Burundi : clôture de la semaine du combattant, le chef de l’État en profite pour donner des leçons
Ce samedi, le parti CNDD-FDD clôturait la semaine dédiée au combattant. Les cérémonies ont eu lieu dans la commune de Bugendana en province de Gitega (centre du Burundi). Le président Ndayishimiye a défini l’ennemi du pays sous plusieurs formes en l’occurrence la pauvreté et des responsables qui font l’injustice à la population. Selon lui, tous les Burundais sont riches à l’exception de ceux présentant la déficience mentale. Revenant sur le cas du barrage de Mpanda (plus de 50 milliards de francs burundais détournés, selon le chef de l’État) en province de Bubanza (ouest), il menace de sanctionner des responsables qui détournent les fonds publics et demande aux Burundais d’être des « combattants » pour veiller, dénoncer et lutter contre ceux qui volent l’argent du pays. Pour l’AC-Génocide Canada, tenir les cérémonies à Bugendana (commune où le CNDD-FDD est accusé d’avoir massacré 648 Tutsis en 1996) revient à « torturer moralement les rescapés du génocide Tutsi ». (SOS Médias Burundi)
Les cérémonies ont débuté par une parade paramilitaire de plusieurs groupes de membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD Imbonerakure et d’anciens combattants en provenance de différentes localités.
Dans son discours, Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD- FDD a rappelé que le Burundi a recouvré la paix grâce à des combattants qui ont accepté de verser leur sang pour le bien des autres. Il accuse les colons d’être à l’origine des maux qu’a connus le pays.
« Le Burundi a beaucoup souffert à cause du colonisateur. Mais nous avons vaincu même si nous avons perdu plusieurs frères d’armes sur le champ de bataille […]. Actuellement, nous sommes indépendants socialement, politiquement et économiquement. Et d’ailleurs, le parti CNDD-FDD a la volonté d’initier le service patriotique militaire obligatoire. Tous les jeunes devront servir aux côtés de l’armée pour le développement du pays […] », a-t-il indiqué.
Quant au chef de l’État qui s’est longuement exprimé pendant plus d’une heure sans notes, il a abordé généralement deux grands points: la pauvreté et l’insécurité.
Sécurité
Selon le chef de l’État, il est important de savoir que les combattants morts avaient choisi une lutte difficile mais basée sur le patriotisme. « Imaginez-vous comment nous pouvions affronter des militaires avec des blindés alors que nous n’avions que des AK-47. Il y en a même qui utilisaient des arcs, des pierres. Mais quand on a la volonté, tout est possible[…] », a-t-il vanté.
Il accuse des organisations non gouvernementales de ne pas soutenir le Burundi dans la recherche de la stabilité. « En 2015, quand la crise a éclaté, plus de 1000 véhicules des ONGs circulaient avec des drapeaux. Elles ne cherchent que leurs intérêts et sont contentes seulement quand nous sommes en difficultés. Avant la crise, elles refusaient toujours d’intervenir dans le domaine de la sécurité », a-t-il accusé avant d’appeler les Burundais à rester vigilants pour « traquer les ennemis du pays qui parviennent toujours à s’infiltrer et perturber la sécurité ».
Pauvreté
D’après M. Ndayishimiye, le Burundi est le plus riche du monde et tous les Burundais sont riches sauf ceux qui présentent la déficience mentale.
« Seulement, les gens ne travaillent pas. Je ne comprends pas comment une personne qui a deux jambes et deux bras peut dire qu’elle est pauvre! […] les employés de ménage sont très riches. Ils peuvent toucher la totalité de leur salaire mensuel sans problème. Les seuls pauvres, allez les voir, ils sont au centre d’accueil des personnes ayant la déficience mentale à Gitega », a-t-il lâché.
Le numéro un burundais conseil aux Burundais de travailler à l’instar d’un habitant de la localité de Bugendana devenu riche à base d’un capital de 120 mille francs burundais (un peu plus de 50 dollars) et qui a actuellement plusieurs porcs, des vaches et une belle maison, ou alors un démobilisé de Gitega dont il n’a pas cité l’identité. L’intéressé a, selon lui perçu les frais de démobilisation sur 18 mois de cantonnement et est devenu millionnaire avec des camions- remorques.
Détournement
Le président Neva est longuement revenu sur des cas de détournement de fonds publics.
Il accuse certains hauts responsables de la sphère de l’État de collaborer avec des hommes d’affaires pour vider les caisses de l’État.
« Je reviens sur le cas du barrage de Mpanda. Il y a des individus impliqués. Qu’est ce qu’ils attendent pour restituer l’argent de ce projet qu’ils ont volé? », a-t-il indiqué sous un ton d’une victime.
Pour conclure, M. Ndayishimiye a menacé pour la énième fois de sanctionner ceux qui détournent les fonds publics et conseille à la population de travailler pour le développement du pays.
Choix du lieu
D’après l’AC-Génocide Canada, choisir Bugendana pour cet événement revient à « torturer moralement les rescapés du génocide Tutsi ».
« Nous condamnons énergiquement cette exaltation des tueurs et considérons que cette célébration se passant sur les tombes même de leurs victimes constitue un acte de torture morale relavant de la persécution soutenue par le régime dirigé par le CNDD-FDD même depuis longtemps contre les rescapés du génocide Tutsi de 1993 », a réagi dans un communiqué Emmanuel Nkurunziza, son secrétaire.
Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1996, des hommes armés assimilés à des rebelles du mouvement rebelle Hutu FDD qui deviendra le CNDD-FDD puis parti présidentiel en 2005, ont massacré 648 Tutsis déplacés intérieurs qui avaient échappé aux massacres de 1993 qui ont emporté plus de Tutsis que de Hutus à la suite de l’assassinat du premier président Hutu démocratiquement élu Melchior Ndadaye.
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Photo : une démonstration paramilitaire des membres de la ligue des jeunes Imbonerakure et d’anciens combattants du CNDD-FDD à Bugendana ,le 20 novembre 2021
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