Burundi : le secrétaire général du CNDD-FDD annonce une probable formation militaire pour les mineurs et s’en prend à l’Eglise catholique
Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD a animé une conférence de presse en province de Ngozi (nord du Burundi) pour sanctionner une réunion de deux jours du comité central de l’ancienne rébellion Hutu. M. Ndikuriyo a déclaré qu’il y aura bientôt une formation patriotique et militaire pour les mineurs de 9 à 17 ans. Il en a profité pour s’en prendre à Agathon Rwasa, leader contesté du CNL et aux évêques catholiques qui ont récemment dénoncé une dérive dictatoriale dans la petite nation de l’Afrique de l’est. (SOS Médias Burundi)
Le CNDD-FDD tenait à ce que la communication passe et soit relayée. Les responsables du parti au pouvoir ont offert un déplacement gratuit aux journalistes locaux et correspondants des médias internationaux qui sont basés pour la plupart dans la ville commerciale Bujumbura dans cette période où la crise-carburant bat son plein. Dans cette conférence de presse durant laquelle le patron du parti présidentiel ne s’est exprimé qu’en langue locale, le Kirundi (pour résister aux colons qui ont manipulé son discours en 2016 l’accusant d’avoir appelé au meurtre des opposants, selon Révérien Ndikuriyo), il a annoncé une nouvelle forme de formation patriotique. Elle va concerner les mineurs dont l’âge est comprise entre 9 et 17 ans.
« Elle sera aussi dispensée aux lauréats des humanités générales, 2 ans avant le début des études universitaires », a précisé Révérien Ndikuriyo.
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Burundi : l’Eglise catholique dénonce une dérive politique autocratique sans précédent
Le secrétaire général du parti au pouvoir n’écarte pas aussi « une formation militaire bientôt à l’endroit de ces jaunes ».
L’Église catholique et Rwasa, deux ennemis à ne pas rater
Le secrétaire général de l’ancienne rébellion Hutu s’en est pris aux évêques catholiques. Ces derniers ont récemment dénoncé une dérive politique autocratique sans précédent au Burundi.
« S’ils nous accusent de recevoir et recruter les militants d’autres partis politiques, pourquoi eux-mêmes accueillent des chrétiens d’autres congrégations comme les protestants par exemple.
S’ils disent que le Burundi tend à se retrouver dans le monopartisme ,pourquoi baptisent-ils chez eux les nouveaux fidèles ? », a-t-il insisté. Selon lui, les représentants du saint père « ont usé de la liberté d’expression dont jouit tout citoyen burundais » en sortant le communiqué sur la situation du pays.
Révérien Ndikuriyo n’a pas raté Agathon Rwasa, leader traditionnel CNL contesté, l’éternel opposant et ennemi du CNDD-FDD. Il accuse Rwasa d’avoir sacrifié la place de son parti à l’Assemblée nationale par son égoïsme.
« Nous lui avons demandé de nous donner un Tutsi et il a dit: c’est moi ou personne. Quand on lui a dit de donner un nom pour l’EALA*, il a répondu : ça doit être ma femme ou personne », a enfoncé Révérien Ndikuriyo.

Après les élections de 2020, la première formation politique de l’opposition CNL n’a pas obtenu une place au bureau de l’Assemblée nationale. C’est le parti Uprona qui a deux députés seulement qui lui a été préféré alors que le CNL en dispose une trentaine. Aujourd’hui, ce parti est divisé, une crise entretenue par le CNDD-FDD, selon Rwasa.
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Un journaliste local a voulu savoir si le CNDD-FDD pense qu’il y a un concurrent de taille pour les législatives de 2025.
« Il n’y a pas de combat à négliger », a répondu Révérien Ndikuriyo.
L’esprit Nkurunziza
Le parti au pouvoir CNDD-FDD signe et persiste qu’il ne peut pas pardonner les putschistes de 2015. Son patron qui qualifie le putsh manqué du printemps 2015 de « crime indescriptible » explique que “le crime commis contre Feu président Pierre Nkurunziza ne peut pas s’effacer avec le président Évariste Ndayishimiye”.
Parti-État?
Dans la conférence de presse de mercredi, Révérien Ndikuriyo a indiqué que c’est très normal que le CNDD-FDD prend des décisions qui devraient, normalement, engager le gouvernement expliquant que « le pays est dirigé par des autorités issues du parti au pouvoir ».
« C’est pourquoi nous avons même appelé le premier ministre pour participer à cette réunion du comité central pour qu’il aille transmettre aux fonctionnaires les conclusions de cette réunion ». Parmi ces dernières, l’interdiction de l’utilisation des téléphones portables par les fonctionnaires de l’État pendant les heures de service.
Comme pour se réconcilier avec les journalistes, considérés souvent comme « ennemis du pays et partisans du malheur », les représentants de l’ancienne rébellion Hutu ont convié les collègues à un cocktail.
« Le climat était plutôt détendu à Ngozi ce mercredi », ont reconnu des confrères.
*EALA: Assemblée législative Est-Africaine
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Photo : Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD en conférence de presse à Ngozi, le 24 avril 2024
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