Goma : un journaliste d’une radio communautaire assassiné

Goma : un journaliste d’une radio communautaire assassiné

Yoshua Kambere Machozi , journaliste de la radio communautaire Mpeti, située en territoire de Walikale dans la province du Nord-Kivu à l’est de la République démocratique du Congo a été retrouvé mort après huit jours de détention par les rebelles du M23, selon les responsables de la radio. Son corps en décomposition a été découvert au bord d’une rivière dans le village de Katobi, à quatre kilomètres de la localité de Mpeti dans le même territoire. Reporters Sans Frontières a condamné ce meurtre et exigé une enquête indépendante. (SOS Médias Burundi)

Des sources concordantes affirment que le journaliste a été tué lorsqu’il voulait sauver le matériel de cette radio locale lors des combats qui opposaient l’armée loyaliste appuyée par les milices locales entretenues par les autorités congolaises aux rebelles du M23 qui contrôlent une majeure partie de la province du Nord-Kivu.

Son directeur et les autres journalistes avaient déjà fui les atrocités. C’était le 29 octobre dernier.

« Depuis plusieurs jours Yoshuwa Kambere Machozi n’était pas joignable sur son téléphone portable et on se demandait s’il était encore vivant.

 Il était animateur de cette chaîne radio depuis plus de 5 ans et nous avons eu cette mauvaise nouvelle de sa mort aujourd’hui », a indiqué Augustin Mbula, collègue du disparu qui a parlé à SOS Médias Burundi ce mercredi. Le corps de notre collègue a été découvert le 6 novembre dernier.

L’Union nationale de la presse du Congo UNPC section de Walikale confirme cette information.

 Reporters Sans Frontières (RSF), une organisation internationale basée à Paris et militant pour les droits des journalistes et des médias a condamné ce meurtre.

“L’assassinat terrible de ce journaliste de radio communautaire confirme encore un peu plus la situation de danger alarmante dans laquelle évoluent les journalistes à l’est de la RDC. RSF condamne fermement ce crime et appelle les autorités à tout mettre en œuvre pour garantir la protection des professionnels de l’information, tout particulièrement dans cette zone marquée par un conflit armé, où l’accès à l’information est plus que jamais nécessaire. Cet événement tragique témoigne aussi des risques encourus par les radios communautaires dans la zone, premiers relais de l’information, qui doivent être protégées », a réagi dans un communiqué Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique subsaharienne chez RSF.

Autres violences

D’autres journalistes ont été victimes des attaques armées dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu.

Patience Ngorora, journaliste déplacée membre de la synergie des journalistes déplacés du Nord-Kivu et travaillant actuellement pour la radio Kako FM, a été la cible d’un braquage armé alors qu’elle quittait les locaux de la radio.  L’agression a eu lieu le 11 novembre dernier dans le chef-lieu du Nord-Kivu.

« La journaliste a été approchée par plusieurs individus armés qui l’ont dépouillée de ses biens. Les malfrats ont emporté son téléphone, un dictaphone pour son travail, ainsi qu’un sac à main contenant une somme de 30 dollars. Ce vol a non seulement causé une perte matérielle, mais a également suscité de vives inquiétudes quant à la sécurité des journalistes dans la ville de Goma pendant cette période de l’état de siège », déplorent des journalistes locaux.

Des cas qui se multiplient

Selon l’organisation « Journaliste en danger » JED- section du Nord-Kivu, ce cas s’ajoute à plusieurs autres qui ont été documentés en un seul mois, affectant les journalistes déplacés. Ces derniers ont été contraints d’abandonner leurs milieux pour s’installer dans la ville de Goma en attendant le retour de la paix dans leurs localités respectives.

« Nous avons répertorié plus de 8 cas de journalistes qui ont été menacés depuis le début du mois d’octobre et nous regrettons ce qui se passe à l’encontre des journalistes »,  dit Tuver Wundi, représentant provincial de JED.

LIRE AUSSI :

Lawrence Kanyuka, le porte-parole du M23 nous a demandé de lui donner tous les détails sur la presse locale qui a diffusé l’information et le lieu à Walikale où l’assassinat s’est déroulé avant de nous répondre. Jusqu’au moment de la publication de cet article, il n’était pas encore revenu vers notre rédaction.

La RDC occupe la 123e place sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2024.

Le M23 est une ancienne rébellion Tutsie qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’il bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main. Les combattants du M23 contrôlent une majeure partie de la province du Nord-Kivu depuis mi-juin 2022 dont la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda où ils ont installé leur état-major.

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Photo : un journaliste déplacé monte des sons dans sa tente dans un camp de réfugiés à Goma, juin 2024 © SOS Médias Burundi

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