Photo de la semaine : le discours du président Neva va renforcer les actes de violence des Imbonerakure, selon Carina Tertsakian
Le président Évariste Ndayishimiye a loué samedi le 26 août 2023, le le rôle des Imbonerakure dans les rondes nocturnes et la sécurisation des frontières. Selon Carina Tertsakian, chercheuse associée à l’Initiative pour les droits humains au Burundi (IDHB), ce discours va encourager les membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD dans les actes de violence, avec le risque de voir les arrestations illégales, les traitements inhumains et même les assassinats se multiplier. (SOS Médias Burundi)
Le président a tenu un discours contradictoire par rapport aux Imbonerakure. Depuis qu’il est au pouvoir, il les a souvent encouragés à se concentrer sur des activités de développement et à abandonner les activités de « sécurité » et les actes de violence envers leurs adversaires. Des paroles globalement positives. Mais pendant la Journée des Imbonerakure samedi dernier, il semblait revenir en arrière en encourageant les Imbonerakure à assurer la sécurité des frontières et à faire des rondes nocturnes. Ce sont des propos inquiétants, car tout le monde connait le bilan des Imbonerakure en matière d’atteintes graves aux droits humains, a réagi Carina Tertsakian dans un entretien exclusif accordé à SOS Médias Burundi.
« Ce genre de discours de la part du Chef de l’État ne fera que les (les Imbonerakure) encourager dans ces actes de violence et pourrait mener à une recrudescence d’arrestations illégales, de mauvais traitements, ou même d’assassinats », craint celle qui vient de passer plus de 25 ans à travailler sur les questions des droits humains dans la région des Grands-Lacs d’Afrique.
Justice populaire
M.Ndayishimiye a aussi mis en garde ses collaborateurs « corrompus ». Il a affirmé que « Je vais vous livrer à la population pour qu’elle vous punisse elle-même, je n’attendrai pas que les gens aillent dans la rue pour manifester », insistant que « les révoltes populaires sont le résultat des actions des dirigeants qui ne respectent pas les droits des citoyens ».
« Le Burundi a un système judiciaire, même si celui-ci souffre de beaucoup de problèmes. Si une autorité ou toute autre personne a commis un acte de corruption ou un autre abus, c’est la responsabilité de la justice de faire son travail. Les autorités judiciaires devraient mener des enquêtes, et s’il y a suffisamment de preuves, la personne devrait être traduite en justice. Livrer quelqu’un à la population n’est pas la solution. Au contraire, cela encouragera la justice populaire. Le président devrait plutôt se mettre à l’œuvre pour améliorer le fonctionnement du système judiciaire, restaurer son indépendance et le rendre plus efficace », estime Carina Tertsakian.
Droits humains
Dans son discours, le président a parlé de la protection des droits humains. C’est une bonne chose, continue la chercheuse associée à l’IDHB.
« Mais concrètement, qu’a-t-il fait pour protéger les droits humains ? De grands discours ou le limogeage de quelques autorités locales ne suffisent pas. S’il veut que le peuple burundais croie à ses promesses, il devrait mettre fin à l’impunité qui protège les autorités de haut rang qui ont commis de graves violations des droits humains depuis des années. D’ailleurs les partenaires internationaux du Burundi lui feraient davantage confiance si certaines de ces hautes autorités étaient traduites en justice », conclut-elle.
Considéré par plusieurs observateurs locaux et étrangers comme une régression dans son engagement à lutter contre la violation des droits humains et l’intolérance politique, le discours du président Neva a été pourtant largement apprécié par les militants de l’ancienne rébellion Hutu, le CNDD-FDD, devenue parti au pouvoir en 2005, grâce à l’accord de paix et de réconciliation d’Arusha d’août 2000.
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Notre photo : le président du Burundi Évariste Ndayishimiye et la première dame du Burundi Angeline Ndayishimiye du (CNDD-FDD) ont salué le plus jeune garçon qui a bien défilé lors de la 7ème édition de la Journée des Imbonerakure dans la province de Makamba, Burundi, le 26 août 2023.
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