Burundi : des putschistes ont demandé une grâce présidentielle

Burundi : des putschistes ont demandé une grâce présidentielle

Au moins huit individus sur les dix-huit prisonniers détenus à la prison de Gitega dans l’affaire du coup d’État raté du printemps 2015 ont écrit au président Évariste Ndayishimiye pour solliciter la grâce présidentielle. La présidence de la République l’affirme. Les lettres ont été envoyées dans la deuxième semaine du mois d’août 2020, selon nos sources. Elles sont individuelles. (SOS Médias Burundi)

Les détenus qui ont sollicité la grâce présidentielle sont au moins au nombre de huit.

Il s’agit de six officiers dont trois généraux et deux militaires de la catégorie « hommes de troupes ».
« Les lettres n’ont pas été rédigées le même jour mais au cours de la même semaine. Elles étaient dans des enveloppes différentes emballées dans une grande enveloppe quand elles sont parvenues à Bujumbura (capitale économique).
Les motifs de la demande de la grâce présidentielle diffèrent également selon les personnes », disent nos sources.

Le contenu des lettres n’a pas été dévoilé. Un proche d’un détenu qui fait partie du groupe a confié à SOS Médias Burundi que des membres influents du CNDD-FDD auraient rassuré les concernés que la réponse du président sera favorable pour eux.

Ce mardi, la présidence du Burundi a confirmé l’information. C’était lors d’un entretien entre M. Ndayishimiye et l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations-Unies dans la région des grands lacs.

Parlant d’une probable déportation des présumés putschistes exilés au Rwanda depuis 2015, le service communication de la présidence a écrit « le Président Evariste Ndayishimiye a rappelé que les Nations Unies sont bâties sur le respect de l’Etat de droit, la lutte contre l’impunité et le renforcement de la responsabilisation. De ce fait, ce serait demander une chose et son contraire en empruntant la voie de la négociation et de la complaisance dans le cas de ces personnes poursuivies par la justice burundaise pour des crimes commis, rappelant que, non seulement la justice ne se négocie pas, le non-respect de la légalité cause inexorablement des atteintes aux droits civils et politiques, et cela risquerait de condamner le Peuple Burundais en vue de sauver la face d’une poignée d’individus qui l’ont endeuillé. Par ailleurs, l’Envoyé Spécial du Secrétaire général de l’ONU a appris, séance tenante, que le Burundi garantira à ces présumés putschistes un procès juste et équitable comme c’est d’ailleurs le cas pour leurs co-accusés qui ont été jugés dans le plus grand respect de leurs droits. Certains d’entre eux ont même déjà écrit au Chef de l’Etat pour sollicité une Grâce Présidentielle ».

Lors des échanges entre le chef de l’État et Huang Xia, ce dernier a indiqué que le Rwanda est prêt à livrer les présumés putschistes se trouvant sur son sol aux autorités burundaises avec la seule condition qu’il y ait un pays ou un organe qui sert de médiateur. Ce que le président burundais ne veut pas.
« Le Président de la République du Burundi a fait savoir qu’entre le Burundi et le Rwanda il n’y a nul besoin de médiateur étranger car les deux peuples sont très proches et peuvent s’entendre de par leurs langues presque similaires. L’unique contentieux entre le Burundi et le Rwanda, a ajouté le Président Ndayishimiye, réside dans le fait que ce pays héberge ces présumés putschistes, ce qui est le plus grand point de discorde », dit un communiqué sorti après la rencontre.

Les biens, meubles et immeubles de certains des dix-huit prisonniers qui purgent la peine de perpétuité dans le dossier du coup d’État raté de mai 2015 ont été dernièrement vendus aux enchères par la justice burundaise. Des activistes ont dénoncé « une action irresponsable », les biens appartenant à certains partenaires des concernés ayant été vendus ou occupés.
Selon nos informations, le général Cyrille Ndayirukiye, numéro deux dans l’affaire du coup d’État manqué de 2015 qui, a d’ailleurs reconnu avoir agi pour protéger la population burundaise conformément à la constitution et l’accord d’Arusha, ne figure pas parmi les personnes qui ont sollicité la grâce présidentielle.

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Photo : le général Cyrille Ndayirukiye aide un policier à monter dans un camion de la police qui ramène le ramène et ses coaccusés à la prison de Gitega après une audience publique, Avril 2016

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