Massacres de Bugendana : 24 ans après, les familles des victimes réclament toujours justice

Massacres de Bugendana : 24 ans après, les familles des victimes réclament toujours justice

Les 21 juillet de chaque année, les rescapés et les familles des victimes des massacres de Bugendana, en province de Gitega (centre du Burundi) se rappellent de cette date noire ancrée dans leur mémoire. C’était la matinée du 21 juillet 1996, quand les déplacés du site de Bugendana ont été attaqués par un groupe d’hommes armés. Lors de l’attaque, 648 Tutsis ont été tués. Ils avaient fui les tueries de 1993 qui ont suivi l’assassinat de Melchior Ndadaye, premier président Hutu démocratiquement élu. 24 ans après, les familles des victimes réclament toujours justice. Les autorités et la Commission Vérité et Réconciliation pensent avoir trouvé une solution. Cette année, la commémoration a eu lieu ce dimanche. (SOS Médias Burundi)

À l’époque, les localités de Bugendana et Mutaho de la province de Gitega et Gihogazi de la province de Karusi (centre-est) étaient contrôlées en partie par des rebelles de l’ancien mouvement rebelle Hutu, le CNDD-FDD, actuel parti au pouvoir au Burundi. L’attaque leur est attribuée.

Oswald Ntirampeba, chef du site de déplacés de Bugendana et Melchiade Ciza, président de l’association pour la réconciliation et gestion du passé au Burundi (ARGEBU) ont exigé la vérité sur ces massacres et demandé que les auteurs du carnage soient traduits en justice.

« Nous voulons que ce site soit transformé en un village de la paix. Nous demandons à la commission en charge de la réconciliation d’être neutre et professionnelle », ont-ils insisté devant la tombe commune des victimes de Bugendana.

Therence Mushano, vice-président de l’association AC Génocide Cirimoso a déploré le fait que « les planificateurs et les exécutants de ces massacres n’ont jamais été identifiés pour être jugés ».

L’homme qui a passé quelques jours dans le cachot de la police judiciaire dans la capitale économique Bujumbura en juin dernier a plaidé pour « le respect des droits des déplacés internes et le respect mutuel entre citoyens burundais ».

Le président de la CVR (Commission Vérité et Réconciliation) a qualifié de « mémoire revendicative » le souhait des familles des victimes.

Il les a invitées à « quitter cette mémoire pour acheminer vers des mémoires partagées ».

Pierre Claver Ndayicariye a toutefois promis un financement pour la construction d’un monument en mémoire des 648 Tutsis de Bugendana.

Le gouvernement avait été représenté par un conseiller de l’administrateur communal de Bugendana. Il a invité les déplacés volontaires à commencer à regagner leur colline d’origine comme l’a demandé et souhaité le nouveau chef de l’État Évariste Ndayishimiye.

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Photo: Privât Nduhirubusa, vicaire de la paroisse de Bugendana se recueille et prie pour les victimes des massacres de Bugendana.

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