Nduta (Tanzanie) : démolition des maisons pour la moindre faute des réfugiés
Les réfugiés burundais dénoncent une pratique devenue monnaie courante : la démolition des maisons si les occupants sont accusés d’une quelconque faute. Plusieurs maisons ont été déjà détruite. Leurs propriétaires ne savent pas à quel saint se vouer. (SOS Médias Burundi)
A Nduta, « une peine improvisée » semble être incluse dans « le code pénal » qui régit ce grand camp de réfugiés burundais en Tanzanie. Si un réfugié commet la moindre faute, sa maison est directement mise à terre par des gardiens civils et des policiers sous les ordres de l’administration du camp.
« Ceux qui sont soupçonnés de banditisme, de vol, d’absence prolongée dans le camp, de commerce illicite, d’ivresse, …, et donc tout suspect se voit infliger la même punition : sa maison est démolie publiquement », raconte un leader local de la zone V au camp de Nduta.
Pire encore, ajoute-t-il, « Même si c’est le chef de famille ou un autre membre du foyer qui est fautif, toute la famille est mise dehors et leur maison est détruite. C’est vraiment inacceptable alors que la responsabilité devrait être au moins personnelle », dénonce-t-il.
Il compte déjà des dizaines de maisons démolies dans sa seule zone en moins de six mois. Et si on totalise dans cette zone, « c’est une centaine de réfugiés qui en sont victimes », indique-t-il.
Des réfugiés estiment que c’est une autre forme d’intimidation et de forcing au rapatriement volontaire.
« Les occupants d’une maison démolie doivent choisir entre l’hébergement chez un voisin et le retour au pays. Et la deuxième option est le plus souvent choisie. Donc, ils sont forcés de prendre une décision à la hâte et contraire à leur volonté. D’autres encore quittent le pays pour se diriger vers d’autres pays limitrophes comme le Kenya, l’Ouganda ou la Zambie », expliquent des habitants de Nduta.
Ces Burundais ne nient pas qu’il y a des fautifs, des criminels ou des suspects qui soient en conflit avec la loi. Mais ils trouvent que ce sont le code pénal en vigueur en Tanzanie et des mesures disciplinaires devraient être appliqués.
Ils exigent que l’administration revienne sur cette pratique vivement critiquée. Et de se demander pourquoi le HCR ne fait rien alors que « le logement est parmi les droits élémentaires que doivent bénéficier des réfugiés sous la responsabilité de cette agence onusienne ». Ils accusent le HCR d’être complice. Depuis plusieurs années, les autorités tanzaniennes ont systématiquement violé les droits des réfugiés sans que l’agence onusienne puisse intervenir comme il se doit, selon des défenseurs des droits de réfugiés qui menacent de saisir des juridictions internationales.
Nduta compte plus de 58.000 réfugiés burundais. Ses occupants ont fui la crise de 2015 consécutive à un autre mandat controversé de feu président Pierre Nkurunziza la même année, pour la plupart.
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Photo : des maisons situées à côté des anciennes parcelles sur lesquelles se trouvaient des habitations qui ont été détruites par les autorités tanzaniennes dans le camp de Nduta © SOS Médias Burundi
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