Bujumbura : les pertes militaires burundaises au Congo, un secret difficile à bien garder
Ce jeudi 23 janvier 2025, l’hôpital militaire de Kamenge dans le nord de la ville commerciale Bujumbura comptait 81 militaires burundais qui ont été blessés au cours des combats avec le M23 sur le territoire congolais et 19 morts. Une situation qui évolue chaque jour, selon nos sources. (SOS Médias Burundi)
Ce jeudi, l’armée burundaise a enterré le lieutenant Patience Gapara, qui a été tué dans les combats avec le M23 dans la province du Nord-Kivu à l’est du Congo récemment. Son corps reposait à l’hôpital militaire de Kamenge. Les renseignements militaires y avaient déployé plusieurs hommes pour « scruter tout mouvement » et « éviter que la presse locale ne vienne prendre des photos ». Ces agents étaient visibles durant toutes les cérémonies d’adieu de ce jeune officier qui était plein d’avenir. C’est-à-dire durant son enterrement qui s’est déroulé au cimetière de Mpanda en province de Bubanza à quelques kilomètres de la capitale économique Bujumbura et la levée de deuil partielle qui s’en est suivie au mess des officiers, garnison Bujumbura.
Chiffres
Selon des sources médicales à l’hôpital militaire de Kamenge, cet établissement sanitaire comptait jusqu’à ce jeudi, 81 militaires burundais qui ont été blessés au cours des récents combats avec le M23 et 19 morts.
« Les 19 cadavres sont en attente d’être enterrés », a dit à SOS Médias Burundi une source médicale qui a témoigné sous couvert d’anonymat par crainte de représailles. Ce sont des corps de militaires qui ont été rapatriés dans un état très critique ou encore de ceux qui sont décédés sur le champ de bataille.
Enterrement dans la clandestinité
Selon nos sources, plusieurs militaires sont enterrés dans la discrétion totale sans que leurs familles ne soient informées.

« Une seule société de pompes funèbres a été choisie pour l’organisation des obsèques des militaires burundais qui meurent au Congo. Il y a beaucoup de cadavres qui sont inhumés très tôt le matin, pas après 6h, sans que les familles des disparus ne soient informées », affirme une source proche du dossier.
Deuil des familles
Plusieurs familles de militaires ont confié à SOS Médias Burundi que « nous apprenons la mauvaise nouvelle par le biais des autres militaires dans la majorité des cas ».
« Comme nous avons confiance en eux, nous décidons de faire le deuil car nous ne pouvons pas affronter le gouvernement et lui demander de nous montrer les cadavres des nôtres », se désole un parent de Cibitoke dans le nord-ouest du Burundi. Il a perdu un fils au Congo au cours des dernières semaines. Il affirme connaître au moins cinq autres familles qui ont perdu des enfants dans les combats avec le M23.
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Version officielle
Le 16 janvier dernier, le général de brigade Gaspard Baratuza, porte-parole de l’armée burundaise a convoqué une conférence de presse pour « démentir les informations visant à décourager les militaires burundais déployés à l’est du Congo ».
Le général Baratuza s’est réfugié derrière le secret défense pour ne pas communiquer le nombre exact des pertes enregistrées par le Burundi sur le champ de bataille en RDC.
C’est au moment où des activistes dont le célèbre activiste burundais en exil, Pacifique Nininahazwe parlent de centaines de soldats burundais tombés dans les combats avec le M23.

À plusieurs reprises, le président burundais Évariste Ndayishimiye qui a signé un deal avec son homogogue congolais Félix Tshisekedi, a signifié que c’est normal que les militaires burundais meurent au Congo.
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« S’il advient qu’il y ait des morts sur le champ de bataille, leurs familles sont informées afin qu’elles puissent enterrer les leurs dans la dignité », a déclaré le porte-parole de la FDNB (Force de défense nationale du Burundi) dans sa conférence du 16 janvier dernier.
« Le respect des morts rentre dans le droit international humanitaire », a-t-il insisté. Selon nos estimations, la petite nation de l’Afrique de l’est compte entre 7500 et 9000 militaires sur le sol congolais. Ils combattent aux côtés des FARDC (Forces Armées de la République démocratique du Congo) et ses milices alliées contre le M23 et les rebelles burundais basés dans le Sud-Kivu.
Cette semaine, les rebelles du M23 ont étendu leur zone de contrôle sur la province du Sud-Kivu après de rudes combats à sa frontière avec celle du Nord-Kivu, des hostilités durant lesquelles l’armée burundaise a essuyé plusieurs pertes.
Le M23 est une ancienne rébellion Tutsi qui a repris les armes fin 2021, reprochant aux autorités congolaises de n’avoir pas respecté leurs engagements sur la réinsertion de ses combattants. Les autorités congolaises restent persuadées qu’il bénéficie d’un soutien du Rwanda, ce que le gouvernement rwandais ne cesse de balayer d’un revers de la main.
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Photo : un char de combat de l’armée congolaise à proximité de Goma. L’armée congolaise et ses alliés ont mobilisé leur artillerie autour de Goma pour empêcher toute attaque du M23 contre la plus grande et stratégique ville de l’est du Congo, janvier 2025 © SOS Médias Burundi
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