L’an 2020, une année très difficile pour les réfugiés burundais
Les réfugiés burundais installés dans des camps en Tanzanie, Ouganda, RDC et au Rwanda ont connu une année particulière suite à la pandémie de Covid-19 et des conditions de vie très difficiles. Particulièrement en Tanzanie, plusieurs violations des droits des réfugiés ont été observées. Des actes dénoncés même au niveau international. De l’autre côté, l’an dernier aura été caractérisé par un espoir chez des réfugiés qui estiment que le régime qu’ils ont fui n’est plus en place. (SOS Médias Burundi)
*Mtendeli (Tanzanie) : l’année a été beaucoup marquée par la famine, la destruction des stands de commerçants réfugiés, la fermeture de marchés à l’intérieur du camp et plusieurs départs vers le Burundi.
Des réfugiés qui ont parlé à SOS Médias Burundi qualifient 2020 comme une « année de destruction ».
*Nduta (Tanzanie) : 2020 aura été caractérisée par des enlèvements, disparitions forcées, arrestations arbitraires. Selon nos chiffres, au moins 40 Burundais ont disparu à Nduta au cours de l’an passé et des centaines d’interpellations opérées par la police tanzanienne et les renseignements.
Ce camp a aussi connu plusieurs cas de paludisme et maladies des mains sales surtout chez les plus jeunes en plus de la fermeture d’un centre de santé par MSF (Médecins Sans Frontières), ce qui a aggravé les conditions de prise en charge médicale des réfugiés.
Les réfugiés burundais de Nduta ont été interdits l’année dernière de fréquenter les communautés d’accueil et ces dernières intimées l’ordre de ne plus se rendre dans le camp.
Des réfugiés rencontrés par notre reporter estiment qu’ils se souviendront de 2020 comme une année où ils ont été « coupés du monde« .
*Nyarugusu (Tanzanie) : l’année a été beaucoup marquée par des attaques répétitives des commerçants et des individus qui font le business de transfert d’argent par téléphone. Vers la fin de l’année, on a aussi assisté à la destruction des champs de réfugiés burundais, surtout de maïs.
Des occupants de Nyarugusu indiquent considérer l’an dernier comme « l’année la plus instable« .
Point commun : incertitude et peur d’être refoulés
Le point commun à ces trois camps de réfugiés est l’incertitude du lendemain ainsi que la peur d’être refoulés. “2020 c’est aussi une année où l’on aura assisté à plusieurs visites des autorités tanzaniennes. Le seul message qui est revenu est de nous supplier de rentrer par volonté sans quoi nous risquons de perdre notre statut de réfugiés. Le chargé des questions des réfugiés au ministère de l’intérieur a insisté qu’en 2021, nous n’aurons plus de place dans ce pays. Nous craignons le pire”, expliquent des réfugiés.
*Mahama (Rwanda) : au camp de Mahama, le rapatriement intervenu en août a surpris plus d’un. “C’est un fait auquel on ne s’attendait pas en tout cas. Que les gens de Mahama rentrent! Depuis 2015, nous étions unis, défendant la même cause. Mais vers mars 2020, on a commencé à observer des mouvements inhabituels et on a cru qu’il y a des infiltrés. Même s’il y a la famine ici, le rapatriement de nos compatriotes, précédé par une pétition et une lettre envoyées au président du pays qui nous a fait fuir a surpris tout le monde. On ne peut pas aussi passer sous silence les grossesses non désirées chez les jeunes filles”, soulignent des réfugiés du plus grand camp accueillant des Burundais à l’Est du Rwanda. Des occupants baptisent 2020 comme une année de « surprise ».
*RDC
En République Démocratique du Congo, de mauvaises conditions de vie dans les camps de transit de Sange, Mongemonge et Kavimvira et surtout dans ce dernier ont poussé des demandeurs d’asile burundais à quitter le Sud-Kivu (Est de la RDC) pour se rendre dans leur pays après la prise de fonctions du président Ndayishimiye.
Ceux qui se sont confiés à SOS Médias Burundi ont estimé avoir l’espoir et la confiance en de nouvelles institutions. Après deux tentatives de fuite, les Burundais de Kavimvira ont commencé à être rapatriés fin septembre.
Depuis plus de 2000 ont regagné le sol burundais.
Des Burundais installés dans le camp de Lusenda (même province) ont également dénoncé des conditions intenables auxquelles ils font face : manque de ration suffisante, des abris de fortune, manque de médicaments…
Une centaine d’entre eux a aussi voulu quitter le camp pour retourner au Burundi, en vain.
La commission nationale en charge des réfugiés et le HCR leur ont signifié que le rapatriement suit des normes établies.
Des plaintes ont trouvé solution après des réclamations de réfugiés dans les camps de Lusenda et Mulongwe.
La RDC a continué d’accueillir des Burundais dans sa partie Est pourtant en proie à des groupes armés burundais et locaux, surtout pendant la période électorale.
Elle compte plus de 48000 réfugiés burundais installés principalement à Mulongwe et Lusenda.
*Nakivale (Ouganda) : la situation dans le camp de réfugiés abritant plusieurs Burundais a été caractérisée par des diminutions de ration alimentaire. Les quantités offertes aux ménages ont été réduits au moins cinq fois.
“L’année 2020 a été caractérisée par des communiqués répétitifs annonçant la réduction de ration de 100% à 60%, la répression des policiers et la corruption dans plusieurs services censés être gratuits que ce soit à l’état civil ou dans les dispensaires. Mais aussi, le rapatriement du premier convoi de réfugiés intervenu mi décembre”, racontent des réfugiés surtout du village de Kabazana A.
Arrêt sur les chiffres
Au moins 170 réfugiés burundais disparus en 9 mois. C’est ce qu’a affirmé un rapport de la coalition burundaise des défenseurs des droits humains vivant dans les camps de réfugiés, CBDH/VICAR.
“Nous avons compté entre 170 et 200 réfugiés, victimes de disparitions forcées dans les camps de Nduta, Nyarugusu et Mtendeli en Tanzanie. Le seul camp de Nduta compte plus de 120 personnes disparues. Là, on ne parle pas d’assassinats ciblés et exécutions extrajudiciaires. Les cas rapportés concernent la période de juin 2019 à mars 2020” a déclaré Léopold Sharangabo, vice-président de la coalition CBDH/VICAR.
Selon le rapport, les plus ciblés sont ceux qui ont manifesté contre le troisième mandat de feu président Pierre Nkurunziza en 2015. Mais aussi d’anciens militaires, des policiers démobilisés, des déserteurs de l’armée ou encore d’anciens membres de la société civile burundaise.
En 2020, au moins 8 réfugiés burundais ont été déportés vers leur pays d’origine en provenance de la Tanzanie. Ils sont détenus dans les prisons centrales de Muramvya ( Centre) et Bubanza (Ouest). Human Rights Watch a parlé d’une grave violation des conventions relatives à la protection des réfugiés dans un rapport où l’organisation de défense des droits humains a accusé les autorités tanzaniennes de s’être rendues coupables de plusieurs violations des droits de réfugiés.
HCR-Rapatriement
D’après le HCR, près de 40.000 réfugiés burundais sont rentrés chez eux en 2020. Cette agence onusienne explique également que la crise de réfugiés est en passe d’être oubliée car, dit-elle, elle est la moins financée en 2020.
Plusieurs organisations burundaise, continentale et internationale ont dénoncé des disparitions forcées de réfugiés burundais en Tanzanie, des arrestations, des tueries et restrictions aux droits élémentaires. Elles ont appelé le pays hôte à se ressaisir.
Covid-19
Les camps de réfugiés burundais ont été affectés par la pandémie de Covid-19 comme le monde entier. Des aides ont été diminuées et les mouvements des réfugiés à l’extérieur des camps limités ou interdits, ce qui a beaucoup affecté leurs conditions de vie, surtout chez les plus vulnérables.
La sous région regorge plus de 314000 réfugiés burundais, selon les dernières statistiques du HCR.
La Tanzanie vient en tête avec plus de 149000, arrive en deuxième position le Rwanda qui a accueilli plus de 66000, puis l’Ouganda avec plus de 49000 et enfin la RDC avec plus de 48000 Burundais.
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