RDC : les familles des victimes de la manifestation de Goma inconsolables
Les familles ayant perdu les leurs au cours de la manifestation réprimée dans la ville de Goma mercredi dernier demandent que justice soit faite. Que les auteurs répondent de leurs actes barbares, exigent-elles. Elles accusent le gouvernement militaire du Nord-Kivu sous les ordres du lieutenant général Constant Ndima Kongba d’être à la source du massacre de plus d’une dizaine de Congolais. Le M23 condamne cette tuerie qu’il dit avoir été commise par les forces du gouvernement et se dit sidéré par le silence de la communauté internationale face à cet acte. (SOS Médias Burundi)
Rebecca Sifa Paluku, la trentaine, a perdu son mari qui était chauffeur de taxi-moto.
« Mon mari a été tué par un militaire FARDC ici à côté de l’église Uwezo wa Neno de Wazalendu. Il était à bord de sa moto avec deux clients qu’il transportait vers le Terminus. Lorsque j’ai crié, un autre militaire a tiré sur moi. Grâce à Dieu la balle n’a touché que le mur de ma maison », déplore-t-elle.
« L’enfant d’un voisin d’une dizaine d’années a été grièvement blessé par un policier quand il essayait de fuir derrière la maison. Je me demande pourquoi nos agents de sécurité se sont retournés contre nous en nous tuant comme des mouches », s’inquiète-t-elle.
Un autre témoin oculaire de l’événement affirme que des cadavres sont dans l’église, brûlés par les forces de l’ordre.
Pour lui, il est impossible de connaître le nombre exact des personnes ayant perdu la vie dans cette manifestation.
« J’étais dans l’église. C’était le matin lorsque nous étions dans la prière, et nous avons vu des militaires en tenue des FARDC communément appelés Hibu et des policiers bien armés. Ils nous ont dit d’ouvrir la porte de l’église, lorsque nous avons trainé, un soldat a vite tiré à balles réelles dans l’église. Après nous sommes sortis mais de nombreuses personnes sont restées dans l’église, jusqu’à ce que les militaires et les policiers y mettent le feu. C’est compliqué pour nous de savoir le nombre exact des gens qui ont été brûlés dans cette église », insiste-t-il.
Des habitants sur place exigent l’ouverture d’une enquête minutieuse pour que les auteurs soient sévèrement punis par la loi.
Ils estiment que le gouverneur militaire du Nord-Kivu et le maire de la ville de Goma devraient être les premiers à être sanctionnés car ils ont donné l’ordre aux services de sécurité de tirer à bout portant sur les civils.
« Les autorités doivent être interpellées par la justice. La justice internationale doit s’impliquer dans cette affaire », signale Espoir Ngalukiye, cadre du parti politique Ensemble pour la République de l’opposant congolais Moïse Katumbi Tshapwe.
Le gouvernement évoque 43 personnes tuées
Dans un communiqué rendu public ce 31 août, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement congolais, indique que le bilan s’est largement alourdi, et ce, bien après le communiqué du gouverneur militaire.
«D’après le rapport transmis par les autorités militaires et médicales, le bilan fait état de 43 décès déplorés, 57 blessés dont 20 soignés à l’Hôpital militaire Camp Katindo, 29 à l’hôpital CEBCA Ndosho et 7 à Heal Africa », précise-t-il.
Le ministre de la Communication explique que « 158 personnes ont été appréhendées, y compris le leader de la secte, qui se trouvent actuellement entre les mains des services habilités», dit-il.
Tout en compatissant avec les familles des victimes, le gouvernement soutient l’enquête déjà amorcée par l’auditorat militaire, garnison de Goma, pour établir les responsabilités, afin que les coupables de ce carnage puissent répondre de leurs actes devant la justice militaire.
Patrick Muyaya souligne qu’une délégation gouvernementale se rendra à Goma pour faire le point sur la situation.
Il réitère l’appel au calme lancé par l’autorité provinciale, tout en l’invitant à la vigilance.
Récupération?
Le M23, lui, parle de 97 personnes mortes. La direction du Mouvement du 23 Mars se dit sidérée par le silence de la communauté internationale face aux massacres continuels des civils.
« Le M23 condamne avec la dernière énergie le massacre brutal de civils non armés perpétré par les forces du gouvernement de Kinshasa dans la ville de Goma le 30 août 2023 », a déclaré la rébellion dans un communiqué.
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Il exige des enquêtes indépendantes sur ces meurtres et bien d’autres perpétrés par les forces du gouvernement de Kinshasa.
Selon le M23, le bilan des victimes s’est alourdi. Il s’élève à 97 morts.
« Le gouvernement de Kinshasa a échoué de rétablir la paix dans l’est de la RDC », constate ce mouvement rebelle.
Le 30 août dernier, les forces de sécurité congolaises ont réprimé dans le sang une manifestation organisée par une secte mystico-religieuse dans le chef-lieu du Nord-Kivu à Goma. Elle s’opposait à la présence de la MONUSCO (Mission de l’organisation des Nations-Unies en RDC) et de la force régionale de l’EAC que les manifestants considèrent comme « inefficaces ».
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Photo : un homme se tient devant les décombres de l’église « Uwezo wa Neno de Wazalendu« brûlée par les services de sécurité à Goma le 30 août 2023
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