Burundi : semaine dédiée aux combattants, les concernés se sentent écartés
Depuis ce lundi jusqu’à samedi 21 novembre, le parti CNDD-FDD organise la semaine dédiée aux combattants. Des associations des anciens militaires et rebelles disent qu’ils sont déçus. À côté des mauvaises conditions dans lesquelles ils vivent, de la non assistance médicale, ils affirment que l’événement est organisé sans qu’ils soient consultés et estiment que la semaine devrait être inscrite sur la liste des fêtes nationales au lieu d’être une activité du parti au pouvoir. (SOS Médias Burundi)
Comme chaque année, les cérémonies d’ouverture ont eu lieu à Gifugwe, en zone de Musenyi dans la commune de Mpanda, en province de Bubanza (ouest du Burundi).
C’est dans un cimetière des anciens rebelles du CNDD-FDD.
Plusieurs autorités du pays et du parti au pouvoir se sont déplacées.
C’est Joseph Ntakarutimana, secrétaire général adjoint du CNDD-FDD qui a prononcé le mot de circonstance.
Il a déploré le fait que des Burundais aient été « tués, poussés à l’exil » et leurs biens spoliés par des « mauvais dirigeants », selon lui.
Non loin du monument de Gifugwe se trouve un site d’anciens combattants blessés sur le champ de bataille.
Ils regrettent ne jamais être conviés aux cérémonies.
« Nous sommes devenus handicapés pour s’être engagés dans des combats aux côtés de nos confrères. Mais, on ne nous invite même pas pour célébrer la journée qui, auparavant nous était dédiée. Le parti au pouvoir a détourné la journée pour des fins propagandistes et politiques. Voyez, nous n’avons pas d’eau potable, sans routes solides, ni terres pour cultiver. Les maisons dans lesquelles nous vivons depuis 7 ans ne nous ont pas encore été octroyées entièrement et leurs murs commencent à s’effondrer », se lamentent ceux qui ont témoigné à SOS Médias Burundi avant de réclamer une réorganisation de cette journée et l’inclusion tout le monde.
Le représentant de l’association des anciens militaires handicapés trouve que l’appellation de la journée elle-même cause problème.
» Ça ne devrait pas être appelée journée ou semaine dédiée aux combattants car si on dit cela, ça devrait être une journée ou semaine dédiée aux forces de l’ordre du gouvernement et forces de défense nationale. Ce serait bien signifié pour ce nom des combattants. Ce que l’on fait est très contradictoire », constate Cassien Bizabigomba tout en s’insurgeant contre le fait que la semaine soit réservée à des membres du CNDD-FDD seulement.
Il demande au chef de l’État d’inscrire la journée sur la liste des événements nationaux et qu’elle soit organisée par les anciens combattants eux-mêmes.
Du côté de l’association des anciens rebelles issus des mouvements armés Hutus pour la plupart du CNDD-FDD, l’on déplore que ses membres sont laissés à eux-mêmes.
« Il y en a qui sont malades mais qui ne sont jamais pris en charge. Et en général, la majorité se trouve dans la pauvreté. Personne ne se soucie de leur situation », dit Emmanuel Minani, président de l’association.
Il exige la mise en place d’une loi régissant les anciens combattants.
« Nous demandons au gouvernement que nous avons choisi comme d’autres Burundais de voter une loi régissant les anciens combattants issus de tous les groupes. C’est cette loi qui devra montrer comment nous seront traités, importe peu les différences. Sinon aujourd’hui, ceux qui disent que nous avons été oubliés ont raison « , trouve-t-il.
La semaine dédiée aux combattants sera clôturée cette année en commune de Buhiga dans la province de Karusi (centre-est). Elle commence chaque fois le 16 novembre, date à laquelle l’ancien mouvement rebelle Hutu a signé un cessez-le-feu avec le gouvernement du Burundi. C’était en 2003.
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Photo : monument des anciens rebelles du CNDD-FDD à Gifugwe
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