Burundi : départs inquiétants chez les enseignants dans les écoles des camps de réfugiés

Burundi : départs inquiétants chez les enseignants dans les écoles des camps de réfugiés

Au Burundi, la situation des enseignants dans les écoles des camps de réfugiés est devenue de plus en plus difficile. Ces derniers temps, un nombre croissant d’enseignants décident d’abandonner leur poste. Confrontés à un salaire insuffisant et à des difficultés relationnelles avec les élèves, ces éducateurs optent pour quitter leur profession, laissant derrière eux des élèves en quête du savoir. (SOS Médias Burundi)

Chaque enseignant dans les camps de réfugiés congolais au Burundi reçoit un salaire mensuel d’environ 100 mille francs burundais , une rétribution jugée dérisoire par de nombreux éducateurs, surtout dans un contexte où les prix des produits de première nécessité ne cessent d’augmenter sur le marché local.

Un autre aspect préoccupant est le comportement des élèves. De nombreux enseignants témoignent que certains élèves se montrent impolis et indisciplinés, en grande partiels parce qu’ils se sentent protégés par certaines organisations humanitaires œuvrant dans les camps. Ces dernières interviennent souvent en faveur des élèves lorsque des sanctions sont envisagées pour leur comportement inacceptable. Cela crée une dynamique où les enseignants se sentent dévalorisés et incapables d’exercer leur autorité.

Bonfils a récemment abandonné son poste. Il
témoigne : « avec ce salaire, je ne peux même pas subvenir aux besoins de ma famille. Les prix des denrées alimentaires ont triplé sur le marché, et avec la réduction des rations alimentaires fournies par le Programme alimentaire mondial (PAM), mon salaire ne suffit plus. Je ne peux plus nourrir ma famille ».

Des élèves dans une cour d’une école au camp de réfugiés congolais de Kavumu dans l’est du Burundi © SOS Médias Burundi)

Ce sentiment est partagé par de nombreux autres enseignants qui constatent que leur salaire ne couvre même pas les besoins fondamentaux.
À cela s’ajoute le comportement des enfants réfugiés, jugé inacceptable par des enseignants qui se sentent « impuissants » devant cette situation.

« Les élèves savent qu’ils peuvent agir sans crainte de sanctions. Cela rend notre travail encore plus difficile et frustrant », déplore Ahishakiye.

Ce climat d’impolitesse et d’irrespect nuit non seulement aux relations entre enseignants et élèves, mais aussi à l’environnement scolaire en général.

Ahishakiye témoigne qu’il a décidé de quitter le secteur de l’enseignement pour devenir agent de transfert d’argent par téléphone. « Je peux enfin subvenir aux besoins de ma famille sans ce stress constant que je ressentais en tant qu’enseignant ».

Les parents sont également inquiets face à cette situation. Une mère du camp de Kinama dans le nord-est du Burundi exprime son désespoir : « l’absence d’enseignants compromet non seulement l’éducation de nos enfants mais aussi leur avenir. Nous avons besoin d’une éducation stable pour qu’ils puissent avoir une chance dans la vie ».

D’autres parents partagent ce sentiment, soulignant que chaque départ d’un enseignant laisse un vide difficile à combler.

Les établissements des camps de réfugiés congolais au Burundi comptent au moins 316 enseignants réfugiés et vacataires burundais, selon un récent rapport du HCR. Ils sont pris en charge par cette agence onusienne en charge des réfugiés.

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Photo : un enseignant dans une classe au camp de Musasa dans le nord du Burundi © SOS Médias Burundi

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