Tanzanie : les réfugiés burundais sont priés de rentrer avant la fin de l’année prochaine

C’est le directeur général en charge des réfugiés qui l’a annoncé. La Tanzanie veut passer à la vitesse supérieure pour le rapatriement des réfugiés burundais. Les réfugiés craignent la fermeture par force de tous les camps par la Tanzanie.
Ils en appellent à la responsabilité du HCR pour les protéger.( SOS Médias Burundi)

Le directeur général en charge des réfugiés au ministère tanzanien de l’intérieur s’est d’abord exprimé sur le cas des réfugiés burundais la semaine dernière lors de sa visite au camp de Nyarugusu.

Mercredi dernier, M. Sudi Mwakibasi a réitéré la ferme position de la Tanzanie sur RFI-Kishwahili: rapatrier tous les réfugiés burundais avant la fin de 2021.

“Laissez moi leur rappeler ceci: vous n’avez plus de place ici en Tanzanie. La paix et la sécurité sont revenues chez vous( au Burundi). En témoignent le bon déroulement des dernières élections et l’appel incessant de votre président issu de ces paisibles scrutins au retour des réfugiés. Et donc rentrez chez vous, d’une façon volontaire, sinon d’autres moyens seront usés. 2021 est une dernière chance pour vous”, a-t-il martelé, avant d’ajouter que la Tanzanie et le Burundi ont déjà conclu des modalités pratiques de rapatriement de tous les réfugiés.

Après l’annonce sur RFI, des réfugiés burundais contactés par notre reporter à Nyarugusu ont indiqué craindre le pire.

“Finalement, la Tanzanie ne veut plus de nous. Nous craignons que d’un moment à l’autre, les camps peuvent être fermés. Oui, ceux qui se sentent en paix peuvent continuer à rentrer, mais pour nous autres qui ne pouvons pas prendre ce risque, que nous soyons protégés. Ou bien, que le HCR cherche un autre camp pour nous. Nous en appelons au devoir et à la responsabilité du HCR pour que nous soyons protégés”, ont-ils réagi.

Lors de la célébration de la journée internationale des personnes handicapées, une journée qui a été célébrée jeudi le 3 décembre, les réfugiés ont porté leurs doléances auprès du HCR.

Lors d’un événement qui s’est déroulé dans la zone 8 dans le camp de Nyarugusu, l’agence onusienne a été représentée par son chargé de la protection en Tanzanie.

“Nous avons profité de l’occasion pour exprimer nos inquiétudes. Nous avons mis en garde le HCR que si jamais quelque chose de pire nous arrive, qu’il en sera responsable. Nous lui avons parlé des signes précurseurs d’un rapatriement forcé comme les disparitions forcées de nos leaders communautaires, des emprisonnements arbitraires, des violations de nos droits élémentaires, des coupures répétitives de la ration,…”, ont fait savoir des Burundais installés à Nyarugusu rassurant qu’ils comptent saisir des organisations de défense des droits humains par écrit.

Selon le HCR, le nombre de Burundais qui rentrent chez eux a augmenté, surtout dans les camps de Nduta et Mtendeli.

Les réfugiés quant à eux affirment qu’il y en a qui sont retournés dans leur pays par contrainte.

« C’était leur dernier et unique choix. Ils avaient reçu des menaces de la part des autorités tanzaniennes », expliquent-ils.

En début de semaine, Human Rights Watch a sorti un rapport dans lequel l’organisation internationale de défense des droits humains accuse les autorités tanzaniennes d’être impliquées dans des « abus graves à l’encontre des réfugiés burundais » depuis à peu près une année.

_____________

Photo: des réfugiés burundais rentrant de la Tanzanie (archives )