeye, réfugié burundais de 53 ans, est détenu depuis ce 20 janvier à Kabingo, non loin du camp de Nakivale en Ouganda. Il habite au village de Kashojwa B.

Il est soupçonné par sa voisine de trafic humain.

D’après nos sources sur place, l’affaire remonte au mois de septembre dernier quand une Congolaise a annoncé que son fils (entre 6 et 8 ans) a disparu. Elle a alors saisi la police et a directement pointé du doigt Sylvestre Ndizeye. Ce suspect a été vite arrêté pour des investigations. Il sera relaxé après l’enquête de la police pour « manque d’indices tangibles ».

Fort curieusement, le dossier refait surface et ce réfugié burundais a été interpellé de nouveau, cette fois par la police régionale de Mbarara, lundi dernier.

Ses compatriotes crient à l’injustice

« Nous avons saisi la police ici pour dénoncer cette arrestation arbitraire. Nous osons croire que les agents qui l’ont arrêté sont corrompus. Nous connaissons ce vieux, il est calme », explique son chef de village. Il dit que Sylvestre Ndizeye suit des séances pour surmonter son traumatisme.

 » C’est un innocent. Il est suivi par des psychologues de l’ONG-TPO. Un relevé des rendez-vous est disponible. Il devrait être relâché sans condition », ajoute-t-il.

Au camp de Nakivake, ce type d’allégations est couramment utilisé par des réfugiés, surtout congolais pour demander un troisième pays d’accueil, a-t-on appris.

« Disparitions présumées ou violences sexuelles simulées, ce sont des accusations qui sont monnayées ici pour des intérêts personnels et de grosses sommes d’argent sont dépensées comme frais de corruption. Et d’ailleurs, certaines fraudes dans ces dossiers sont le plus souvent découvertes », affirment des leaders locaux.

Pour le cas présent de ce père de six enfants, des Burundais exigent des enquêtes sérieuses pour éviter un emprisonnement arbitraire.

Ils demandent aussi à la police et à l’administration du camp d’œuvrer pour  » rompre avec ce genre d’allégations infondées pour des fins de réinstallation en Europe, au Canada, en Australie et aux USA ».

Ils estiment que c’est une sorte de trouble à la sécurité du camp auquel les instances habilitées doivent trouver solution dans les meilleurs délais « sinon, des tueries et règlements de compte pourraient s’en suivre ».

Nakivale abrite plus 140.000 réfugiés dont plus de 33.000 Burundais. Ses occupants proviennent de plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne.

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Photo : Sylvestre Ndizeye, le réfugié burundais détenu par la police ougandaise, soupçonné de trafic humain © SOS Médias Burundi

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