Minembwe : plusieurs milliers de résidents fêtent le nouvel an loin de leurs villages, dans des conditions désolantes
Plusieurs milliers de résidents composés des membres de la communauté Banyamulenge ayant fui les hostilités entre les FARDC, l’armée congolaise et le groupe armé Twirwaneho vivent dans des conditions déplorables depuis le 25 décembre dernier.Certains ont été acceullis dans les écoles, d’autres dans les églises et vivent sans aucune assistance. Et plusieurs familles ont trouvé refuge dans des forêts où elles dorment à la belle étoile pendant cette saison des pluies.Plusieurs enfants ont été séparés de leurs parents lorsque les combats ont éclaté alors que la majorité de chrétiens étaient à l’église le jour de Noël. (SOS Médias Burundi)
Selon des sources locales, plusieurs résidents ont été blessés au moment de leur fuite et plusieurs vaches ont été pillées par les militaires de l’armée congolaise et des miliciens Maï-Maï postés dans la région. Un nombre important d’enfants ont aussi été séparés de leurs parents.
Des familles entières ont été acceullies dans les écoles, les églises, d’autres encore se sont dirigées vers les forêts des villages jugés plus sécurisés ou reçues dans les ménages.
« Ces personnes n’ont reçu aucune assistance ni de la part du gouvernement congolais ni de la part des ONG humanitaires », regrette un activiste local.
Les personnes déplacées proviennent pour la plupart des villages de Runundu, Mutanoga, Ilundu, Kiziba, Madegu. Elles ont trouvé refuge dans les villages de Kisoke, Kakenge, Mishashu, Kitavi, Kishigo, Bidegu et Muliza.
Jean. M est un père de famille originaire de Runundu. Il a fui vers Muliza depuis le 25 décembre dernier.
« Nous sommes cinq familles à avoir été reçues par un seul ménage là nous vivons actuellement. La vie est très compliquée car ici il n’y a ni marché ni boutique. À Madegu où l’on peut aller faire nos courses, les FARDC peuvent nous tuer ou violer nos filles et femmes », déplore-t-il.
Marie est aussi une habitante de Runundu. Elle est installée à Kisoke aujourd’hui.
« Nous nous contentons de pommes de terre que les familles d’accueil nous donnent. Les gens sont très nombreux, ce qui rend les quantités disponibles insignifiantes », se plaint-elle.
Les déplacés disent qu’ils sont exposés aux maladies car ils n’ont ni couvertures ni savons.
Justification des attaques
Le 27 décembre dernier, l’armée congolaise a annoncé avoir repoussé les attaques de Twirwaneho qui voulait récupérer l’aérodrome de Minembwe pour relier cette partie au Rwanda.
Un porte-parole des FARDC a dit que les rebelles burundais de Red-Tabara et les combattants de Twirwaneho avaient l’objectif de « prendre possession et contrôle de l’aérodrome de Kiziba à Minembwe », afin de « relier cette partie de la RDC au Rwanda pour faciliter le ravitaillement en armements, munitions et le déplacement de combattants ». Les autorités congolaises affirment que l’objectif principal est de « mieux ouvrir un front AFC-M23 dans le Sud-Kivu ».
L’Alliance Fleuve Congo (AFC) est une alliance politico-militaire à laquelle est affilié le M23, un groupe rebelle qui contrôle une grande partie de la province voisine du Nord-Kivu, dont la cité de Bunagana, frontalière avec l’Ouganda.
Des organisations locales disent que les attaques ont eu lieu à 25 kilomètres de cet aérodrome. « Il n’y a jamais eu d’affrontements autour de l’aérodrome de Minembwe ».
D’après Dr Delphin Ntanyoma, chercheur sur les conflits dans la région des Grands-Lacs, ce prétexte vise à « conquérir le cœur des Congolais et empêcher la communauté internationale qui veut plaider pour la communauté Banyamulenge de Minembwe ».
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Même s’il s’observe une petite accalmie ,des témoins parlent de nouveaux rassemblements de militaires congolais et miliciens Maï-Maï avec l’intention d’attaquer Minembwe et Rurambo.
Depuis 2017, les Banyamulenge de Minembwe vivent dans l’insécurité causée par les FARDC, les milices locales entretenues par les autorités congolaises et les groupes armés étrangers.
Selon Maître Bernard Maingain, membre du collectif d’avocats en charge de la défense des parties civiles appartenant aux communautés Banyamulenge, Tutsi congolais et Hema, « il y a une situation atroce qui prend les allures d’épuration ethnique, voire de génocide ».
« Dans quelques dizaines d’années, si l’on continue comme ça, on va créer comme du temps de l’Amérique du Nord avec les Indiens, on finira par créer des réserves de Tutsi à l’est du Congo », s’inquiète Maître Maingain.
Plus de 1500 membres de la communauté Banyamulenge ont été tués depuis 2017, d’après un décompte des activistes militant pour la cause de cette tribu principalement constituée de pasteurs.
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Photo : des femmes et enfants de la communauté Banyamulenge en train de fuir ,décembre 2024 © SOS Médias Burundi
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