Nakivale (Ouganda) : recrudescence des violences domestiques liées au Covid-19
Depuis le mois de mars dernier, l’Ouganda est soumis aux mesures de confinement pour lutter contre le Coronavirus. Le camp de réfugiés burundais de Nakivale n’a pas été épargné.Pour le moment, ce camp enregistre plusieurs violences domestiques liées à des mesures de confinement. (SOS Médias Burundi)
Dislocations familiales, violences physiques et/ou sexuelles, forte croissance démographique causant des violences conjugales, […] tels sont les quelques exemples identifiés par des représentants des réfugiés burundais au camp de Nakivale en Ouganda.
À cela s’ajoute, indiquent-ils, le banditisme et les tueries liés à la pauvreté qui s’observe dans ledit camp, à cause des mesures de confinement prises pour lutter contre le Coronavirus, empêchant les réfugiés à sortir du camp.
“Nous avons déjà répertorié 3 cas d’assassinat et plus de 5 cas de coups et blessures dans les ménages du seul village de Kabazana, depuis mars dernier”, disent-ils.
D’après des réfugiés qui se sont confiés à SOS Médias Burundi, tout cela est aggravé par la réduction de la quantité de nourriture et du montant reçu en Cash (Shillings Ougandais) de la part du HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés).
“Plusieurs hommes ont délaissé leurs familles pour aller chercher la vie dans les villes. Et, ils épousent d’autres femmes ou leurs épouses restées à Nakivale sont obligées d’avoir des amants pour subvenir aux besoins des enfants, ce qui exacerbe les tensions entre conjoints”, expliquent-ils.
Pour le moment, des agents communautaires sillonnent le camp pour sensibiliser les réfugiés sur les conséquences du Covid-19.
La société civile lance une campagne
En Ouganda, deux organisations de la société civile, le « Mécanisme pour l’Initiative de la Recherche de la Paix et le Développement » (MI-RPD), et le « Réseau d’Action Internationale sur les Armes Légères » se sont mises ensemble pour une campagne de prévention et d’élimination de la violence domestique pendant et après la pandémie.
Ces organisations qui opèrent dans la région de l’Afrique des Grands Lacs précisent dans leur communiqué que cette campagne va s’étendre aussi sur le Burundi, le Rwanda, la RDC, l’Ouganda, le Kenya et la Tanzanie.
“Nous lançons un appel aux personnes vivant dans la région des Grands Lacs, la Corne de l’Afrique et les pays limitrophes de faire un effort afin que leurs ménages soient en sureté et exemptés de violences, surtout la violence domestique qui entraine des décès, blessures graves et des intimidations insupportables”, a déclaré Jean-Claude Sinzinkayo, Directeur exécutif du MI-RPD, basé à Kampala.
D’après ces ONGs, personne ne devrait maltraiter ou menacer son partenaire ou ses enfants en raison du stress, de l’insécurité économique ou d’autres problèmes que le COVID-19 pourrait entraîner.
“Cette période difficile appelle plutôt les membres du ménage à communiquer les uns avec les autres et se comporter de manière non violente et non menaçante”, conseillent-elles.
Elles disent avoir documenté plusieurs cas de violence domestique.
Dans certaines situations, les agresseurs ont eu recours à des armes légères. “Dans notre région, la prolifération des armes continue. La violence armée met un terme aux vies humaines, fait que la violence contre les femmes soit plus meurtrière, cause de nombreuses victimes et peut conduire les ménages à sombrer dans l’extrême pauvreté et entraver le développement des communautés et des pays de manière durable. Nous ne devons pas accepter cela comme notre réalité permanente et surtout à cause du Covid-19”, a souligné M. Sinzinkayo.
La campagne baptisée « Halte à la violence domestique pendant et après la période de Covid-19 », va durer quatre jours.
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