Nyarugusu (Tanzanie) : manque de matériel scolaire et didactique

Nyarugusu (Tanzanie) : manque de matériel scolaire et didactique

Les examens du premier trimestre pour le primaire ont commencé ce lundi. Les élèves quant à eux ont débuté les tests une semaine avant. Les parents, enfants et enseignants déplorent un manque criant de matériel scolaire et didactique dans ce camp de réfugiés burundais. Les autorités tanzaniennes ont empêché cette année la distribution du kit. (SOS Médias Burundi)

L’année scolaire a débuté en septembre dernier comme d’ailleurs c’est le cas au Burundi. Les enfants réfugiés suivent le programme burundais dans tous les camps en Tanzanie.

D’après leurs enseignants, le matériel scolaire et didactique devrait être distribué dans les deux semaines qui ont suivi la rentrée scolaire, ce qui n’a pas été le cas selon des parents.

L’ONG International Rescue Committee (IRC), qui s’occupe du volet éducation n’a pas jusqu’ici donné le matériel aux écoliers et enseignants. “Comment voulez-vous que le résultat scolaire soit meilleur alors qu’on n’a ni cahiers, ni stylos et encore moins un livre du maître depuis le début du trimestre. Les élèves ne prennent pas des notes. Rares sont ceux qui ont encore des cahiers des années passées. Pour ceux qui les ont gardés, ils les utilisent comme ça et font semblant de prendre des notes. Il est très difficile voire impossible que des enfants qui étudient dans de telles conditions puissent réussir au concours national « , s’indignent des enseignants.

Les autorités tanzaniennes pointées du doigt

“Allez dans les stocks des zones neuf et onze, vous allez voir des stands remplis de cahiers, de stylos et de livres. Le président du camp m’a dit qu’ils allaient être distribués mais que les autorités ont retardé la distribution. Plusieurs représentants du gouvernement tanzanien ne cessent de nous dire que nos enfants devraient aller poursuivre leurs études chez nous, répétant qu’il y a la paix au Burundi », dira avec colère un des chefs de village de la zone neuf.

En décembre dernier, un émissaire du ministère de l’intérieur tanzanien a signifié aux réfugiés dans tous les camps qu’il n’y aura pas d’épreuves nationales cette année. “Vous allez passer les tests nationaux de 2021 chez vous. Raison pour laquelle nous vous invitons à concentrer plus d’effort dans le rapatriement volontaire au lieu de construire en dur ou d’investir ici dans les camps”, avait déclaré Sudi Mwakibasi, directeur général du département des réfugiés à Nyarugusu,à Nduta et à Mtendeli, trois camps qui hébergent des Burundais.

Les réfugiés estiment qu’il s’agit d’une violation de leurs droits. “Oui, il y en a qui vont rentrer mais il ne peut pas manquer des gens qui vont rester ici. Pourquoi priver du droit d’éducation à ceux-là qui estiment que rentrer n’est pas encore un choix pour eux. La Tanzanie n’est pas vraiment un bon refuge pour les Burundais ”, disent avec regret des parents à Nyarugusu.

Le camp de Nyarugusu abrite aussi des Congolais. Ils sont plus de 60.000 à y être installés.

Les Burundais fustigent ce qu’ils appellent “une mesure de deux poids deux mesures”car, regrettent-ils, “les Congolais ne sont pas inquiétés. Ils cultivent, ils font le commerce, ne subissent pas des pressions pour rentrer et leurs enfants étudient bien,… ».

Le HCR fait savoir que les réfugiés congolais ne sont pas pour le moment concernés par le rapatriement. « Ils n’ont pas encore exprimé cette volonté mais aussi leur gouvernement n’a pas encore fait de sensibilisation dans ce sens », explique l’agence onusienne en charge des réfugiés.

Nyarugusu héberge plus de 54.000 réfugiés burundais, dont plus de la moitié sont en âge de scolarité.

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Photo : des enfants devant une maisonnette à Nyarugusu

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