Nyarugusu (Tanzanie) : un représentant de réfugiés burundais limogé pour son opposition supposée au rapatriement forcé
Il s’agit du représentant des réfugiés burundais dans la zone 10 du site. L’administration du camp de Nyarugusu l’accuse de ne pas soutenir le programme du gouvernement tanzanien de rapatriement volontaire des réfugiés burundais et de dévoiler des secrets professionnels. Les réfugiés burundais, eux, qualifient la mesure de non fondée. (SOS Médias Burundi)
Elihudi Ntirampeba dirigeait la zone 10 du camp de Nyarugusu depuis 2021. Et c’est au début de cette semaine qu’il a été limogé par l’administration dudit camp.
Ce leader communautaire est accusé de lourdes fautes professionnelles d’après le président du camp de Nyarugusu, représentant le gouvernement tanzanien dans ce camp situé dans la région de Kigoma, au nord-ouest du pays.
« Divulgation des secrets, ne pas soutenir le programme de rapatriement volontaire des réfugiés burundais, ne pas soutenir les gardiens civils quand ils veulent ramener l’ordre au sein du camp, ne pas fournir des informations et rapports à temps, corruption, … », la liste des péchés qui lui sont reprochés est longue.
Pourtant, avant il était glorifié par la même administration.
« L’on se demande ce qui a changé alors qu’il était présenté comme un chef modèle et un médiateur communautaire », s’interrogent des réfugiés surtout burundais.
Depuis un certain temps, alors que des gardiens civils voudraient détruire des stands des petits commerçants burundais dans la zone dirigée par Ntirampeba, ils trouvaient que ces derniers se sont organisés pour soit se défendre ou vider leurs boutiques. Ou encore, c’est lui-même qui s’investissait pour retrouver des réfugiés interpellés, d’après plusieurs témoignages à Nyarugusu.
La zone 10 est connue parmi les zones qui ne répondent pas massivement au rapatriement volontaire. Son ancien leader, Ntirampeba, ne cachait pas son désaccord dans des réunions face à des stratégies ou des programmes adoptés par les autorités tanzaniennes pour contraindre les réfugiés au retour dit volontaire que les concernés qualifient comme « rapatriement forcé ».
C’est là où des Burundais trouvent la source de mésentente entre Elihudi Ntirampeba et l’administration du camp de Nyarugusu.
Des réfugiés burundais qui se sont confiés à SOS Médias Burundi louent « un leader charismatique, un défenseur qui ne cache pas son point de vue, un sage, un médiateur qui écoute les gens ». Ils parlent d’un limogeage qui en dit long sur les souffrances qu’endurent les réfugiés burundais.
« Nous venons de perdre un conseiller, un porte-parole ».
Ils qualifient les accusations portées contre leur leader préféré d’infondées et s’inquiètent pour sa sécurité.
Celui qui avait fui son pays en 2015 a été vite remplacé par son adjoint, un réfugié congolais.
Des Burundais demandent que leur zone habitée par des ressortissants burundais soit dirigée par un pair qui comprend leurs problèmes et parle leur langue.
Nyarugusu abrite plus de 110.000 réfugiés dont plus de 50 mille Burundais, le reste étant d’origine congolaise.
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Photo : Elihudi Ntirampeba, le chef de zone qui a été limogé par l’administration du camp de Nyarugusu en Tanzanie
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