Kirundo : le secrétaire général du CNDD-FDD a visité les Imbonerakure des communes frontalières avec le Rwanda pour les appeler à plus de vigilance
Révérien Ndikuriyo a effectué une visite ce lundi 30 septembre dans les communes de Bugabira et Busoni, frontalières avec le Rwanda voisin. Il les a appelés à plus de vigilance. Les cadres du parti au pouvoir craignent de probables infiltrations des services secrets rwandais et des attaques en provenance de ce pays-ennemi. (SOS Médias Burundi)
Selon des sources au sein du CNDD-FDD, le parti présidentiel, la visite du secrétaire général du parti au pouvoir, a été annoncée dimanche soir. Elles parlent d’une descente qui n’a pas éveillé de curiosité chez les habitants.
« Le convoi de Révérien Ndikuriyo se compose normalement de plusieurs véhicules. Mais quand il est venu à Kirundo, il y avait moins de cinq voitures. C’était très surprenant », dit un militant du CNDD-FDD.
Des réunions à huis-clos entre militants Hutus seulement
Les réunions de ce 30 septembre 2024 dans les communes de Bugabira et Busoni se sont déroulées à huis-clos, disent des participants. Le secrétaire général du CNDD-FDD était accompagné dans ces rencontres, par Jean Baptiste Nzigamasabo surnommé Gihahe, un ancien officier de l’ancienne rébellion Hutu et cadre du parti présidentiel connu pour sa haine aux opposants. Il a souvent été cité dans des actes d’assassinat, de torture et d’arrestations arbitraires des militants des partis d’opposition et même de son parti qui dénoncent ses abus. Des Imbonerakure des deux communes parlent de réunions « exclusives ».
« Les militants-Tutsis, même les plus zélés, n’ont pas été conviés à ces réunions », rassure un membre de la ligue des jeunes du CNDD-FDD, déçu.
D’autres participants à ces réunions évoquent un fait : les policiers en charge de la sécurité du secrétaire général du CNDD-FDD, ne collaboraient pas avec leurs collègues de Kirundo et Ngozi (province voisine).
« Peut-être qu’ils avaient reçu d’autres injonctions pour ne tolérer aucune présence inattendue à ces rencontres », estime un cadre du CNDD-FDD à Kirundo.
Les Imbonerakure appelés à renforcer la surveillance à la frontière avec le Rwanda
Selon des témoins , Révérien Ndikuriyo a mobilisé les Imbonerakure et leur a donné de nouveaux ordres pour « mieux sécuriser la frontière en collaboration avec les militaires et la police ».
Les autorités burundaises ont fermé les frontières terrestres avec le Rwanda en janvier 2024, l’accusant d’entretenir des groupes terroristes qui ont tué près de 30 personnes entre décembre 2023 et février 2024 dans les provinces de Bujumbura et Bubanza, frontalières avec la RDC (République démocratique du Congo).
Selon nos sources, les cadres du CNDD-FDD ont reproché à certains Imbonerakure de laisser des Burundais traverser les lacs qui séparent le Burundi et le Rwanda pour rejoindre le territoire rwandais et de tolérer des Rwandais qui viennent au Burundi, moyennant versement des pots-de-vin.
Peur d’être infiltrés et attaqués
Selon des témoins, Révérien Ndikuriyo et les cadres de son parti sont convaincus que des agents des renseignement rwandais se sont invités au Burundi.
« Des agents des services secrets (rwandais) sont venus au Burundi en empruntant les lacs Cohoha et Rweru. Vous devez faire attention et veiller sur votre sécurité et celle de notre pays », ont insisté les animateurs des réunions de Bugabira et Busoni.
Révérien Ndikuriyo a appelé les Imbonerakure à « être plus vigilants et traquer les récalcitrants ». En passant, il a évoqué l’apparition du virus mortel Marburg au Rwanda (le 27 septembre 2024 ) qui a déjà fait au moins 10 morts. « Une raison de plus de contrôler les mouvements clandestins en provenance et à destination du Rwanda ».
Une probable attaque des assaillants en provenance du Rwanda
Dans ces réunions, Révérien Ndikuriyo n’aurait pas hésité du moins, selon nos sources , à dire que le Rwanda « reste toujours l’ennemi numéro un du Burundi. Des attaques éventuelles pourraient s’abattre sur le Burundi en provenance du pays voisin soit de Red-Tabara* ou d’autres groupes rebelles ».
« C’est pourquoi nous sommes venus pour vous mobiliser », a insisté le patron de l’ancienne rébellion Hutu.
Cités dans plusieurs exactions quotidiennes présumées contre des opposants surtout, les Imbonerakure qui restent considérés par le rapporteur spécial onusien sur la situation des droits humains au Burundi comme une milice, participent aux côtés de l’armée et de la police à la sécurisation des frontières et dans des rondes nocturnes.
En août 2023 lors de la 7e édition de la journée dédiée aux membres de la ligue des jeunes du CNDD-FDD qui s’est tenue en province de Makamba (sud du Burundi), le président burundais Évariste Ndayishimiye avait sollicité les Imbonerakure à « multiplier les rondes nocturnes ».
Un porte-parole du CNDD-FDD n’était pas disponible pour réagir à ces allégations.
Red-Tabara *: un groupe armé d’origine burundaise basé dans le Sud-Kivu à l’est du Congo , se trouvant sur la liste des mouvements terroristes du gouvernement burundais
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Photo : Révérien Ndikuriyo, secrétaire général du CNDD-FDD en marge de la célébration de la 8ème édition de la journée dédiée aux Imbonerakure à Bujumbura, la capitale économique du Burundi, le 31 août 2024 © SOS Médias Burundi
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