Burambi : la police tue des retraités de l’armée

Burambi : la police tue des retraités de l’armée

La police burundaise a montré aux habitants de la zone de Maramvya en commune de Burambi (province de Rumonge, Sud-ouest du Burundi) quatre hommes qualifiés de criminels ce mardi. Seulement, la police n’a pas invité ou déplacé des journalistes de la presse locale comme elle le fait souvent. Selon notre reporter, ce sont des agents de la cellule communication du ministère en charge de la sécurité qui étaient plus nombreux en plus d’une petite équipe de la RTNB (Radio Télévision Nationales du Burundi) et d’un reporter d’un médium local, Journal la Nova. Le porte parole de la police a indiqué qu’ils font partie d’un groupe armé qui a tué au moins 26 personnes depuis 2016. Deux leaders du groupe ont été tués. (SOS Médias Burundi)

Deux des quatre hommes étaient menottés, a constaté un reporter de SOS Médias Burundi.

Pierre Nkurikiye a dit à la foule qui était venue les voir qu’ils ont été arrêtés grâce aux informations fournies par un des leaders du groupe qui a été appréhendé le 14 janvier. C’est le même individu qui a conduit la police à une cache d’armes , selon toujours le récit de la police. « Le chef du groupe armé est Déo Niyongabo, alias Côme. Il logeait sur la colline de Gishiha et a été tué lors d’un échange de tirs avec des policiers qui ont mené l’opération« , a dit avec fierté Pierre Nkurikiye.

Le défunt chargé était un ancien sous-officier de l’ancienne armée (Forces Armées avant l’intégration de mouvements armés). Il a été tué samedi dernier à Maramvya.

Un ex gendarme tué dans des circonstances obscures

Protais Niyungeko a été arrêté par la police le 14 janvier. Cet ancien gendarme à la retraite depuis 2006 est décrit comme celui qui a dévoilé la cache d’armes. Il a succombé après avoir reçu plusieurs balles de policiers ce lundi. « C’est dans la vallée de Ngonya que Protais a été conduit pour montrer les armes. Il a par après tenté de s’évader et la police a tiré sur lui », a affirmé Nkurikiye.

Des habitants donnent une autre version des faits. « Il était ligoté quand nous l’avons aperçu le même jour. Comment un homme ligoté peut tenter de fuir! Il a tout simplement été exécuté », se désolent-ils.

Des complices

Égide Sindayigaya (frère de Côme), Thadée Niyonizigiye, Claver Ndayitezibiganza et Gérard Nkurikiye ont été présentés à la population de la zone de Maramvya comme des complices. « Ces hommes appartiennent à un groupe de criminels qui perturbaient la sécurité dans les communes de Burambi dans la province de Rumonge, Mugamba dans la province de Bururi (Sud) et Mugongo-Manga dans la province se Bujumbura (Ouest).

Quatre hommes dont un sexagénaire présentés à des habitants comme des criminels
Quatre hommes dont un sexagénaire présentés à des habitants comme des criminels

Les interpellés s’ajoutent à huit autres personnes qui ont été appréhendées ces derniers jours dans le même dossier.
Elles sont détenues dans les prisons centrales de Rumonge et Bujumbura (capitale économique).

Un pur montage ?

Des habitants de la localité qui se sont confiés à SOS Médias Burundi parlent d’une affaire montée de toutes pièces. « Ils ne peuvent en aucun cas appartenir à des groupes armés. Il y en a qui ont la soixantaine. Comment peuvent-ils parcourir de longues distances pour opérer dans trois provinces différentes? Des groupes armés sont normalement faits de jeunes gens. C’est une première », s’étonnent des habitants à Maramvya.

Des armes saisies

Devant les quatre hommes se trouvaient cinq Kalachnikov, un pistolet et huit chargeurs garnis dont un pour pistolet. Les interpellés ont été embarqués à bord d’une camionnette du gouverneur de Rumonge Consolateur Nitunga.
Ils ont été acheminés à un endroit qui n’a pas été communiqué.

____________

Photo : Pierre Nkurikiye, porte-parole du ministère en charge de la sécurité devant une foule à Maramvya, le 19 janvier 2020

Previous Kanyosha : deux opposants en détention pour avoir créé un groupe WhatsApp
Next Ngozi : prison à vie pour un homme qui a tué son épouse